Dès le départ, le prolifique duo avait décidé de faire une trilogie (à condition que le premier film marche). Lucas confie le scénario de «Indiana Jones and the temple of death» à ses amis Willard Huyck et Gloria Katz, qui avaient déjà écrit pour lui «American Graffiti» (1973) et participé aux dialogues de «Star Wars» (1977).
Après l’Afrique, Indiana Jones découvre l’Asie. Accompagné d’un jeune Chinois et d’une chanteuse de cabaret, il recherche les pierres magiques d’un village indien et trouve sur son chemin des adorateurs de la déesse Kâli, pratiquant l’esclavage et les sacrifices humains.
«George Lucas souhaitait que le film soit aussi «sombre» que «L’Empire contre-attaque» l’était par rapport à la «Guerre des étoiles», explique Spielberg. Donc, «Le Temple maudit» fut en quelque sorte une aventure au pays de la magie noire, et parfois, le tournage était éprouvant en raison du sujet, inquiétant et maléfique. Des enfants transformés en esclaves et des hommes en zombies, c’était à la fois sinistre et effrayant. Le décor même du Temple nous donnait des frissons dans le dos, aux techniciens et à moi-même ! C’était un peu comme «L’Exorciste» rencontre «Les Aventuriers de l’Arche perdue» ! »
A tel point qu’aux Etats-Unis, «Indiana Jones and the temple of doom» (le titre ayant changé pour ne pas trop effrayer les gens !) est classé «P.G.» (Parental Guidance), interdisant l’accès aux enfants non accompagnés. Il est vrai que certaines séquences comme celle du coeur arraché à mains nues ont de quoi choquer. Cette déviation du film est d’autant plus surprenante pour le public que la scène d’ouverture est très distrayante. Dans un night-club de Shanghaï, Indiana Jones provoque une bagarre pour récupérer un diamant et un antidote. De nombreuses références cinématographiques (aux comédies musicales, à «Goldfinger», à «La Guerre des étoiles»...) émaillent ce morceau d’anthologie haut en couleurs.
Cinq ans plus tard, Spielberg semble regretter d’avoir réalisé le film. «Sur «Le Temple maudit», je n’étais vraiment qu’un réalisateur dont on avait loué les services. Je n’aimais pas l’histoire mais je ne me suis pas battu avec George alors que j’aurais dû. Je n’aimais pas le scénario mais je l’ai accepté sans discuter. J’ai fait mon travail de metteur en scène. Pas plus».
Le film, tourné au Sri Lanka et à Macao, a quand même d’énormes qualités. Les séquences d’action, notamment, sont extrêmement spectaculaires. Le pont suspendu, la poursuite en wagonnets (tournée avec des miniatures) et l’inondation de la mine sont autant de morceaux de bravoure, désormais devenus des classiques.
«Nous avons essayé de maintenir d’un bout à l’autre du film une impression de danger, sans craindre même l’exagération», explique Dennis Muren, le responsable des effets spéciaux. «Par exemple, avant la rupture du pont, on a l’impression que les personnages se trouvent à une soixantaine de mètres au-dessus de l’eau. Après la rupture du pont, lorsqu’Indiana Jones est suspendu contre la falaise, on a l’impression qu’il est à plus de cent cinquante mètres au-dessus de l’eau. (...) Cette menace toujours accrue du danger est l’une des choses que nous avons tenté de ne jamais oublier dans notre travail. Je ne crois pas que le principe avait été suivi aussi consciemment pour le premier film».
Plusieurs films inspirent directement Spielberg et les scénaristes. On retiendra «Gunga Din» de George Stevens (1939) pour la scène de cérémonie dans le temple Thug. Et «Hong Kong» de Lewis R. Foster (1951), où Ronald Reagan (Stetson et blouson de cuir) tente de s’approprier un trésor en compagnie d’une femme et d’un enfant chinois.
Kate Capshaw, qui allait devenir plus tard Madame Spielberg, joue le rôle de Willie Scott, insupportable «artiste» de cabaret vénale et prétentieuse ; Ke Huy Quan est «Demi-Lune» («Short-Round» dans la version originale), un Chinois orphelin recueilli par Indiana Jones. Remarquons aussi l’apparition surprise de Dan Ackroyd («The Blues Brothers», «S.O.S. Fantômes»...) au début du film, à l’aéroport de Shanghaï.
«Indiana Jones et le Temple maudit» est un gigantesque succès, provoquant de multiples sous-produits («Allan Quatermain et les mines du roi Salomon», «Les Aventuriers du Cobra d’or»...). Spielberg et Lucas semblent avoir réinventé le film d’action et d’aventures. Ne lit-on pas sur l’affiche française, «Depuis «Les Aventuriers de l’Arche perdue», l’Aventure a un nom : Indiana Jones» ?
[Texte écrit en 1997 pour un livre consacré à la série des "Aventres du jeune Indiana Jones", prévu pour être publié par les éditions DLM mais jamais édité.]
[Sources : «Première» n°54 et n°114, «Starfix» n°19, «Studio» n°31, «Lucasfilm Fan Club» n°7 et 8, «Lucasfilm Magazine» n°6, «George Lucas, l’homme qui a fait «La guerre des étoiles»» de Dale Pollock (Hachette, 1983)]
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