Si cette version est une véritable curiosité, c'est plus par la manière dont elle a été conçue que par le résultat, navrant au plus haut point. Au départ, il y a Laurent Touil-Tartour, jeune assistant-réalisateur qui convainc Dard de le laisser transposer au cinéma les aventures de son célèbre commissaire. Claude Berri produit, Antoine De Caunes doit jouer San-A et Jean-Pierre Castaldi son acolyte Bérurier.
La production poussera De Caunes hors du champ pour y installer Gérard Depardieu. A trois semaines du tournage, Gégé préfère - et ça paraît plus logique- jouer béru. Exit Castaldi. Un autre Gérard, Lanvin récupère le holster et donc le slip garni de San Antonio.
Tout irait bien si Touil Tartour ne quittait pas lui aussi le projet, lourdé par la prod' à la vision des premiers rushes. Pierre William Glenn, grand chef-opérateur -mais piètre réalisateur, ceux qui ont vu Les enragés et surtout Terminus ont encore la mâchoire qui pend de sidération ou de rire- prend le relais. Pour être lui aussi viré une semaine plus tard. S'en suivent des départs, eux volontaires, d'acteurs - de Marianne James à Jean Yanne- fatigués par la tournure que prend le film. Ils seront remplacés, à l'arrache tandis qu'un nouveau réalisateur, Frederic Auburtin, yes man de Depardieu (ils ont co-réalisé ensemble Un pont entre deux rives) est chargé de reprendre le film qu'il réécrit, en ajoutant notamment un épilogue permettant à une partie de l'équipe d'aller passer quelques jours au Brésil.
Dans ces conditions, difficile d'accoucher d'un film qui se tienne. San Antonio est effectivement une grosse cata. D'où curieusement il surnage néanmoins quelques seconds rôles savoureux (notamment Luis Rego et Jean-Roger Milo) et les engueulades entre Béru-Depardieu et sa Michèle Bernier d'épouse. Le reste est à effacer de l'histoire du cinéma, sauf peut-être pour ses coulisses édifiantes au vu du pognon jeté en l'air - on parle d'un budget initial de 23 M€- qu'on aurait adoré voir racontées dans un making-of...
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