"le cinéaste fait un état des lieux pertinent du septième art en France et à l'étranger. Un regard ni acide, ni amer. Le Transporteur 3 est le troisième long-métrage du réalisateur, (après Exit en 1998 et La sirène rouge en 2002). Très discret dans les médias, Olivier Mégaton s'est fait tout seul et n'est pas en quête de reconnaissance "
"Je ne suis pas présent dans des émissions. J'essaye simplement d'aider les gens à communiquer, c'est tout. J'ai toujours eu un rapport assez lointain avec la presse, ce n'est pas mon métier. Celui d'un journaliste, c'est de se substituer à ce que les gens vont pouvoir penser ou aimer. Chacun a ses problématiques. Mon regard n'est ni acide ni amer. 500 journalistes étaient inscrits pour la projection de presse du Transporteur 3. Quatre jours avant, tout a été annulé. Pourtant, toute l'équipe d'Europa était fière du film. Cela n'aurait pas occasionné plus ou moins d'entrées. Lorsque tu es fier d'un film et que des centaines de personnes ont travaillé dessus, c'est le minimum de reconnaissance".
La Terre entière dit que le troisième épisode est meilleur que les deux autres. On a voulu simplement que Le Transporteur 3 ne ressemble pas au troisième opus d'autres licences. On ne fait pas des monuments. Mais les chiffres sont là pour prouver que nous avons fait un sacré boulot. Le film a fait plus de 110 millions de dollars dans le monde et on fait 20 millions de dollars de chiffre d'affaires sur les ventes DVD aux États-Unis. On ne s'est pas trompé".
C'est une réalité qu'il est important de comprendre pour la presse car les journalistes n'ont pas suffisamment de recul sur ces détails qui font une grosse différence".Franck Martin, Jason Bourne et John McClaneOn a retrouvé dans la presse cinéma plusieurs extraits d'interviews où le réalisateur du Transporteur 3 parlait de deux licences mythiques et de deux personnages qui ont fait et continuent de faire le bonheur des fans de films d'action : Jason Bourne et John McClane. "Quand je parle de Bourne ou des Die Hard, ce sont des films que j'aimerais vraiment faire. Je viens du thriller, du film à suspens. Quand on est sur Le Transporteur, on est sur une franchise presque BD. Louis Leterrier est un fan de comics et nous n'avons pas la même culture. Moi, c'est plutôt Melville, Kitano. Quand Luc Besson me confie Le Transporteur 3, la structure du scénario n'a rien à voir avec celle des deux autres"."Il n'y a pas de jugement de valeur.
Luc Besson et Robert Mark Kamen sont partis sur une logique dramatique à la Die Hard. Ces films et le nôtre restent incomparables. Il y a une exigence du film d'action qui a changé. Quand on voit Transformers, la barre est très haute... Le temps a passé et les scénaristes voulaient changer fondamentalement l'angle de la licence. On a d'ailleurs dû convaincre Jason Statham qui trouvait le scénario trop noir et qui avait le tournage de Hyper tension juste après. Il s'est passé dix ans et Franck Martin a vieilli. Il y a des choses qu'il ne fait plus et d'autres qu'il fait autrement. On a essayé de le rendre plus attachant".
Corey Yuen, chorégraphie du passéSi Olivier Mégaton a pris énormément de plaisir sur les scènes de poursuite en voiture et les explosions qu'il juge innovantes avec des systèmes de tournage qui n'existaient pas en France, c'est avec une certaine amertume qu'il décrit le travail effectué sur les chorégraphies : "Engager Corey Yuen que Jason Statham nous a imposé, c'est limite has been. Au début, on avait Alain Figlarz (chorégraphe sur Chrysalis et Babylon A.D.) avec lequel on avait travaillé pendant un mois. Il nous donnait ce qu'il n'avait pas pu faire sur La mémoire dans la peau. J'ai fait 15 ans de boxe thaïlandaise et lorsque je vois certains mecs parler de combats, je me marre. Même si c'est inspiré des chorégraphies d'Alain, nous n'avons pas pu agir sur les trois scènes de combat. Quand tu engages Jason Statham, tu es obligé de travailler avec Corey Yuen. Ils ont le même agent et sont liés contractuellement".
Dans Le Transporteur 3, on a tourné avec beaucoup de master shots. Cela embêtait Corey Yuen qui devait travailler ses combats dans l'intégralité. On arrive donc à se situer dans l'espace et rendre cela lisible. Après, ce sont des chorégraphies jouissives inspirées de l'école chinoise mais c'est loin de la modernité de Jason Bourne".
Le film d'action, je le subis et j'espère bien à un moment faire un vrai bon thriller. Ça ne m'empêchera pas d'enchaîner avec un très gros film d'action. Fondamentalement, ce n'est pas toi qui décide de l'issue de ta carrière".
"J'ai des projets en France. Maintenant, je fais partie d'une courte liste de réalisateurs français qui sont appelés tous les mois par les plus grands studios américains. J'ai reçu 80 scripts entre février et juin. Ce sont des thrillers, des adaptations de DC Comics, de Marvel, du film d'horreur... Tu passes en division supérieure sauf que tu restes un pygmée parce que tu es français. En France, il y a quatre producteurs qui sont capables de faire des films dans lesquels je peux m'exprimer. Il y a énormément de cinéastes par projets et peu d'argent pour les faire. Comme je n'ai aucune raison de faire perdre de l'argent à UGC, Gaumont ou autre, je préfère m'abstenir. Du coup, il y a des opportunités aux Etats-Unis où les budgets ne sont pas les mêmes. J'ai envie de les saisir. J'ai également un projet au Japon...".
Avec du recul et un grand sens des réalités, Olivier Mégaton termine cette entrevue avec une franchise rafraichissante, bien loin des interventions balisées sur le cinéma français. Sans détours, le cinéaste ose dire ce que beaucoup de professionnels pensent : "En France, les films sont faits par des scénaristes, des gens qui ont des idées, mais pas par des réalisateurs.
Même si je joue en première division, je suis en bas de tableau. Le Transporteur est très éloigné de mon univers mais je prends énormément de plaisir à le faire. Je serai incapable, par exemple, de faire une comédie. C'est très abstrait pour moi".
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