Voilà déjà deux saisons que l’on a appris à connaître ce médecin légiste trentenaire, assigné à la police criminelle en tant qu’expert en taches de sang. Voilà deux saisons que l’on s’est habitué à son comportement pour le moins polémique : avide d’assouvir sa pulsion inexpugnable, celle de tuer pour se sentir « vivant », Dexter découpe les tueurs récidivistes, ceux qui parviennent à échapper au système judiciaire, et y prend un plaisir infini. Tout au long de la saison 2, Dexter rencontrait une situation, et surtout un personnage le mettant en porte à faux de son métier, de sa famille, de sa petite amie, et de son statut d’intouchable. Au terme de cette saison, Dexter revenait d’une certaine manière à la case départ, celle du solitaire enfermé avec soulagement dans son secret. Nous voilà plongés dans une nouvelle saison, qui apporte également au tueur un nouveau statut personnel, un nouvel environnement, tout en mettant en péril certains acquis des premières aventures.
Pour nous remettre dans le contexte : lors d’une de ses traques nocturnes de routine, Dexter tue accidentellement un homme innocent, qui s’avère être de surcroît le frère d’un homme de pouvoir, le procureur Miguel Prado (Jimmy Smits, déjà aperçu dans la récente trilogie de Star Wars). Amené par un concours de circonstances à découvrir l’impressionnant secret de Dexter, mais ignorant qu’il est à l’origine de son deuil, Miguel semble entrevoir notre protagoniste comme un sauveur de l’humanité. De fil en épisode, Dexter tisse un lien d’amitié à la fois nouveau pour lui, et apparemment fort avec Miguel.
Malgré l’intrigue transversale fondée sur le mystère Freebo et l’enquête sur le dépeceur (nouveau psychopathe en lice pour rivaliser avec Dexter), ne nous cachons rien, toute la trame de cette saison repose sur cette étrange relation, faite de contradictions, d’intérêts personnels, de recherche de salut et de normalité à la fois pour notre amateur d’hémoglobine et pour ce procureur pas tout à fait irréprochable. A cela s’ajoute deux nouveaux changements déterminants dans l’existence de Dexter, qui bouleversent à nouveau le difficile rapport qu’il entretient avec la Vie et la Mort, et qui remettront en question son organisation et son emploi du temps si particuliers. Le personnage de Miguel, incarné avec nuance et conviction par Jimmy Smits, est d’ailleurs constamment sur le fil, offrant des atours complexes, et un visage tour à tour avenant et antipathique. De par sa fonction très politique, il entre lui aussi parfaitement dans le moule qui caractérise l’esprit de la série : le jeu de l’apparence, du masque.
Et la principale question que se pose Dexter, et nous à travers lui, c’est : « jusqu’où peut-on faire confiance à Miguel ? » La saison entière dépeint le portrait d’un Dexter qui évolue au côté de (ou à travers) son nouveau compagnon de route dans son oeuvre funeste. Le fantôme de Harry, le père (et la conscience) de Dexter, garde sa place de choix lui aussi, et lui remet en mémoire les dangers qu’il encourt à vouloir ainsi partager son secret, voire plus si affinité.
Le seul bémol que l’on peut émettre sur la composition actuelle de l’univers de Dexter, c’est que le reste du casting fait parfois office de figuration. Ce qui avait rendu assez extraordinaires les deux premières saisons, à savoir ses personnages vraiment imprévisibles, ses twists improbables, un Dexter avec deux comportements bien distincts dans chacune des intrigues, n’a plus vraiment court dans cette saison 3.
Pour résumer, le déroulement des douze épisodes est bien rythmé, et ressemble à un (pas forcément long) fleuve tranquille, qui s'accélère légèrement dans les quatre derniers épisodes. Tout est bien bouclé comme précédemment, sans déception mais sans grande surprise non plus.
En revanche, le point qui reste inchangé et toujours aussi savoureux tout au long de la saison, c’est le jeu de Michael C. Hall, il parvient toujours aussi efficacement à rendre sympathique ce tueur méthodique, et continue à nous faire éprouver de l’empathie pour lui. Rien que pour cet acteur exceptionnel, et pour ce personnage atypique, Dexter est la série qu'il faut voir, même si cette 3ème saison est un peu (trop) prévisible.
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