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lundi 10 août 2009

YVAN ATTAL


Yvan Attal a une filmographie marquée par sa sensibilité et sa personnalité, d'abord en tant qu'acteur, plus encore comme réalisateur. Ses choix sont souvent exigeants, ses rôles intenses (notamment auprès de Eric Rochant qui l'a révélé). Il est également à l'affiche de comédies assez réussies (par exemple Love etc). Pourtant sa sensibilité va surtout s'affirmer dans ses mises en scène, aux dialogues ciselés et aux situations mordantes, pleines d'ironie (dans Ma femme est une actrice sur la jalousie, dans Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants sur l'insatisfaction chronique des couples). L'acteur a atteint une envergure internationale grâce à Munich de Spielberg. Il ne dédaigne pas les divertissements plus grand public (de Anthony Zimmer à Rush Hour 3).

Né en Janvier 1965 à Tel-Aviv en Israël, arrivé en France deux ans plus tard, le jeune Yvan grandit en banlieue parisienne, à Créteil. Il éprouve un choc devant le Parrain. Les acteurs qu'il admire sont ceux qui ont incarné des rôles aussi légendaires. Il s'inscrit au prestigieux Cours Florent, se fait remarquer au théâtre au milieu des années 80 dans la pièce « Biloxi Blues » de Neil Simon. Il commence par tourner dans un téléfilm de Elie Chouraqui en 1988. Sa rencontre avec le cinéaste Eric Rochant alors qu'il est encore au cours Florent marque véritablement le début de sa carrière cinématographique. Il lui offre un rôle dans Un Monde sans pitié en 1989. Dès cette première apparition, l'acteur se voit honoré du César du meilleur espoir masculin. Suivront Aux yeux du monde (où il rencontre Charlotte Gainsbourg) et l'ambitieux Les Patriotes en 1994 (où l'acteur aborde une première fois les services secrets israéliens). Il retrouve sa compagne dans Amoureuse de Jacques Doillon ainsi que dans Love etc...


Comme beaucoup de comédiens de sa génération, ses références s'appellent Pacino et De Niro et son inspiration est en partie anglo-saxonne. Il veut imposer un univers plus personnel, comme en témoigne son court-métrage I got a woman qu'il a mis en scène lui-même, ébauche de son futur Ma Femme est une actrice.


Dès 2001, avec ce film, la carrière de Yvan Attal prend un tour nouveau. L'acteur s'avère un très bon metteur en scène. Il offre à Charlotte Gainsbourg une merveilleuse déclaration d'amour. Ma Femme est une actrice évoque les tourments du pauvre compagnon journaliste sportif d'une célèbre comédienne. Il se laisse peu à peu gagner par la jalousie de la voir embrasser d'autres hommes à l'écran. Attal s'amuse des clichés liés au cinéma, et se compose un personnage anxieux et touchant, un double attachant qui fait partager les doutes qu'il éprouve pour son couple. Il évoque de manière originale et drôle l'étrange « secte » du septième art, où l'on peut tomber sur une équipe de tournage complètement nue pour satisfaire la demande d'une actrice.


De nouveau, les problèmes de couples constitueront le coeur de son second film, Ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants en 2004. Le monde est peuplé de gens misérables et menteurs : il y a ceux qui sont mariés et se déchirent (Alain Chabat et Emmanuelle Seigner, merveilleuse dans son contre-emploi de harpie), les couples qui ont l'apparence du bonheur mais qui sont minés par l'infidélité (Yvan Attal et Charlotte Gainsbourg), et enfin le célibataire coureur et perpétuellement sans attaches (s'étourdissant de liaisons éphémères pour masquer sa solitude). Le ton est léger, mais le fond est grave.


On voit ces vies se décomposer peu à peu, Attal se plaisant à évoquer tous ces petits détails qui viennent gripper l'existence et entraîner les détresses ordinaires (de l'aigreur de Chabat à la dépression larvée de Charlotte Gainsbourg). Le regard est juste, presque désabusé. Mais il peut être poétique comme dans cette belle scène où Charlotte écoute le merveilleux Creep de Radiohead au casque dans un grand magasin, et que Johnny Depp est en face d'elle, partageant cette belle parenthèse. Le bonheur est fragile, on fera tout pour le saloper, mais il est là, quelque part, miraculeux et fugace. Ce film, même avec ses maladresses (quelques séquences qui s'étirent), est de nouveau une belle réussite.


L'acteur continue d'explorer des chemins variés. Rencontrant Sophie Marceau dans Anthony Zimmer, il est un homme ordinaire, piégé par une femme fatale, elle-même compagne d'un mystérieux bandit. Attal est entraîné dans une intrigue haletante. Bientôt, Attal va camper un second rôle dans L'Interprète de Sydney Pollack en 2005, avec Nicole Kidman. Spielberg le choisit pour se joindre à son ambitieux Munich, lui confiant un personnage assez mystérieux, un mercenaire vendant ses services au plus offrant, sans allégeance politique. A sa sortie et avec sa manière de ne pas être manichéen, de dénoncer les excès des deux camps, le film a fait grand bruit. Attal a confirmé quant à lui sa propension à aborder tous les univers. On sent dans sa carrière d'acteur une envie de s'essayer à tout, de l'action de Anthony Zimmer, au film politique de Niels Arestrup, Le Candidat (où il incarne un homme formé en urgence pour être le candidat d'une campagne présidentielle). De nouveau en 2007, il incarne un homme dont le destin bascule violemment après qu'il ait retrouvé un inquiétant camarade de classe (Clovis Cornillac) dans Le Serpent de Eric Barbier. C'est un trait commun à beaucoup des interprétations de Attal, il a cette faculté d'incarner un être pris dans son quotidien, pour le transcender, le transformer peu à peu, au gré de circonstances exceptionnelles, de le faire gagner en intensité quel que soit le contexte.


L'acteur provoque une identification immédiate, incarnant ses personnages avec générosité. Sa sensibilité juste, chaleureuse, parfois amère, fait également tout l'attrait de ses réalisations.


filmographie sélective :

aux yeux du monde

les patriotes

le serpent

Ma femme est une actrice

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