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mercredi 16 décembre 2009

BRUCE WILLIS 2/3


1994- Le salut viendra de Tarantino. C'est un soulagement de voir Bruce Willis se joindre à Pulp Fiction en 1994 et casser un peu l'image à laquelle on voulait le réduire. Il devient un boxeur en fin de carrière, manipulé par le grand caïd Marsellus Wallace pour se coucher lors d'un combat. Seulement, il est loin d'appliquer ce plan et double même son commanditaire. Il doit s'échapper de L.A avec son innocente fiancée (Maria de Medeiros) pour éviter une furieuse vengeance. Willis n'a pas son pareil pour incarner des personnages pris dans des situations absolument désespérées (et celui là connaît d'assez traumatisantes entraves). Il s'en sort de justesse (comme d'habitude serait-on tenté de dire). On le retrouve ici dans toute sa splendeur, à la fois fébrile et fort, volontiers ironique, diablement attachant. Puis, c'est encore une rupture de ton spectaculaire, comme Bruce en a l'habitude, jouant dans l'Irrésistible North de Rob Reiner en 1995, un conte plein de bons sentiments. Il y est l'ange gardien (déguisé en lapin rose... c'est inattendu) qui veille sur le jeune Elijah Wood en rupture avec sa famille.

A cette époque, Willis croise une légende, Paul Newman, dans un film simple et touchant, Un homme presque parfait de Robert Benton. Il referme cet intermède avec le retour explosif (au sens littéral) de John McClane passant Une journée en enfer sous l'oeil de John McTiernan. Toujours en aussi mauvaise posture, flanqué cette fois de Samuel L. Jackson (et d'une gueule de bois carabinée), il donne de nouveau de sa personne et vend chèrement sa peau, arpentant New York à un rythme effréné, pour échapper aux manipulations d'un terroriste assez espiègle (dans le genre sadique), Jeremy Irons.

L'acteur impressionne dans le récit oppressant et étrange de l'Armée des douze singes de Terry Gilliam, en homme du futur, renvoyé dans le présent. On le considère comme fou tandis qu'il veut empêcher une catastrophe imminente. Bruce Willis apparaît parano, faible, malmené comme jamais et condamné à se battre contre l'incrédulité avec comme seuls alliés une femme qui revient dans un rêve prémonitoire et obsédant (Madeleine Stowe) et un Brad Pitt dangereusement déjanté.


Après cet état de grâce, les turbulences reviennent et l'acteur, un moment intouchable, voit sa carrière de nouveau sur une voie incertaine. Il est à l'affiche de Dernier recours de Walter Hill en 1997, variation assez convaincante autour de Yojimbo de Kurosawa (après Pour une poignée de dollars de Sergio Leone), où il incarne un héros solitaire pris dans la bataille que se livrent deux familles dans une bourgade texane. Il s'amuse à camper un chauffeur de taxi grognon dans le Cinquième élément de Luc Besson, chargé de protéger la perfection personnifiée par Milla Jovovich de l'affreux Gary Oldman et de ses sbires. La fantaisie est débridée, l'histoire est légère et jubilatoire (avec un numéro hallucinant de Chris Rock) et riche de cette naïveté touchante propre au cinéaste. Mais Bruce Willis se prête bientôt à des films d'action sans imagination (Code Mercury, le Chacal), tirant parti de son indéniable savoir-faire en la matière. Il a pourtant prouvé qu'il est capable de bien davantage.


En 1998, Bruce Willis connaît donc une perte de vitesse, certains le disent fini. Son retour est spectaculaire, à l'affiche d'un blockbuster signé Michael Bay, Armageddon. Bruce Willis, foreur fort en gueule flanqué de sa bande d'improbables astronautes, va s'entraîner à la Nasa, faire exploser une station spatiale et s'en prendre à un météorite qui menace la Terre. Il incarne ce héros avec l'étoffe qui le caractérise, rappelant McClane, ce vernis de rébellion, d'insoumission et ce fond chevaleresque, altruiste, voire sacrificiel, oeuvrant pour le bien de tous mais en gardant ces mauvaises manières qui le rendent éminemment charismatique. Au delà des morceaux de bravoure et des effets spéciaux monumentaux, c'est encore la prestance de l'acteur qui porte le film.


Il continue dans cette période de grand succès avec Sixième sens de M. Night Shyamalan en 2000. Il y délivre une performance inattendue, à contre-emploi et tout en retenue. Cet homme tente de comprendre un enfant étrange. Willis fait preuve d'une grande densité dans la peau de ce psy, gardant son mystère jusqu'à la toute fin. Il adopte un jeu sobre qu'on lui connaissait assez peu. C'est un triomphe. Après une apparition savoureuse dans Friends, il retrouve le réalisateur pour Incassable, l'une des meilleures variations cinématographiques autour des super-héros. Il y est doté d'un pouvoir d'invulnérabilité et donne de nouveau la réplique à l'excellent Samuel L. Jackson, ici homme de verre collectionneur de BD et esthète singulier et mystérieux.

Willis explore alors des personnages plus inattendus, avec plus ou moins de succès. Il est à l'affiche du sympathique Bandits de Barry Levinson en 2002, se disputant les charmes de l'excentrique Cate Blanchett à Billy Bob Thornton. Il est le mari d'un couple en crise aux côtés de Michelle Pfeiffer dans Une vie à deux de Rob Reiner (le duo est touchant mais le mélo un peu trop appuyé). En 2002, il est un militaire controversé qui oppose son indifférence au jeune Colin Farrell, chargé de défendre un homme noir accusé de meurtre dans Mission Evasion.


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