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lundi 14 décembre 2009

KAAMELOTT


Tous ceux qui auraient une fâcheuse tendance à confondre Excalibur avec un couteau à beurre, et La Table Ronde avec la fête de l'artisanat, feraient bien de se plonger dare-dare dans KAAMELOTT

Avant tout chose, Kaamelott est une série drôle qui utilise de nombreux procédés comiques pour parvenir à faire rire. Faire rire par tous les moyens ? Non, Alexandre Astier est un enfant surdoué qui joue avec une facilité déconcertante sur le rythme, les allitérations, les jeux de mots et la musique pour créer une ambiance désormais culte, le style « kaamelott ».

Running gag

Le Running gag est un des procédés comiques les plus utilisés. Il est souvent dû à la stupidité des personnages qui demandent qu’on leur explique quinze fois les mêmes choses. Il est aussi illustré par des gags récurrents, comme l’amnésie sélective d’Arthur qui oublie à longueur de temps qu’Yvain est son beau frère. « J’ai pas de beau frère ! Ah si ! Merde ! J’arrive pas à l’intégrer celui-là ! ». Sympa pour le beau frère. Mais en tout cas, avec ces petits gags à répétition, Alexandre Astier est sûr de taper dans le mille. Dans le même style, il ne faut pas oublier les références de livre à livre. Par exemple dans La Rémanence du livre IV, les personnages reprennent des répliques exactes du livre I. (Et après on nous dit qu’il travaille ?)

Parler pour rire

Le comique de parole dans la série Kaamelott est sans doute le plus important. A cause du langage décalé, ordurier parfois et de l’utilisation de mots incorrects (spécialité de Perceval), les dialogues de la série relèvent souvent de la performance sportive tant les zygomatiques sont sollicités. A ce langage spécifique, il faut ajouter la musicalité des mots : rythme ternaire, binaire, allitération et assonance permettent de créer une ambiance spécifique, propre au rire. Car même si la réplique n’est pas drôle, sa musique rappelle toujours celle qui nous a fait rire juste avant. Comme on dit, Astier a trouvé le bon tuyau !

Surréalisme

On trouve également les discours surréalistes que ni les protagonistes (sauf un) ni les téléspectateurs ne comprennent. L’exemple le plus flagrant : Perceval tentant d’expliquer un jeu de dés gallois, la grelotine. Ni Karadoc, ni le tavernier ne parviennent « à saisir » le but du jeu et la partie s’en trouve fortement compromise. Au-délà de l’absurdité des 375 règles à intégrer pour jouer, c’est la capacité de Perceval à comprendre un jeu que même le plus grand joueur d’échec ne pourrait déchiffrer qui rend la scène irresistible. C’est illogique et surréaliste et c’est justement pour ça qu’Astier adore utiliser Perceval pour exprimer des vérités - que n’arrivent pas à admettre les autres personnages. Tout est dans le paradoxe.

Anachronismes et décalages

A la manière des Monty Python, Astier n’a pas peur d’utiliser l’anachronisme à travers des expressions langagières modernes par rapport au contexte historique. On passe de « j’en ai rien à carrer » ou « sortez vous les doigts du cul » à « preux chevaliers » ou « damoiselle » avec une facilité déconcertante. Mais seule la parole est touchée ; l’histoire, même si elle est revisitée, aurait pu arriver, comme le dit lui-même le créateur. Il s’agirait plutôt d’un décalage entre la légende et la réalité. D’un côté, le légendaire roi Arthur et ses chevaliers, et de l’autre, Arthur et les bras cassés. Il est clair que pour ceux qui connaissent un peu la légende arthurienne, ce décalage est certainement le procédé comique le plus efficace.

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