RETOUR A L'ACCUEIL

mardi 11 mai 2010

FREDDY



Aussi longtemps qu'un monstre pourra rapporter de l'argent, il y aura toujours quelqu'un pour vouloir le ramener sur les écrans. Comme nombre de ses confrères ces dernières années, le tueur de Elm Street fait donc peau neuve et s'offre un reboot avec Freddy - Les Griffes de la nuit, afin d'attirer à lui de toutes nouvelles jeunes victimes. Sans compter qu'au regard de son évolution au fil des ans, on se demande s'il aurait pu en être autrement pour que Fred Krueger revienne une nouvelle fois hanter nos rêves...


Quand il commet ses premiers meurtres en 1984 dans Les Griffes de la nuit, les spectateurs découvrent un Freddy Krueger tel que se l'imaginait son créateur Wes Craven . Tout était ainsi pensé pour accoucher du tueur le plus abominable et effrayant possible, une pure icône de l'horreur. La vision de Craven ne fut toutefois vraiment complète que lorsqu'il abandonna l'idée de prendre un cascadeur pour jouer Freddy et engagea à la place un Robert Englund inspiré par la gestuelle de Klaus Kinski dans Nosferatu, fantôme de la nuit

Le cauchemar était devenu une réalité, et le succès ne tarderait pas à rappliquer.

Les Griffes de la nuit ayant sauvé de la banqueroute la toute jeune société New Line Cinema, une suite fut rapidement mise en chantier malgré le désistement de Wes Craven, lequel désirait même clore le premier sur un happy-end pour éviter ce chapitre 2. Réalisateur auparavant pour New Line de Dément (Alone in the Dark en VO), c'est à Jack Sholder que le producteur Robert Shaye confie alors La Revanche de Freddy et, aidés par le scénariste débutant David Chaskin,
ils prolongent dès 1985 l'histoire originale tout en s'en éloignant drastiquemen
t.


À concepts différents, films radicalement divergents (d'ailleurs, il est le seul de la série à ne pas utiliser le thème musical créé par Charles Bernstein) et bien qu'il ait encore plus attiré les foules, La Revanche de Freddy n'enchante pas grand monde au final. Car ce que voulaient les gens, c'était Freddy. Et du Freddy, ils allaient donc en avoir !

A sa grande surprise, Wes Craven est ainsi recontacté par New Line après qu'un traitement de Robert Englund ait été rejeté. En duo avec le scénariste Bruce Wagner, le créateur de Freddy invente les Dream Warriors pour lui opposer des adversaires sérieux et explore un sujet délicat avec les suicides d'adolescents, qu'il imagine être l'oeuvre de Krueger. C'était sans compter sur des remaniements effectués peu avant le tournage et, sous l'influence de Chuck Russell (qui réalisera quelques années plus tard The Mask) couplée à celle du studio, le film adoucit son propos tout en donnant une plus grande importance au méchant de l'histoire.


Dorénavant, FREDDY jouera de l'humour noir et dégainera une punchline à chaque inventive mise à mort, comme le ferait un héros de film d'action. La formule peut sembler grossière mais les résultats au box office qu'obtient Les Griffes du cauchemar en 1987 paraissent lui donner raison, ce troisième volet étant un véritable carton. Et quand Renny Harlin (58 minutes pour vivre) la réutilise l'année suivante pour Le Cauchemar de Freddy, y ajoutant encore une sévère dose d'action, il signe alors le plus gros succès de la saga (si l'on excepte Freddy contre Jason). De monstre craint par chacun, voici Freddy Krueger devenu une idole adorée de tous.

Cette popularité, le tueur de Elm Street continuera de la cultiver avec la série Freddy - Le cauchemar de vos nuits où, sur le modèle des Contes de la crypte, il sert d'hôte à différentes histoires dans lesquelles il apparaît parfois.

Mais 1990 marquera l'année des premiers échecs pour Krueger et davantage que la déprogrammation de sa série au bout de deux saisons, c'est bien l'accueil mitigé réservé à son cinquième chapitre qui porte le plus préjudice au personnage. Script modifié jusqu'à la dernière minute, tournage commando, post-production réalisée dans l'urgence : L'Enfant du cauchemar est le résultat de nombreuses concessions et si Stephen Hopkins (Predator 2) rêvait d'un conte gothique et cruel, on lui réclame avant tout de servir la soupe à la star aux griffes d'acier. Expurgé de tous ses plans les plus gores pour éviter une classification trop pénalisante, le film reste cependant assez sombre et New Line associera cet état de fait à sa gamelle au box office. C'est pourquoi en 1991, pensant que la source s'est tarie, le studio décide d'en finir pour de bon avec FREDDY et pète littéralement les plombs.

Jusque-là à la production de chacun des opus de la saga, Rachel Talalay monte en grade lorsqu'elle propose de tuer une bonne fois pour toutes Freddy, non sans pousser avant cela à son maximum le concept qu'il est devenu.

le film fait perdre en crédibilité à sa star et trouve en plus le moyen de saboter ses adieux dans un climax en relief car, comme l'avoue la réalisatrice, elle était plus préoccupée de faire fonctionner la 3D que de bien en finir avec Krueger. Succès moyen en salles valant principalement pour ses révélations sur le passé du tueur, la sixième aventure du "monstre-qui-ne-fait-plus-peur" aurait ainsi dû le voir définitivement prendre sa retraite. Mais c'était sans compter sur l'ingéniosité des scénaristes, l'avidité des producteurs et, bien sûr, le fait que...

Les Griffes de la nuit étant sur le point de fêter ses dix ans, Robert Shaye et ses collègues de New Line décident de ressusciter une nouvelle fois le tueur de Elm Street. Mais comment faire quand on a tué -dans tous les sens du terme- la poule aux oeufs d'or ? La solution, ils la trouvent alors en allant frapper à la porte de Wes Craven, qui voit d'un très bon oeil cette opportunité de se réapproprier son bébé. Ne pouvant à l'évidence poursuivre la trame de la saga, il choisit d'utiliser une idée rejetée à l'époque des Griffes du cauchemar (et soi-disant inspirée d'un de ses rêves où Robert Englund, déguisé en Freddy, fait le mariole durant une fête de New Line tandis que se dessine dans son ombre une entité démoniaque) et réinvente presque complètement la mythologie du croquemitaine, devenu désormais une créature antédiluvienne bien réelle que les longs-métrages empêchaient de se matérialiser dans notre monde (c'est pourquoi, dans le générique de fin, Krueger est crédité comme étant interprété par "lui-même").

Métafilm annonçant d'une certaine façon la trilogie Scream, l'humour en moins, Freddy sort de la nuit permet à Craven de concrétiser les idées de maquillage qu'il avait eu à l'époque du premier volet et, celles-ci ajoutées à quelques autres modifications, de rendre au boogeyman toute sa dimension d'icône de l'horreur. Mais si ce retour aux sources du Mal est loin d'être inintéressant, il ne passionne pas pour autant les spectateurs qui boudent copieusement le film et font de lui le bide le plus cinglant de la série.


Probablement refroidis par cet accueil, les pontes de New Line laissent donc Freddy reposer pendant un long moment mais, évidemment, l'appât du gain et les réclamations des fans finissent par le tirer de sa retraite. À court toutefois d'arguments scénaristiques pour prolonger l'intrigue des précédents épisodes, ils optent à la place pour l'argument commercial -le crossover- et sortent des cartons le projet Freddy contre Jason, qu'ils cherchent à monter depuis 1987. Un cadeau pas désintéressé fait aux amoureux du grand brûlé et du hockeyeur amateur, ce qui explique (en plus du besoin de creuser le contraste entre eux) que les deux tueurs y apparaissent sous leur jour le plus populaire, le plus connu, devant la caméra de Ronny Yu. Peu familier des deux licences, le réalisateur hongkongais accepte le job car il peut décider de l'issue du duel entre les deux boogeymen mais aussi parce que le studio, voulant initier une nouvelle franchise, lui laisse carte blanche afin d'apporter un regard neuf sur eux. Comme il l'avait pratiqué avec La Fiancée de Chucky, Yu mêle alors l'horreur à une conséquente dose d'action et d'humour. Et Freddy de redevenir par le fait le plaisantin sadique de la fin des années 80, celui ayant toujours un bon mot pour accompagner chacune de ses exactions. Comme le confirme néanmoins le scénariste Mark Swift (le remake de Vendredi 13), Freddy était la vraie star du projet selon le producteur Robert Shaye et à force de vouloir le mettre en avant, ils ont fini par le rendre agaçant (beaucoup ne lui pardonnent pas la scène où il fait de Jason une boule de flipper). Ainsi, malgré son succès en salles, Freddy contre Jason n'aura pas droit à une suite


Étant l'un des croquemitaines de cinéma ayant connu le plus grand nombre d'évolutions au fil des années, Freddy Krueger est devenu l'exemple même des dérives que peut connaître une saga quand on essaye de l'étirer plus que de raison. Passé d'icône de l'horreur à clown de l'Amérique, on a essayé de s'en débarrasser avant de vouloir le faire revenir, encore une fois, quitte à user d'arguments un peu tirés par les cheveux et tendant à dé-réaliser sa nature première.


Plutôt alors que de continuer à creuser sa propre tombe, il ne restait plus à Krueger qu'une seule solution pour retourner dans les salles obscures : le reboot, tout reprendre à zéro. C'est ainsi que nous découvrirons le 12 mai, avec la sortie de Freddy - Les Griffes de la nuit, si le tueur de Elm Street -tel un phénix aux serres d'acier- peut effectivement renaître de ses cendres pour de bon. Et s'il peut toujours nous faire pousser des cris d'effroi dont l'écho se répercutera jusque dans nos rêves...

source : Excessif.com

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