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mercredi 18 mai 2011

THE ARTIST


• INTERVIEW - Pour la première fois, celui que l'on surnomme «le nouveau Jean-Paul Belmondo» est en compétition à Cannes pour son rôle de star déchue du cinéma muet dans The Artist de Michel Hazanavicius.



LE FIGARO. - À l'heure où la 3D triomphe sur les écrans, qu'est-ce qui vous a pris de tourner dans un film muet en noir et blanc ?

JEAN DUJARDIN. - Avec Avatar, James Cameron a placé la barre si haut que personne ne pourra rivaliser avec lui avant longtemps. Le moment était donc venu de revenir à la base du septième art : le muet. Je ne connaissais pas ce cinéma-là. Je craignais même de m'ennuyer en le regardant. En fait, j'ai découvert des films d'une modernité incroyable, comme L'Aurore , de Murnau. Le verbe ne pollue pas l'image. C'est léger, gracieux. Si on me proposait d'en tourner un autre, j'accepterais tout de suite.

Quelle a été votre réaction lorsque Michel Hazanavicius vous a proposé le rôle de George Valentin ?

Nous sortions du deuxième OSS 117. En me tendant le scénario de The Artist, il m'a dit : «Ne te moque pas de moi : ce n'est pas une comédie, mais une histoire d'amour.» Derrière son côté taiseux, Michel est un grand romantique.

Quelles ont été vos sources d'inspiration pour ce personnage ?

Nombreuses et éclectiques : Gene Kelly évidemment, mais aussi Belmondo pour le côté guignolo, le Pierre Fresnay de la trilogie de Pagnol et même Gabin avec son petit chien dans Le Quai des brumes . Sans oublier Tintin. Mais dès que je commence à tourner, j'oublie mes références.

Votre numéro de claquettes avec Bérénice Bejo fait évidemment penser à Chantons sous la pluie … Comment avez-vous abordé cette scène ?

Nous avons répété quatre à cinq mois à Los Angeles. Nous avons commencé notre apprentissage par le shuffle step. Le plus compliqué a été de maîtriser le transfert de notre poids du pied gauche au pied droit. Ensuite, cela devient tribal. Mais j'ai dit à Bérénice : «Nous ne serons jamais des génies des claquettes. Alors soyons généreux, jouons cette scène comme nous la sentons.»

C'est la première fois que vous tournez aux États-Unis. Comment avez-vous vécu cette expérience ?

J'ai fait le touriste en même temps que l'acteur. Je profitais des pauses pour visiter les mythiques studios Warner, où avait lieu le tournage. Je contemplais les vieilles voitures et les décors. Pour moi, c'était le Versailles du cinéma. Le souvenir de Bogart hantait les plateaux où nous jouions.

La critique américaine est dithyrambique sur The Artist . Est-ce une nouvelle carrière qui s'annonce pour vous ?

Vous savez, nous ne sommes pas entrés par la grande porte aux États-Unis, mais plutôt par la fenêtre. Ce film reste le pur produit d'une petite équipe gauloise. S'il plaît tant aux Américains, c'est parce qu'il raconte leur histoire. Ils doivent peut-être se demander : «Mais pourquoi n'y avons-nous pas pensé avant ?»

Qu'est-ce que ça vous fait, à vous, la mascotte du cinéma populaire français, de vous retrouver en compétition à Cannes ?

Même si socialement The Artist n'est pas vraiment dans la ligne, ce film a une gueule de Cannes. Il a sa place ici.


source : LE FIGARO.FR
lien
http://www.lefigaro.fr/festival-de-cannes/2011/05/16/03011-20110516ARTFIG00422-jean-dujardin-ce-film-a-sa-place-a-cannes.php

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