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vendredi 4 novembre 2011

Romy Schneider, une femme française

"Je ne sais rien faire dans la vie mais tout au cinéma" : archétype de la femme française malgré ses origines austro-allemandes, Romy Schneider reste l'actrice préférée de son pays d'adoption trente ans après sa disparition, montre une exposition à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine).

Après avoir célébré en 2009 le mythe Brigitte Bardot en égérie des "années insouciance", l'ancienne capitale du cinéma rend hommage à une autre star qui aura incarné la société française, ses évolutions et bouleversements.

Eternelle "impératrice Sissi", rôle qui l'a propulsée star mondiale en trois films alors qu'elle n'avait que 20 ans, Romy Schneider n'aura eu de cesse d'échapper au formatage des superproductions d'outre-Rhin.

C'est la France et Alain Delon, personnage clé de sa vie de femme et d'actrice récompensée par deux César, qui concrétisera ses rêves avant que la fatalité ne la frappe : le suicide de son ex-mari Harry Meyen en 1979 et, deux ans plus tard, la tragédie de leur fils David, mortellement blessé en escaladant la grille de la maison de ses grands-parents.

"Les drames de sa vie en ont fait une douleur vivante. Peu d'actrices ont été aussi belles et émouvantes. Elle était à la fois une star et si familière", souligne le critique de cinéma Jean-Pierre Lavoignat, commissaire général de "Romy Schneider, une femme française".

"Romy a rompu avec l'Allemagne et +Sissi Impératrice+ pour échapper à sa légende et incarner enfin une vraie femme, au gré des rencontres qui comptent, aussi bien avec les réalisateurs comme Visconti et Sautet, qu'avec les autres acteurs du moment : Montand, Brialy, Piccoli...", ajoute-t-il.

Dans les années 70, Romy Schneider entame une nouvelle étape cinématographique, se réfugiant dans des rôles sombres comme si elle voulait affronter son histoire familiale et celle de l'Allemagne avec des films abordant la seconde guerre mondiale ("Le Vieux Fusil", "La Passante du Sans-Souci"...).

plongée virtuelle dans "La Piscine"

L'exposition permet de découvrir ou redécouvrir l'univers de Romy Schneider, née à Vienne mais qui a passé son enfance en Allemagne, le parcours d'une vie illustrée par des documents inédits confiés pour la première fois par sa fille Sarah Biasini mais aussi par Alain Delon qui cultive passionnément le souvenir de l'actrice avec qui il s'était fiancé en 1959, à Lugano. Leur liaison dura 5 ans.

A travers des affiches de films, des photos de tournage mais aussi des costumes de film retrouvés, le visiteur découvre les relations quasi filiales avec le cinéaste Claude Sautet qui l'a dirigée dans nombre de films emblématiques tels que "Les choses de la vie" (1970), "Max et les Ferrailleurs (1971), ou encore "César et Rosalie" (1972).

L'épisode de "La Piscine" tourné par Jacques Deray en 1968, marquant les retrouvailles émouvantes de Romy et Delon, est l'objet d'une scénographie inspirée : le visiteur plonge virtuellement dans le bassin à la rencontre des acteurs.

Le 29 mai 1982, dix mois après le décès de son fils, Romy Schneider est retrouvée sans vie dans son appartement parisien.

Le procureur de la République Laurent Davenas décida de classer l'affaire sans autopsie. "Sissi ne devait pas embarquer pour son dernier voyage à l'Institut médico-légal. Je ne pouvais me résoudre à détruire le mythe, à en faire une carcasse (...) manipulée par les mains d'un expert pathologiste", confiera-t-il à Libération en 1998.

("Romy Schneider, une femme française" : jusqu'au 22 février - Espace Landowski, 28 avenue Morizet, Boulogne-Billancourt).


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