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vendredi 25 janvier 2013

LOUIS DE FUNES et LE CINEMA



extrait de l'article d'Alain Riou pioché sur http://teleobs.nouvelobs
De Funès admire sans réserve Chaplin, Langdon, Laurel, Hardy et W.C. Fields. Selon Daniel Gélin, qui l’avait connu au cours Simon, de Funès connaissait « Hellzapoppin » par coeur. Afin de mettre toutes les chances de son côté, il va étudier systématiquement la construction des films (il a passé quelques mois à l’école technique de la photo et du cinéma, rue de Vaugirard) de manière à devenir le second rôle idéal. Un plan qui fonctionne, et même un peu trop bien : vers le début des années 1950, Fu-Fu devient le piment tellement indispensable aux réalisateurs qui flairent quelques défauts dans leurs scénarios que nul n’a l’idée de lui confier un premier rôle. « Il avait deux handicaps, observe le journaliste Michel Pascal. D’une part, son comique, influencé par les grands burlesques anglo-saxons, était essentiellement visuel. Or le cinéma de distraction était dominé, à l’époque, par l’humour verbal, le mot d’auteur, ce qui le confinait dans les utilités. D’autre part, dans une France provinciale, les comiques de premier plan soulignaient fortement leurs origines régionales : Bourvil, Fernandel, Fernand Raynaud. »
 
C’est dans un rôle très parigot que Louis va engranger son premier triomphe au cinéma. On l’a vu chez Becker (« Antoine et Antoinette »), chez Guitry (« la Poison »), et Robert Dhéry a écrit une revue entière pour mettre en valeur ses dons de pianiste agité : « Ah ! les belles bacchantes ». Au cabaret, il a même interprété le « Journal » de Jules Renard, avec Jean Carmet. Mais le rôle de Jambier, charcutier du marché noir dans « la Traversée de Paris », de Claude Autant-Lara, d’après Marcel Aymé, le propulse très haut. D’utile, il devient indispensable.
 
Pas moins de 100 rôles (toujours petits) vont suivre. Tandis qu’au théâtre, dans « Oscar », il apprend à « péter les plombs » (selon un de ses fils), il éclate au cinéma dans un banal vaudeville intitulé « Pouic-Pouic ». Dès lors, de Funès est tête d’affiche, et aligne les « Gendarme », les « Fantômas », les « Corniaud », les « Grande Vadrouille » . C’est ici qu’on touche, peut-être, au secret du talent funésien. « Mon père, témoigne un de ses fils, notait sur des bouts de papier des observations concernant des attitudes, des démarches, des mouvements des gens qu’il croisait. Le soir, ma mère classait. Il étudiait ainsi l’espèce humaine comme un zoologue étudie les chimpanzés. Son auteur favori était Jean Henri Fabre, qui n’était pas un naturaliste, comme on le croit, mais un éthologue, c’est-à-dire qu’il traitait de la morale des comportements. Mon père voyait un animal gonfler son poil pour s’imposer : il transposait la chose dans ses rôles à l’échelle humaine. »
 
 Christian Fechner, producteur : « De Funès avait vu sa mère démolir leur maison pour retrouver un billet perdu. Ainsi avait-il eu, très jeune, le sentiment de la folie qui peut habiter l’être humain. En général, les comiques incarnent les victimes. Lui, cas unique à mon avis, représentait le bourreau. Il jouait, à l’écran, des lâches, des brutes, des mufles, des faux derches. Il nous vengeait. »
auteur : Alain Riou
l'intégralité de l'article d'Alain Riou est ici :
http://teleobs.nouvelobs.com/rubriques/la-selection-teleobs/articles/40085-il-etait-une-fois-louis-de-funes-pourquoi-il-faisait-rire

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