et c'est tant mieux. Le prochain film signé Patrice Leconte sortira dans les salles le 16 avril prochain. Il sera en anglais. Le réalisateur français a décidé d'adapter
dans la langue de Shakespeare le roman de Stefan Zweig, Le Voyage dans la
passé, écrit en 1929 mais publié dans sa version complète en 1976.
Le film raconte l'histoire d'un jeune Allemand, Friedrich (Richard Madden, un
des héros de la série Game of Thrones) issu de la classe populaire qui travaille
dans une usine sidérurgique. Il est remarqué par le patron (Alan Rickman) qui
fait de lui son secrétaire particulier. Nous sommes en 1912.
Le jeune homme tombe amoureux de la belle épouse de son protecteur, Charlotte
(Rebecca Hall), un sentiment partagé. Mais aucun des deux ne se déclare jusqu'à
ce que Friedrich soit envoyé au Mexique pour diriger une exploitation minière. A
son départ, les deux amoureux se promettent de se retrouver deux ans plus tard
mais la guerre éclate....
Patrice Leconte, qui a écrit le scénario avec Jérôme Tonnerre, dit avoir lu
le livre sur les conseils de ce dernier et l'avoir laissé faire son chemin en
lui.
"J'ai entrevu la possibilité de faire un film comme je les aime
passionnément: un film qui suggère, qui évoque, qui ne montre pas mais qui
laisse filtrer toutes les émotions, les sentiments, le désir, l'amour, fragiles
et forts à la fois", explique-t-il.
"Arriver à filmer le désir amoureux, c'est difficile, mais c'est ce qui m'a
très vite enthousiasmé dans ce projet: être au plus près du sentiment amoureux",
ajoute-t-il, détendu et élégant, en pantalon clair et chemise blanche.
Il a le "trac", dit-il, car il revient à Venise après plus de dix ans
d'absence et présente son film "pour la toute première fois". Il s'en réjouit
"infiniment". En 2002, "L'homme du train" avec Johnny Hallyday et Jean
Rochefort, avait conquis la Mostra.
Après l'animation, avec "Le magasin des suicides", il revient aussi aux
personnages vivants et s'enthousiasme pour son trio d'acteurs anglais, lié au
choix de la langue du film.
"Lorsque j'ai rencontré Rebecca, l'idée de faire le film avec elle ne m'a pas
quitté. Pour Richard Madden, il y a eu plusieurs essais avec des jeunes
comédiens dont certains vraiment très doués mais lui m'a convaincu
immédiatement. Alan Rickman est hors concours !", détaille-t-il.
Le scénario du film, d'un budget de 7 millions et tourné en Belgique, n'est
pas très dialogué: "on comptait beaucoup sur les silences, sur les regards, sur
les non-dits, tout ce qui plane sur la tête des personnages sans jamais oser
éclater trop tôt, cette retenue intense", poursuit le réalisateur.
"Et le cinéma, avant d'être les mots ce sont les images, elles sont pour moi
la source magnifique pour évoquer les choses".
Dans le film, ces images, d'une sensualité extrême, exprimée en particulier à
travers le choix des costumes (Pascaline Chavanne), réussissent à exprimer le
trouble. Ceux de Charlotte en particulier, à une époque où la mode est ingrate,
où les femmes sont corsetées jusqu'au cou. Sa garde-robe oscille entre
transparence et force.
"Ce sentiment amoureux quand il vous tombe dessus accompagné du désir fou, ça
ne peut pas s'effilocher en quelques jours, ou semaines", dit Patrice Leconte.
C'est justement la question centrale de son film.
"Zweig, écrivain magnifique et pessimiste, avait une réponse assez sombre: le
désir amoureux se dilue avec le temps", ajoute-t-il, songeur.
"Moi je voulais qu'il y ait un peu d'espoir. Et on entrevoit un possible",
dit-il, en évoquant Wim Wenders: "il disait faire du cinéma pour rendre le monde
meilleur. J'ai trouvé cela gonflé à l'époque mais il a raison".
avec Alan Rickman !! ;)
RépondreSupprimerj adore Leconte