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lundi 30 mai 2016

Euro 2016 - Un jour un joueur - MAXIME BOSSIS


Maxime Bossis est un footballeur puis entraîneur français, né le 26 juin 1955 à Saint-André-Treize-Voies en Vendée. Surnommé « le grand Max », il évolue au poste de défenseur du début des années 1970 au début des années 1990. Il fait l'essentiel de sa carrière avec le FC Nantes avec qui il remporte le championnat de France à trois reprises ainsi qu'une Coupe de France.

En équipe de France, il compte 76 sélections pour un but marqué et remporte l'Euro 1984 ainsi que la Coupe intercontinentale des nations.


Sous le maillot « bleu », il est également troisième de la Coupe du monde de football de 1986 et quatrième de la Coupe du monde de football de 1982.
 En 1985, Bossis décide de quitter le FC Nantes. Il est intéressé par la proposition de Jean-Luc Lagardère, sponsor du FC Nantes avec Europe 1, le nouveau propriétaire du Racing club de France. Mais le grand Max hésite, le club parisien se traîne en division 1 et il se voit mal évoluer en division 2 à un an de la coupe du monde en Espagne. Il ne cache pas vouloir s'engager avec Tottenham et "garde sous le coude" la proposition du PSG, financièrement moins alléchante. Finalement, n'ayant pas conclu avec le club londonien, et alors qu'il est annoncé au PSG, il s'engage pour 4 ans, pour 300 000 francs mensuels (soit ce que lui proposait Tottenham), partant en 2ème division tenter l'aventure du RC Paris, le club parisien repris par Jean-Luc Lagardère qui tente de monter un énorme projet. Le club domine la division 2 et monte en D1 dès 1986 et recrute une multitude de stars du football (Pierre Littbarski, Luis Fernandez, Enzo Francescoli, Pascal Olmeta...) pour arriver à ses fins. Malheureusement, après plusieurs années, le club n'obtient pas les résultats espérés. Ainsi, devant les piètres résultats de son équipe durant lasaison 1988-1989, le président Jean-Luc Lagardère émet l'hypothèse d'arrêter l'aventure footballistique à l'issue de la saison, plongeant les joueurs dans l'incertitude concernant leur avenir proche. Il l'annonce officiellement aux joueurs, quand ces derniers lui demandent des comptes.


Maxime Bossis, qui n'aura décroché aucun titre majeur avec le club parisien, décide donc -malgré une nouvelle relance du PSG- de prendre sa retraite à la fin de cette saison 1988-19892. Mais, face aux difficultés sportives que rencontre le FC Nantes qui est en pleine transition générationnelle, il décide de rechausser les crampons lors de la saison 1990-1991 afin d'apporter son expérience dans la défense nantaise. Le challenge s'avère très compliqué et, avec le poids de l'âge, il passe une saison difficile. À la fin de celle-ci, il mettra un terme définitif à sa carrière de joueur professionnel. Au cours des 710 matches de sa carrière, "Le grand Max" a réussi l'exploit de ne récolter aucun carton, jaune ou rouge.


À l'occasion de la Coupe du monde de Football 1998 en France, il coanime sur la Cinquième, avec le journaliste Stéphane Paoli, le magazinePlanète ronde qui revient sur les coupes du monde précédentes, sur les plans à la fois footballistique et sociétal. Il devient ensuite consultant, notamment pour TPS, où il commente des matches de Premier League et Bundesliga sur TPS Foot. Il quitte le groupe TPS à la suite de la fusion avec Canal+. Entre 2008 et 2012, il est consultant sur Orange sport ou il commente la Serie A puis la Bundesliga. En 2012, à la suite de la fermeture d'Orange sport il rejoint le groupe Canal+ puis, en 2014 devient consultant sur BeIN Sports.
 

Que reste-t-il du gamin que vous étiez à Saint-André-Treize-Voies en Vendée ?
Il me reste les souvenirs d'un enfant qui débute le football dans un tout petit club. À cette époque, on commencait à jouer au foot assez tard, beaucoup plus que maintenant. Il n'y avait pas toutes les catégories de jeunes que l'on a maintenant, pas de débutant, poussin, benjamin... On rentrait dans un club à 13-14 ans. Saint-André-Treize-Voies était alors un petit village de 1000 habitants, mais on s'amusait beaucoup et on tenait la dragée haute à de nombreuses équipes du département. Chaque joueur garde, je pense, de très bons souvenirs de ses premiers moments de football.

 Justement, à 60 ans aujourd'hui, quel regard global posez-vous sur la carrière que vous avez eue ? Vous savez, à 14-15 ans, devenir footballeur était déjà l'un de mes rêves, mais pas le seul. C'étaient les débuts de l'écologie, donc je voulais aller aussi là-dedans, ou m'occuper d'une réserve naturelle. À aucun moment, à cette époque, je n'aurais pensé pouvoir avoir une carrière aussi riche dans le football. C'est arrivé plus tard. Mes premiers vrais souvenirs de ballon, c'est la Coupe du monde de 1970 au Mexique quand j'avais 15 ans avec la victoire du Brésil de Pelé. C'était le moment où pour moi, le football, c'était encore le ballon dans ma ferme. Comment c'était le football pour un jeune au début des années 70 ? Sans véritable arrière-pensée, on se laissait aller. On n'avait pas de plan de carrière, on jouait au foot pour s'amuser, on était porté par la vague. Et à côté de ça, mes parents me poussaient à faire des études, à aller au moins jusqu'au bac. J'ai continué mes études secondaires à La Roche-sur-Yon. C'était la priorité, une question de sécurité parce qu'à l'époque, avec ce diplôme, tu trouvais du travail très rapidement, ce qui n'est plus du tout le cas. Aujourd'hui, ce n'est qu'un passage.

 Aviez-vous un modèle, un joueur qui vous faisait rêver plus qu'un autre ? Bien sûr, et en réalité, plusieurs. Pelé en faisait partie, mais ce que je me rappelle surtout, sur la télévision de La Roche-sur-Yon, ce sont les matchs de Coupe d'Europe de l'Ajax Amsterdam. Je suis un fan inconditionnel de Johan Cruijff, c'était mon modèle absolu, une sorte d'idéal. Et à 17-18 ans, à mes débuts, je me suis beaucoup inspiré de Marius Trésor et Henri Michel, que j'ai retrouvés ensuite sur le terrain en équipe de France ou à Nantes.

 Comment vous êtes-vous retrouvé à Nantes ? Je suis arrivé en 1972 à 17 ans. Je suis originaire de la côte Atlantique et, à ce moment-là, Nantes avait une très bonne image, c'était l'un des clubs phares du championnat de France. J'avais également été approché par Angers et Rennes lors des matchs de sélections avec la région. Saint-Étienne m'avait même proposé de venir faire un stage et si je n'étais pas allé à Nantes, je serais peut-être devenu un autre joueur. Un Vert. Comment s'est passée votre intégration ? Très bien, il y avait déjà eu une grosse pré-sélection entre 15 et 17 ans. J'ai retrouvé Loïc Amisse par exemple et on vivait chez l'habitant. Moi, j'étais avec Omar Sahnoun, il n'y avait pas de centre de formation comme maintenant. La Jonelière est arrivée bien plus tard. Là, il y avait deux chambres et on allait souvent dans un café à côté avec les plus vieux comme Raynald Denoueix. Il y avait des tournois de billard, c'était une autre époque, on se retrouvait souvent après les matchs. Les stagiaires se mélangeaient avec le groupe pro, il n'y avait pas de différence. C'était l'esprit club et on était très libres dans notre comportement, dans notre vie, tout en restant hyper sérieux pour le foot. 

Au même moment, très rapidement, vous découvrez l'équipe de France avec qui vous partez en Argentine pour la Coupe du monde en 1978. Une compétition marquée par un contexte particulier, celui de la dictature militaire, et il y a des menaces de boycott. Vous vous retrouvez là-bas dans l'hôtel des Italiens qui vous photographiaient pendant les séances d'entraînement... C'était incroyable, une époque de fous. On logeait à l'Hindu Club au même étage que la sélection italienne. On était même venus avec les dirigeants de la Ligue et de la Fédération qui étaient en vacances à l'hôtel. Sur le moment, tout ça nous paraissait logique. On avait voyagé en Concorde, c'était le seul élément qui sortait de l'amateurisme complet dans lequel on a vécu pendant ce Mondial. Pour nous tous, 78 c'était une finalité. J'étais dans la chambre avec Patrice Rio qui jouait aussi à Nantes. Il faisait tellement chaud qu'on mettait les matelas par terre pour échapper au chauffage qui était à fond. Les conditions étaient indignes, mais c'est aussi ce qui faisait le charme. 1982, c'est aussi pour vous l'installation aux côtés de Marius Trésor, votre modèle de jeunesse. Je jouais surtout à cette époque sur un côté, en tant que latéral, à gauche ou à droite. Marius était le patron de la défense à côté de Christian Lopez. Il y avait aussi Patrick Battiston et Manuel Amoros. On était un ensemble complet, au niveau et on s'offrait tous une confiance réciproque. Après, Marius, c'était Marius. Je l'ai remplacé lorsqu'il a pris sa retraite avant l'Euro 84.


 Quel est votre meilleur souvenir chez les Bleus ? Je n'ai pas encore réussi à définir si c'est le meilleur ou le pire, mais c'est certainement le plus grand de tous. Bien sûr, Séville, le 8 juillet 1982, contre la RFA. Ce sont des moments que l'on veut vivre dans une carrière, tout était incroyable. Et ce, malgré mon échec lors de la séance de tirs au but. Comment est-ce possible que plus de 30 ans après, des gens de tous les âges viennent encore nous en parler ? Chacun se souvient où il était précisément ce soir-là. Certains nous racontent qu'ils étaient en vacances, d'autres qu'ils avaient 10 ans. On m'arrête encore souvent dans la rue pour parler de foot et très rapidement on arrive sur le match de Séville On a encore les images en tête de vos chaussettes baissées, comme celles de Marius Trésor. Oui, les fameuses ! C'est une habitude que j'avais prise à Nantes, je pense que c'était pour éviter les crampes. Laurent Blanc faisait ça aussi après, les baisser plus bas que les protège-tibias. C'est avant tout psychologique, on était plus à l'aise comme ça, on se sentait moins comprimé, mais ça montrait aussi, le plus souvent, notre état de fatigue. Quand on les baissait, c'est que physiquement, on déclinait. 

Votre carrière, c'est aussi une signature au Matra Racing de Lagardère, comment ça s'est fait ? Pour tout vous dire, au départ, je ne devais pas y aller. Je devais signer au PSG qui, cette saison-là, fut champion de France, alors que je remportais le titre en D2 avec le Matra. Je m'étais mis d'accord sur un contrat de trois ans avec Borelli, mais plusieurs parties n'arrivaient pas à tomber d'accord, des soucis avec je ne sais qui pour je ne sais quoi. Mon agent a alors étudié les autres propositions. J'ai failli signer en Angleterre, à Tottenham. On était même allés à Londres avec mon épouse, et un contrat de trois ans m'attendait. Mais j'avais peur de vivre là-bas, surtout que le camp d'entraînement était à une heure de Londres. Et le Matra s'est présenté, j'ai senti que ça pourrait être ma dernière ambition, mon dernier challenge à long terme, donc j'ai signé pour quatre ans. Je pense que le projet, malgré quelques succès, a échoué parce que le football français n'était pas préparé au genre de gestion que Lagardère imposait. Un homme d'entreprise qui investit dans le foot, ça choquait à l'époque, et ma signature avait foutu le bordel.

 Justement, il était comment, Jean-Luc Lagardère ? Tout le monde a pensé que c'était un escroc quand il a investi au Matra en 1977. Mais c'était un vrai passionné depuis longtemps. Il était partenaire, avec Europe 1, du RC Lens et de Nantes. Il voulait même reprendre le FCNA un moment. On a fait plusieurs matchs de Coupe d'Europe avec lui, c'était un vrai fou de sport. Mais à l'époque, c'était quelque chose d'inconnu au-delà des erreurs de gestion qui ont tué le club. Aujourd'hui, vous fêtez vos soixante ans.

Comment vous voyez le foot dans six dizaines d'années ?
C'est difficile, en tout cas, je ne serai plus là pour le voir. Il y aura beaucoup plus de rythme, on verra un football peut être exceptionnel, mais sûrement plus virtuel.

Aujourd'hui, tous les joueurs sont similaires et ont beaucoup de vitesse, avec une certaine classe. Les joueurs ne feront plus un mètre quatre-vingt-cinq, mais deux mètres, seront encore plus puissants. Le temps sera réduit pour la conservation du ballon, mais il y aura encore des Messi, des Pelé, des Maradona pour nous faire rêver.

http://www.sofoot.com/maxime-bossis-cruijff-etait-mon-modele-absolu-203539.html

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