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jeudi 1 septembre 2016

MICHEL BLANC - interview partie 2

Celui qui a été "bronzé" et a croisé Pialat, Sautet, Blier est aujourd'hui à l'affiche d'Un petit boulot. Ce qui valait bien une longue rencontre.
Malgré le triomphe des Bronzés, vous allez pourtant vous éloigner assez vite de la bande du Splendid. Pour quelles raisons?  
Par esprit purement rigoriste, cela m'emmerdait qu'on écrive une suite aux Bronzés. Je n'ai donc pas participé à l'écriture du meilleur des deux films ! Sur le plateau, l'ambiance n'était pas si bonne, car on m'en voulait forcément un peu d'avoir brisé la cohésion du groupe. Les copains ont pu croire que j'avais pris la grosse tête. C'est le seul moment de tension qu'on a connu. Cette situation m'a poussé à aller travailler avec quelqu'un d'autre, en l'occurrence Patrice Leconte, avec qui on a fait Viens chez moi, j'habite chez une copine, Ma femme s'appelle reviens et Circulez y'a rien à voir!  
Trois films dans lesquels vous creusez votre personnage des Bronzés...  
Oui, et ce jusqu'à ce que j'écrive Marche à l'ombre, mon premier film comme metteur en scène, dont je savais qu'il mettait fin à ma "carrière" café-théâtre. Dans la foulée, j'ai refusé toutes les propositions de rôles équivalents, car je ne voulais pas m'enfermer dans un emploi qui aurait fini tôt ou tard par lasser. Et là, Bertrand Blier est arrivé avec Tenue de soirée.  
Un rôle qu'il avait écrit pour Bernard Giraudeau...  
Je croyais que Bertrand ne m'aimait pas. Dans les années 70, il m'avait fait passer des essais pour une pub pour une bière. Et comme il ne m'avait ni engagé ni proposé un petit rôle dans Les valseusesqu'il a tourné après, j'étais persuadé qu'il n'appréciait pas mon jeu. Sans avoir imaginé que mon physique ne correspondait pas spontanément à celui du bon vivant, amateur de bières... Alors quand il m'a appelé pour me proposer le rôle que Bernard avait refusé, j'étais sur le cul!  
Il faut se souvenir que c'était un film très gonflé pour l'époque, notamment pour son traitement de l'homosexualité...  
Devant les rushes, on pleurait de rire, tout en ayant peur qu'à la sortie du film, les gens nous crachent à la gueule. Particulièrement le milieu homosexuel. Mais les homos ont compris qu'on ne se foutait pas d'eux. On a même eu un article dithyrambique dans Gai Pied, titré "Touche pas à la femme Blanc". Puis on a été sélectionnés à Cannes, où j'ai reçu le prix d'interprétation. Avec L'exercice de l'État, pour lequel Pierre Schoeller m'a aussi offert un rôle singulier, ce film tient une place à part dans ma carrière.  Source interview - lexpress.fr/
Comment s'est passé le travail avec Gérard Depardieu?  
Lors de notre première rencontre, il m'est rentré dedans. A cette époque, j'avais pour habitude de partir quelques jours à New York avant chaque film. Gérard m'a expliqué que ça l'avait fait chier de me savoir là-bas, alors qu'on avait un film à faire. Je lui ai répondu que je fonctionnais ainsi et qu'il ne me changerait pas. Or, comme tous les grands fauves, rien ne l'excite plus que la peur de l'autre. Et comme je n'ai pas eu peur de lui, on est devenus très potes et on s'est régalés sur le tournage.  
Après Tenue de soirée, les propositions ont-elles changé?  
Sans doute, mais je ne m'en suis pas vraiment aperçu. Car, assez vite, j'ai joué Monsieur Hire, autre personnage très éloigné de ce que j'avais pu faire. Un rôle écrit par Patrice [Leconte] pour Coluche avant son décès tragique.  
Mais dans le même temps, vous refusez Quelques jours avec moi,de Claude Sautet. Pour quelle raison?  
Parce que je n'étais pas le rôle. Ce personnage nécessitait une dimension de séducteur que je n'ai pas. J'ai donc refusé. Ce qui n'est jamais simple. Chez Artmedia, on m'a pris pour un fou incontrôlable qui n'allait plus leur rapporter un rond! Personne n'osait m'en parler, car tout le monde était sidéré. Comme le jour où j'ai dit non à Maurice Pialat...  
Après Monsieur Hire, on vous a soudain moins vu comme acteur. Est-ce une volonté de votre part?  
Oui, car on me proposait des rôles moins intéressants.  
Étiez-vous inquiet de ne plus jouer?  

Non, car j'ai la chance de pouvoir écrire. Ce qui m'occupe plus que de jouer.  

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