Home s'octroie les honneurs d'une diffusion exceptionnelle et unique comme aucun autre film auparavant. Célèbre grâce à son livre illustré La Terre Vue Du Ciel, le photographe Yann Arthus-Bertrand réussit un tour de force en réalisant un premier long-métrage dont la sortie est gigantesque, coïncidant avec la Journée Mondiale de l'Environnement.
C'est simple, budgété à hauteur de 13 millions d'euros, le film sera projeté au cinéma à partir du 5 juin dans plus de 70 pays, mais aussi sur les chaînes de télévisions nationales. En parallèle, il bénéficiera d'une édition mondiale en DVD (moins de 5 euros), en Blu-Ray (moins de 10 euros), ainsi qu'une diffusion gratuite sur Internet sans droits ni copyright. Cerise sur le bateau, des écrans géants seront dressés dans les principales places publiques des capitales occidentales. Une entreprise pharaonique pour toucher le maximum de gens dans le monde entier afin de les sensibiliser sur l'avenir funeste et dramatique de la Terre. En dehors du coup médiatique, Home s'impose comme un film engagé et flamboyant, nous dévoilant ce qui reste d'une nature bouleversante de beauté et qui, si l'on n'y fait pas garde, risque de disparaître et l'Homme avec.
Home se présente comme le premier blockbuster en matière de documentaire écolo de l'histoire du cinéma. Son chef d'orchestre, Yann Arthus-Bertand, réunit les ingrédients qui ont fait le succès de ses livres-illustrés en transposant sa démarche artistique sous forme de long-métrage entièrement filmé avec des longues prises de vues aériennes.
Pendant plus de deux ans, il va alors sillonner le monde entier afin de retranscrire sous forme de plans-séquences la beauté de ces clichés qui l'ont rendu célèbre. Sur les 500 heures de rushes, on découvre un montage final de deux heures, une durée elle aussi qui dépasse les standards des documentaires actuels. Près de 54 pays vont être ainsi survolés aux quatre coins du monde afin d'en capter des images d'une étourdissante beauté. Les mouvements amples et d'une fluidité ahurissante semblent tout droit issus d'une modélisation en images de synthèse ou d'une superproduction hollywoodienne. Et pourtant, non ! Que ce soient les vastes espaces naturels, ou bien les mégalopoles occidentales, ou encore les zones industrielles agricoles, le réalisateur réussit à transcender la manifestation de la vie sur Terre pour en proposer des tableaux vivants, vertigineux et impressionnants.
Une sensation de plénitude envahit le spectateur qui semble en apesanteur sans le moindre à-coup ni soubresaut. Pour ceux qui ont parcouru les pages de ses livres illustrés, il se permet de faire plusieurs clins d'oeil en revenant sur des lieux mythiques comme celui de l'île en forme de coeur qui a servi de couverture pour son best-seller La Terre Vue Du Ciel. C'est donc avec émotion qu'on découvre ces paysages magnifiques, filmés avec délicatesse et sensibilité.
Cependant, un paradoxe s'impose. À la beauté des images, il fait correspondre un discours alarmant et pessimiste sur l'avenir de la planète et donc de l'Homme. Grâce à un discours pertinent et très juste, il analyse l'impact écologique de l'Homme sur son environnement. En substance, l'Homme a rompu l'équilibre sur lequel reposait la Terre depuis des milliards d'années. On peut énumérer ainsi le réchauffement climatique, l'appauvrissement des ressources naturelles, l'extinction des espèces, la déforestation massive, etc. Un mode de vie qui, s'il continue ainsi, détruira à terme purement et simplement toutes les richesses naturelles. Ses propos convoquent plusieurs strates analytiques et des sous-entendus implicites à l'image des champs immenses d'élevages de boeufs.
Il rappelle qu'à l'échelle mondiale, l'industrie bovine est plus polluante en matière de gaz à effet de serre que les émissions de l'ensemble des transports mondiaux (voitures, bus, bateaux, etc.).
Un constat étonnant qui soutient tacitement la cause d'un régime alimentaire plus sain mais aussi et surtout celle des défenseurs des droits des animaux et des végétariens devant les conditions d'élevages intensifs industriels. Forcément, de nombreux détracteurs vont prendre à l'emporte-pièce certains propos sans comprendre véritablement toute la profondeur et la résonance qu'ils sous-tendent. Yann Arthus-Bertrand s'en défend, en précisant qu'il est totalement conscient que la nature humaine ne peut renoncer à son bien-être. Il ne faut pas moins consommer, mais consommer autrement, mieux et plus sainement. Il s'attaque aux industriels, mais aussi aux consommateurs, en soulignant que tout le monde est responsable, et chacun à son échelle peut commencer à modifier son mode de vie et de consommation.
Cependant, un film tel que Home n'aurait jamais pu voir le jour sans eux, et pour pousser la démarche écolo encore plus loin, le film est livré au domaine public. Les bénéfices sur la vente du livre qui accompagne la sortie du film seront entièrement reversés à la fondation GoodPlanet. Bref, autant de manières qui cherchent à faire corps avec le film, à éviter de soulever des polémiques inutiles, proposant une démarche qui se veut sincère et humaniste. Il y aura toujours du monde pour trouver une faille dans le système bien huilé de cette machine de guerre écolo. Mais, avant tout, c'est le film qui compte et l'impact sur le spectateur.
source : dvdrama.com
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