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lundi 4 juin 2012

DANS LES YEUX


Lundi soir, Canal+ diffuse L’affaire Gordji, histoire d’une cohabitation. L’intrigue de ce téléfilm réalisé par Guillaume Nicloux revient sur les relations entre la France et l’Iran dans les années 80, et la vague d’attentats terroristes qui les a marquées. Mais elle est surtout l’occasion de s’intéresser au duel tendu que se sont livré François Mitterrand et Jacques Chirac, alors en pleine cohabitation et surtout candidats à la présidence de la République.

«Pouvez-vous vraiment contester ma version des choses en me regardant dans les yeux? –Dans les yeux, je la conteste.»


Regardez moi dans les yeux par MaxStirner


Cet échange entre François Mitterrand et Jacques Chirac est devenu culte dans l’histoire des duels de l’entre deux tours des campagnes présidentielles. Au même titre, que «vous n’avez pas le monopole du cœur» de VGE en 1974 ou plus récemment «moi Président de la République» de François Hollande.

Au-delà de l’anecdote, la première "réplique" est liée à un épisode dramatique de l’histoire de notre pays: l’affaire Gordji. Au point d’être l’objet d’un téléfilm, réalisé par Guillaume Nicloux, et diffusé ce soir sur Canal+.


L’affaire Gordji, histoire d’une cohabitation nous replonge au cœur de cette terrible affaire marquée par des attentats terroristes, dont celui de la rue de Rennes qui fait 7 morts et 56 blessés, sur fond de relations diplomatiques extrêmement complexes et tendues avec l’Iran et son ambassade à Paris, dont Wahdi Gordji est d’ailleurs l’un des traducteurs officiels. Mais cette fiction nous permet surtout d’aller au plus près de la relation entre François Mitterrand et Jacques Chirac, alors président de la République et Premier ministre. L’échange lors du débat télévisé de la campagne présidentielle de 1988 symbolisait parfaitement l’ascendant que le chef de l’Etat avait pris sur le locataire de Matignon. Le scénariste Marc Syrigas explique au Nouvel Obs qu’il a voulu «comprendre pourquoi Chirac a tendu le bâton pour se faire battre pendant ce qui s’est apparenté à un suicide médiatique en direct, et comment il a pu être assez naïf pour croire que Mitterrand allait l’adouber». Il affirme: «Tout le film tourne autour du rapport père-fils».

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Et pour interpréter ces deux adversaires politiques, Guillaume Nicloux a choisi Michel Duchaussoy, disparu depuis la fin du tournage, et Thierry Lhermitte. A la différence d’autres fictions politiques, le réalisateur n’a pas choisi la ressemblance physique avec les personnalités existantes. Il a privilégié l’incarnation. «Se réapproprier les personnages plutôt que de les singer» expliquait-il. Ce que confirme au Figaro Thierry Lhermitte, qui fait le grand écart avec son personnage de Popeye des Bronzés diffusé hier soir sur TF1: «Je n'ai pas regardé dans les archives et il n'y a eu aucune recherche d'imitation de ma part. D'ailleurs, toute imitation était proscrite». Michel Duchaussoy craignait quant à lui de ne pas faire assez Mitterrand. Ses craintes peuvent être dissipées. L’interprétation parfaite des deux acteurs permet de faire revivre cet épisode politique marquant des années 80. Et cela, même dans les yeux, nul ne peut le contester.
 




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