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jeudi 26 février 2009

LE PRISONNIER : La fuite

On n'a pas besoin de tout comprendre pour apprécier "le prisonnier" mais j'ai quand même cherché sur le net pour essayer d'avoir toutes les réponses à mes questions... Après l'introduction, voici "la fuite" ou comment échapper au système.

Bonne lecture !


I) Echapper au système : la fuite


Traumatisme des régimes totalitaires, cette série incarne non seulement l'homme qui essaye de maîtriser son destin, mais aussi celui qui en est victime : " le drame cinématographique a, pour ainsi dire, un grain plus serré que les drames de la vie réelle, il se passe dans un monde plus exact que le monde réel. "[1] [4] Plongé au cour d'un cauchemar surréaliste, le numéro 6 se complaît dans un univers où il essaye de déjouer les règles tout en les respectant pour mieux les pervertir. Le numéro 6 n'est que l'envers du numéro 1, un double, une sorte de " Horla " qui nous pousse à sortir d'un cocon alors que toute fuite est impossible. " Le village ", aux décors kitsch et ludiques avec les images lénifiantes de la publicité, demeure une métaphore de notre environnement quotidien : " L'objectivité des formes apparentes fait donc rayonner le naturel dans tout l'univers du film de fiction. "[1] [5] Cette société semble fonctionner comme la notre avec en plus une forme de caricature qui la montre sans nuance. Il y a d'une part l'autorité représentée par le numéro 2 sorte de pouvoir exécutif,[1] [6] qui d'ailleurs change à chaque épisode. D'autre part, il y a l'ordre symbolisé par la boule blanche : véritable milice impersonnelle sans numéro à l'image d'un mirador concentrationnaire. Nommée " le rôdeur " une seule fois dans la série, cette sphère demeure la représentation la plus étrange : ni humaine, ni végétale, ni animale, anonyme, elle reste inquiétante. C'est finalement un trope de la bureaucratie étouffante qui laisse sans voix. Sous l'apparence d'un " club méditerranéen " anglo-saxon, à l'architecture éclectique, " le village " reste une cage dorée, un laboratoire d'expériences dans lequel Patrick Mc Goohan subit toutes sortes de tests de personnalité en passant par la manipulation psycho-visuelle.[1] [7] " Le village " devient un cabinet de recrutement façon Blade Runner. A l'image des prisonniers du Cube qui tentent de trouver le fonctionnement de cette machine infernale pour se libérer, le numéro 6 est paradoxalement le condamné et le geôlier de cette prison à la Truman Show. Le costume noir de Patrick Mc Goohan fait écho à son éducation catholique, dès l'âge de dix ans l'acteur voulait être réellement prêtre. Le vêtement représente non seulement une réminiscence des uniformes fascistes mais encore il évoque la fuite d'un homme qui refusa de rentrer dans les Ordres : " comme tout signe de la représentation, le costume est à la fois signifiant (pure matérialité) et signifié (élément intégré à un système de sens). "[1] [8] Le Prisonnier traduit l'émergence d'une " secte sans nom " qui se construit sur cette esthétique techno-psychédélique des années 60-70. Tous les villageois ont des toilettes bigarrées et leurs comportements excentriques, dignes d'une " fête des fous ", masquent à peine la misère affective : univers sans sentiment. En effet, dés la tombée de la nuit le couvre-feu propage sa voix féminine et froide : " Plus que cinq minutes avant l'extinction des lumières. "
Le protagoniste est celui qu'on surveille à l'aide d'un observatoire souterrain truffé de caméras, loft à la 1984 construit sur un complexe " militaro-industriel ". Mais le numéro 6 représente aussi celui qui défie tous les pièges. A la fin, il sera le vainqueur d'un labyrinthe sans nom. Il n'y a pas plus impersonnel que le substantif " village ", sorte de signifiant zéro pour un signifié polysémique vu le nombre d'interrogations et d'interprétations que soulève cet étrange lieu. Nul ne sait où il se trouve, il pourrait être en Lituanie sur la Baltique ou bien sur les côtes marocaines.[1] [9] Le terme " village " ressemble à l'absence de nomination des personnages du nouveau roman. Il existe une volonté de déstructuration de la réalité afin de briser l'individu : " Le village est un petit monde organisé dans ses moindres détails. Rien n'y manque, ni l'épicerie, ni l'hôpital : une forteresse où l'on normalise plus qu'on ne soigne. "[1] [10] Sous le couvert d'une technologie qui se veut pratique et amusante, téléphone sans fil, porte automatique, carte de crédits à l'utilisation enfantine, l'autorité impersonnelle cherche à obtenir des renseignements : pourquoi le numéro 6 a-t-il démissionné de son poste d'agent secret ? Cet abandon est le point d'ancrage de chaque épisode, et ce, dés le générique. " Le village ", aux allures d'une maison de retraite pour personnes qui en savent trop, devient un asile d'aliénés où règne la paranoïa. Ce lieu absurde développe chez le prisonnier cette volonté de puissance reposant paradoxalement sur la lutte, la fuite et l'indépendance. Il s'agit d'une liberté perdue à reconquérir et le symbole de la Lotus Seven dans le générique en reste la manifestation la plus dynamique : la trajectoire de la fuite et de la démission demeure linéaire. Le comportement du numéro 6, à bord de son automobile, est déterminé.

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