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jeudi 4 février 2010

BUDDY COP MOVIE



Le buddy-cop movie


Plus qu'un personnage culte, le flic a surtout permis au cinéma de créer un véritable genre à part entière, le « buddy-cop movie ». Le principe en est simple et s'inspire directement du « buddy-movie » classique que nous connaissons tous : réunir deux êtres que tout oppose et les amener à vivre ensemble d'incroyables aventures policières. En somme, un duo à la « Laurel et Hardy » portant l'uniforme, un peu comme Terence Hill et Bud Spencer dans l'insurpassable nanar Deux super-flics (en 1977). Mais les plus célèbres d'entre eux furent incarnés à quatre reprises par Mel Gibson et Danny Glover pour une saga aujourd'hui mythique, celle de L'Arme fatale. L'un est blanc. L'autre noir. L'un est casse-cou(illes). L'autre plus nuancé. A eux deux, ils forment un duo détonnant, littéralement explosif, d'une efficacité à toute épreuve. Pourtant, à l'époque, l'idée n'était pas nouvelle puisqu'un an plus tôt, Billy Cristal et Gregory Hines proposaient déjà un couple quasi identique, bien que manquant cruellement de punch, à l'occasion du film Deux flics à Chicago. Seulement, la mise en scène de Peter Hyams (La Fin des temps, D'Artagnan...) surprend beaucoup moins que celle de Richard Donner, ce qui explique en partie pourquoi l'oeuvre sombra rapidement dans l'oubli le plus total. Mais les véritables origines du genre, du moins dans sa version humoristique, remontent à l'année 1982. A l'initiative du projet, Walter Hill, qui proposa le scénario de 48 heures à deux stars en la personne de Nick Nolte et Eddy Murphy (décidément abonné aux rôles de justicier puisqu'il deviendra moins de deux ans plus tard le héros d'une nouvelle saga policière, Le Flic de Beverly Hills 1, 2 et 3). Le succès est immédiat et donnera lieu à une suite, la réussite en moins, sobrement intitulée 48 heures de plus. Dès lors, de nombreux auteurs (et producteurs) décident de se lancer dans l'aventure et de creuser le filon. Une mine d'or qui ne s'épuisera qu'à la fin des années 90. Entre temps, les tentatives se multiplient, qu'elles soient bonnes ou mauvaises. Tout y passe, d'une version « asiatique » de L'Arme fatale (Jackie Chan et Chris Tucker dans Rush Hour) à diverses parodies (Alarme Fatale et Hot Fuzz, bien sûr, mais aussi Last Action Hero dans lequel Arnold Schwarzenegger fait équipe avec un gosse, avant de partir pour la petite section dans Un flic à la maternelle), en passant par de nombreux ratages (Sylvester Stallone et Kurt Russell dans Tango and Cash, Tom Hanks et un chien dans Turner & Hooch). Même Michael Bay choisit d'apporter sa pierre à l'édifice avec Bad Boys. Et si le film accorde, comme à son habitude, une plus grande place aux effets pyrotechniques, le metteur en scène n'en oublie pas pour autant l'humour, essentiel au genre.


En France, nous nous montrons plus modérés dans la démonstration de force. Si Kad Mérad et Olivier Baroux tentent d'imiter leurs voisins américains dans le film d'Eric Lartigau Mais qui a tué Pamela Rose ?, les autres « couples » font preuve d'une très grande discrétion. En 1984, Claude Zidi s'intéresse de près au phénomène Ripoux et dénonce l'abus de pouvoir au sein de la police. Une satire sociale (admirablement portée par la prestation de Philippe Noiret et de Thierry Lhermitte) beaucoup plus féroce qu'elle n'en a l'air, évoquant la drogue, la prostitution, le vol et le racket avec une étonnante véracité. En tout cas, nous sommes bien loin du premier film signé Patrice Leconte, Les vécés étaient fermés de l'intérieur, lequel met en scène deux inspecteurs (Jean Rochefort et Coluche) dont les méthodes sont aussi lentes qu'inefficaces... Ceci dit, on peut toujours trouver pire.

Alors qu'elle est censée assurer le maintien de l'ordre et la sécurité au sein de la société, la police se montre particulièrement désastreuse sur grand écran, provoquant un immense chaos suite à ses différents passages. Comme par vengeance (gratuite, dirons-nous), le Septième Art aime donc attaquer ces représentants en les ridiculisant au plus haut point. La maladresse et la distraction se profilent alors comme étant les défauts les plus récurrents. Nous pourrions en citer des centaines.

Parmi les pires, Burt Reynolds (Un flic et demi, Henry Winkler, 1993), James Belushi dans (Chien de flic, Rod Daniel, 1989), Treat Williams (Flic ou zombie, Mark Goldblatt, 1988), ou bien encore Judge Reinhold (Le flic était presque parfait, Michael Dinner, 1986). De son côté, la série des Police Academy présente un condensé de toute la bêtise humaine, notamment faite d'obsédés sexuels et de maladroits incurables. Une référence en son temps, vite effacée par les innombrables suites engendrées (sept épisodes en tout, sans compter une très mauvaise série télévisée tirée des longs-métrages). Parallèlement, quelques auteurs touchés par la grâce ont su créer des personnages irrésistibles, aujourd'hui cultes. L'un des plus célèbres est français, bien qu'issu d'une production américaine (et anglaise), le dénommé Jacques Clouseau. Brillamment interprété par Peter Sellers, sous la direction du grand Blake Edwards, l'inspecteur chargé de mettre la main sur un diamant appelé La Panthère Rose se démarque par une incompétence quasi totale, résolvant ses enquêtes avec l'aide de sa bonne étoile. L'humour, extrêmement « cartoon », présente moult destructions en tout genre, physiques (voitures, bâtiments...) et même morales ! Agacé par tant de cataclysmes, Dreyfus, son supérieur en chef, finira par vouer une haine sans limite envers le pauvre Clouseau au point de devenir petit à petit son pire ennemi. Steve Martin reprendra le rôle près de quarante ans plus tard.

En 1988, les frères Zucker et Jim Abrahams s'inspirent du personnage de Clouseau pour créer le leur : le lieutenant Frank Drebin. D'abord héros d'une série sans succès, le personnage trouve enfin sa place au sein d'une trilogie cinématographique exemplaire, aujourd'hui référence en termes de parodie, The Naked Gun, traduit en français par Y a-t'il un flic pour sauver la Reine ?, Y a-t'il un flic pour sauver le Président ?, et Y a-t'il un flic pour sauver Hollywood ?. Sur le même principe que Blake Edwards, les ZAZ construisent un personnage lunaire, enchaînant gaffe sur gaffe et arrêtant les gangsters bien souvent sans même s'en rendre compte.

Quant aux personnages qui l'entourent, ils ne sont guère épargnés. Il n'est donc pas rare de le voir martyriser un pauvre collègue en plein coma ou pincer le sein d'une haute dignitaire par le biais d'un homard. De la même façon, en France, les héros policiers ne se montrent pas beaucoup plus « intelligents », connotant ainsi de la part des auteurs un sens de la dérision assez élevé. Qu'ils s'agissent de Pinot simple flic ou de l'Inspecteur la Bavure, les flics ont des allures de beaufs sympathiques, plutôt franchouillards, mais dans le fond assez déterminés. Surtout lorsqu'ils sont séduits par une femme. Dans Circulez, y a rien à voir, Michel Blanc perd ses esprits entre son devoir de mener une enquête à bien et l'attirance qu'il éprouve vis-à-vis de la suspecte numéro un (Jane Birkin).

Quelques années plus tard, dans La cité de la peur, Gérard Darmon aura lui aussi beaucoup de mal à résister au charme de la séduisante Chantale Lauby (Vous voulez un whisky ? - Juste un doigt. -Vous ne voulez pas un whisky d'abord ?). Rien de bien grave si ce n'est qu'entre chaque séquence de séduction, l'homme se préoccupe davantage de son image auprès des journalistes que de son véritable travail.

Plus grave encore, on constate que la majeure partie des policiers français ne réussissent jamais à boucler une affaire seuls. Ils doivent pour cela faire appel à une aide extérieure, qu'elle soit journalistique (la trilogie Fantômas) ou chauffeur de taxi (la quadrilogie Taxi). A ce propos, Luc Besson crée à travers le personnage du commissaire Gibert l'un des flics les plus repoussants du Septième Art. A la fois raciste et complètement idiot, Gibert représente l'archétype-même du Français moyen ringard, certes plus drôle que méchant, mais dont nous espérons ne jamais croiser la route un jour. En revanche, lorsqu'une femme interprète le rôle d'un flic au cinéma, le résultat se révèle tout autre.

A la fin des années 80, Philippe de Broca, avec la complicité de Michel Audiard, invente les bases de ce que sera Véronique Genest dans la série Julie Lescaut. Dans Tendre Poulet, et On a volé la cuisse de Jupiter, Lise Tanquerelle, commissaire de police interprétée par Annie Girardot, s'apparente à un véritable homme en jupons, doté d'une force et d'une hargne redoutables, le charme en plus. En guise d'hommage, Josiane Balasko s'en inspirera dans sa deuxième mise en scène cinématographique intitulée Les Keufs, une comédie inoffensive bien qu'assez réaliste, et donc parfois satirique.

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