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samedi 13 février 2010

24 saison 7 = ADDICTION ?


Il est préférable d’avoir vu la saison 7 pour lire cette note

Disons-le tout de suite -que l’on nourrisse un regard critique ou que l’on soit d’une grande mansuétude - 24 s’est imposée comme l’une des séries les plus addictives de la télévision. L’excellent New York Magazine a créé cette année un Absurdity Factor pour mesurer (à l’aide de notes de 0 à 10) le taux d’incohérence de la série. La moyenne semble s’établir autour de 7, avec des pointes maximales, ce qui signifie que tout cela n’était pas très crédible.

Si l’idée du NYM est drôle (autant que certains articles, bien fichus et bien écrits), elle ne tient pas tout à fait compte d’un autre indicateur qu’on aurait pu imaginer: The Hate To Love Factor. On n’a beau se dire qu’on n’y croit pas une seule seconde, que par moments 24, c’est “vraiment du grand n’importe quoi”, il n’empêche (là je parle en mon nom) qu’on ne parvient pas à couper le cordon, qu’on ne réussit pas à en faire son deuil, comme cela fut le cas pour la saison 3 de Heroes.

L’interprétation que l’on peut en faire est que Kiefer Sutherland -même s’il joue à jouer Kiefer Sutherland qui joue Jack Bauer- a trouvé une recette qui fonctionne. Cette saison 7, qui a vu l’action se transposer de Los Angeles à Washington, présentait bien des faiblesses, dans le scénario, dans le jeu des acteurs et même dans la conclusion. N’empêche, la tension restait présente, et pas seulement à cause du chronomètre qui tournait.

Les personnages secondaires sont toujours aussi bien employés et, en fait, ce sont eux qui soutiennent toute la série. Je pense notamment à Aaron Pierce (Glenn Morshower) auquel il faudrait un jour rendre hommage, car sans lui 24 ne serait plus tout à fait la même. Il est l’incarnation de la rectitude morale, le défenseur de l’autorité républicaine, le visage de la bonne conscience, celui qui fait toujours les bons choix dans les situations compliquées. A sa manière, il est la représentation du spectateur qui a tous les éléments de la situation en main et qui pose un regard extérieur.

Dans cette saison 7, il faudrait également rendre hommage aux méchants parce qu’ils le méritent. D’abord, le colonel Juma qui s’empare de la Maison blanche et met une “grande tarte” à la présidente Allison Taylor. Cette scène m’a surpris par son côté machiste et dans le même temps, elle possédait un caractère jubilatoire: Cherry Jones a tout du personnage qui, tout jeune devait déjà être vieux. Elle me fait penser à ces bourgeoises sexagénaires qui pourraient passer des heures à raconter des fadaises en buvant du thé.

Ensuite, une mention spéciale pour Jonas Hodges (John Voight, le père d’Angelina Jolie) dans le rôle du patriote aveugle, de l’homme d’affaires qui ne parvient plus à prendre du recul. Il ne se repent jamais, il ne doute jamais de lui et de ses convictions, non plus que de ses ambitions. Il est bouffi de suffisance et le voir se faire rôtir dans son SUV est un vrai plaisir. Il faudrait également, un jour, faire une note sur les sentiments ambivalents que peut susciter en nous cette série.

Autre personnage secondaire essentiel, Olivia Taylor (Sprague Grayden), fille de la présidente, dans le rôle de celle dont la conduite est dictée par les instincts et les réactions immédiates dans un univers où la réflexion, le calcul et la stratégie sont des valeurs essentielles. C’est un peu l’archétype de la “conne” prétentieuse et ambitieuse. Tout comme Kim Bauer est la “conne” dont la connerie porte malheur. Tous les gens qui l’approchent ont des ennuis. Mais les deux filles sont indispensables au récit.

La compensation est venue de la présence (la resurrection) de Tony Almeida, là encore un ex-second rôle tout à fait déterminant. Cette année, Tony a fait jeu égal avec Jack. Ils sont presque sur un pied d’égalité et sont suspendus à une énorme ficelle narrative: l’amitié qui renaît pour être mieux trahie ensuite au motif d’une vengeance. En miroir de cet aspect de l’histoire, apparaît la loyauté indéfectible de Renee Walker, agent du FBI qui renonce à ses convictions sur la manière dont elle doit exercer son métier pour afficher une fidélité sans faille à Bauer et à ses pratiques contestables. Walker n’est qu’une version neuve de Chloé O’Brien qui a, elle, basculé depuis bien longtemps dans le camp du sauveur des Etats-Unis.

Là encore, dans ces deux cas, le spectateur se voit interrogé: comment aurait-il agi en pareil dilemme ? Aurait-il sombré dans la vengeance comme Almeida ? Aurait-il franchi le pas comme Walker pour une cause qui peut apparaître juste ? Tout est fait pour susciter une implication en simplifiant au maximum les sentiments du spectateur qui doit prendre position: il est pour ou il est contre. Il trouve cela juste ou injuste. Cette simplification (tout est noir ou blanc) se traduit évidemment dans l’action, mais également dans les dialogues exprimant la pensée de chaque protagonistes. Sans parler des phrases qui sont répétées comme des spots publicitaires à une heure de prime-time et qui incitent peu à la réflexion. Je vous laisse en établir un florilège. “You have to trust me“, “Renee, I need your help” ou encore “Put the weapon down“, sans compter “With all due respect, Madam President“.

Il y aurait encore beaucoup à dire car 24 constitue presque un cas d’étude par son côté à la fois très rudimentaire et par son étonnante capacité d’adaptation. Un exemple. On se souvient d’une époque où les militants islamistes aux Etats-Unis étaient présentés dans la série sous les traits de gros méchants caricaturaux. En saison 7, les choses sont plus compliquées et nuancées, et les musulmans retrouvent une image plus positive. 24 n’est pas la seule à faire ça, on pouvait déjà le constater dans d’autres dramas, notamment le final de Lie To Me.

On pourrait également parler de la question de la torture qui a fait débat avant le début de la saison 7 et dont nous avions parlé sur ce blog. Il semble que les reproches ont été en partie entendus et le nombre de scènes de violences gratuites pour faire monter la tension dramatique a été sensiblement réduit. A moins que je ne me sois laissé abuser.

Enfin, il y aura bien une saison 8 qui sera la dernière et qui se déroulera à New York. On risque de la regarder minute par minute.
source : http://seriestv.blog.lemonde.fr/2009/05/21/24-saison-7-addiction-simplifiee/

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