l'affiche, du moins, la police de caractère du titre me fait penser aux affiches de BELMONDO avec un zest de Bruce Lee inspiré de DANNY THE DOG ?
Cette semaine, à l'occasion de la sortie en salles du premier film mis en scène par Pascal Bourdiaux, Le Mac, retour sur le parcours d'un Espagnol survolté.
Tous les chemins mènent au succès...
Les premiers pas de José Garcia au cinéma datent de 1988. Certes, il ne s'agit à l'époque que d'un petit rôle, mais celui-ci s'intègre au sein d'une oeuvre définitivement mémorable. Difficile de rêver mieux pour des débuts. Il est en effet réparateur d'ascenseur dans le magnifique Romuald et Juliette de Coline Serreau, aux côtés de Daniel Auteuil et de Firmine Richard. Le film est un succès, aussi bien public que critique. Si les regards se tournent davantage vers le couple principal, il s'agit tout de même d'un excellent point pour le jeune comédien. Hélas, les nouvelles propositions tardent à arriver et pour survivre, l'acteur en devenir se doit donc de trouver quelques jobs annexes. Il réussit à se faire engager comme chauffeur de salle pour l'illustre talk show Nulle part ailleurs, diffusé sur Canal + et présenté par Philippe Gildas. Antoine de Caunes, co-animateur de l'émission, remarque très rapidement l'énergie et la folie qui se dégagent de cet extraordinaire phénomène qu'est José Garcia. Séduit, il lui propose une surprenante collaboration : chaque soir, le duo devra présenter un sketch devant la France entière, idéalement en lien (in)direct avec l'actualité ou les invités présents sur le plateau. José Garcia s'en donne à coeur joie, créant une galerie de personnages cultes, tels que Cendrine Tropforte, au point d'en sortir un best of en DVD.
Pour autant, José Garcia n'en oublie pas sa passion pour le Septième Art. Ne souhaitant pas s'enfermer dans un registre télévisuel, l'homme tente alors de se frayer un chemin au milieu de vedettes déjà bien implantées. Sa présence au sein de la famille Canal + lui offre la possibilité de jouer en 1993 un rôle relativement conséquent sous la direction de Karl Zéro dans sa première (et toute dernière, du moins à l'heure actuelle) fiction cinématographique, sobrement intitulée Le Tronc. José Garcia n'a droit qu'à une seule séquence, bien que remarquable, sous les traits d'un médecin quelque peu décalé. Deux ans plus tard, il poursuit sa carrière décidément prometteuse avec films dirigés de mains de maître par des cinéastes hautement qualifiés, tout d'abord en la personne de Jean Becker (Elisa, face à Vanessa Paradis et à Gérard Depardieu), puis d'Edouard Molinaro (Beaumarchais, l'insolent). Ses participations sont de plus en plus riches et commencent à plaire à une très grande majorité. Il n'est donc pas étonnant de le voir dès l'année 1996 trôner avec quelques camarades au générique d'une nouvelle comédie, presque anodine à l'époque, La Vérité si je mens !. Si, dans un premier temps, Richard Anconina se présente clairement comme étant le héros principal du film, les seconds rôles font rapidement preuve d'une importance primordiale à ses côtés. Parmi eux, Gilbert Melki, Bruno Solo, Vincent Elbaz, Elie Kakou, Anthony Delon, Richard Bohringer, Aure Atika, Amira Casar, et bien évidemment... José Garcia. A ce propos, celui-ci devait à l'origine interpréter le personnage d'Eddie, aujourd'hui tenu par Anconina. Mais l'acteur ressentit une attirance plus forte pour celui de Serge Benamou. La production accepta l'échange, et le résultat provoqua au final un gigantesque raz-de-marée. Alors que personne ne s'y attendait, le film réunit plus de cinq millions de spectateurs, ce qui, en son temps, bien avant le succès de Bienvenue chez les Cht'is, fascinait déjà au plus haut point. Au passage, José Garcia impose son style : une tchatche d'enfer, un jeu particulièrement excessif et un sens de l'humour très développé. De plus, il séduit véritablement le public, toute génération confondue. L'oeuvre de Thomas Gilou ironise sur le milieu juif, mais sans vulgarité ni aucune méchanceté. Au contraire, et à l'instar de Gérard Oury à travers Les Aventures de Rabbi Jacob, le cinéaste rend un très bel hommage à cette communauté, de par une vision sincère et réaliste, tout en signant l'une des comédies françaises les plus efficaces de ses dernières années. A noter également la nomination de José Garcia au César du Meilleur Espoir Masculin. Le début de la reconnaissance...
Exploitation de ses « excès » jusqu'a une pénible saturation
Sans la moindre surprise, à la fin des années 90, auteurs, metteurs en scène et producteurs s'arrachent ce nouveau comédien qu'est José Garcia. Il a acquis une crédibilité; il n'est plus ce simple comique de télévision. Son nom devient pour la profession synonyme de succès et son « personnage », encore inédit au sein du cinéma français, leur donne de nouvelles idées. Grâce à La Vérité si je mens !, l'acteur participe désormais à trois longs-métrages en moyenne par an. Et devant la caméra de Bernie Bonvoisin, il se lâche littéralement. Il faut dire que Les Démons de Jésus et Les Grandes Bouches se révèlent être à la hauteur de son extrême démesure. De son côté, Philippe Muyl pense à lui pour un rôle plus sobre, tout en retenue, et le convie alors à une réunion de « comiques » venant d'horizons divers, pour Tout doit disparaître. Garcia donne alors la réplique à Didier Bourdon, Yolande Moreau et Elie Semoun. Censé être l'un des cartons de l'année 1997, le film se plante lamentablement au box-office, certainement après avoir donné au public l'impression d'être un pur produit calibré. Ce qu'il est d'ailleurs, bien qu'agréable à regarder, et ce, en grande partie grâce à ses nombreux numéros d'acteurs. José Garcia fait ensuite la rencontre du réalisateur Fabien Onteniente. Celui-ci ne connaît pas encore Franck Dubosc et sympathise donc avec la « star » de La Vérité si je mens !. Il lui propose alors le scénario de Jet Set, coécrit avec Bruno Solo (lequel se brouillera finalement avec Onteniente pour divergences artistiques).
Garcia retrouve enfin un personnage auquel il s'identifie très rapidement, celui d'un excentrique totalement incontrôlable. Il sait qu'il pourra improviser et s'investir littéralement dans la peau de ce Mellor da Silva. C'est aussi l'occasion de ridiculiser un milieu qui l'est déjà, mais dans des proportions plus énormes encore. Incisif parfois, bon enfant dans son ensemble, Jet Set fait un joli bout de chemin dans les salles obscures. José Garcia demeure l'une des têtes du film, ses différentes scènes, particulièrement délirantes, faisant l'unanimité auprès de tous. Il faudra cependant attendre l'année 2001 pour que le comédien atteigne l'un des summums de sa carrière, grâce à La Vérité si je mens ! 2. L'équipe est de retour au grand complet, à l'exception d'Elie Kakou, hélas décédé, et de Vincent Elbaz, trop insistant sur son cachet, alors remplacé par Gad Elmaleh. Daniel Prévost et Pierre-François Martin-Laval s'imposent sans grande difficulté après le passage de Richard Bohringer et d'Anthony Delon dans le précédent épisode. Au delà du succès, ce nouveau volet est un triomphe. Plus riche, plus abouti, il laisse surtout la part belle à José Garcia mais aussi à son cousin dans le film, l'inénarrable Gilbert Melki. Tous les deux forment un duo décapant, d'une efficacité redoutable. Ils sont les stars incontournables du film et leurs nombreuses répliques resteront à jamais gravées dans la mémoire collective. Fabien Onteniente tentera lui aussi le coup de la « suite », avec People (Jet Set 2), offrant (sans surprise) à José Garcia le rôle principal, celui de John John, jet setter homosexuel traversant une dure crise au sein de son couple. Mais ici, l'originalité du premier volet a disparu, le cinéaste ayant préféré une vulgarité ambiante particulièrement détestable. Onteniente pensait sans doute pouvoir créer La Cage aux folles de l'an 2000... Il en est hélas à l'opposé. Garcia le regretta et jura qu'on ne l'y reprendrait plus. Heureusement, entretemps, le comédien fait de plus belles rencontres, notamment en la personne de Benoit Poelvoorde, sur le plateau du Vélo de Ghislain Lambert, puis du Boulet. Dans ce dernier, Garcia incarne le méchant de service avec une férocité extrêmement cartoonesque. En somme, une interprétation jouissive et appréciable, car inattendue dans une comédie française, qui plus est censée rendre hommage aux buddy movies d'autrefois. En ce sens, Le Boulet apparaît comme un sacré dépoussiérage du genre, et Garcia réussit à s'imposer (une fois de plus) face au duo principal, alors constitué de Benoit Poelvoorde et de Gérard Lanvin... En revanche, son interprétation de Louis XIV dans le troisième long-métrage signé Bernie Bonvoisin, Blanche, passa totalement inaperçue, à croire que le public sentit, à juste titre, le désastre arriver. Dommage qu'il en fit de même avec Quelqu'un de bien, de Patrick Timsit, une émouvante histoire de fraternité, et Après vous, de Pierre Salvadori, dans lequel José Garcia donne tout de même la réplique à Daniel Auteuil pour une comédie romantique certes basique mais séduisante. Certains échecs demeureront toujours inexplicables...
Conscient de lasser le public, et finalement lui-même, José Garcia décide donc d'abandonner quelques temps la comédie au profit d'oeuvres nettement plus sombres. L'un des premiers cinéastes à lui confier un rôle à l'opposé de ce qui a fait sa gloire est Costa-Gavras, à travers Le Couperet. Dans ce film, il interprète le personnage de Bruno Davert, un cadre très supérieur dans une usine de papier. S'étant fait licencier avec quelques centaines de ses collègues pour cause de délocalisation, il est prêt à tout pour retrouver un poste à son niveau, même à tuer ses concurrents. Une histoire terrible mais néanmoins dotée d'un humour noir qui renchérit furieusement l'horreur et la violence du sujet. Curieusement, le public reste méfiant, mais la presse, quant à elle, se montre positivement unanime, notamment devant l'interprétation magistrale du comédien principal. José Garcia poursuit donc dans cette voie et plonge alors aussitôt dans un délire psychologique pur et dur à travers le personnage d'Arthur qui, suite à un coma, sera à la fois la victime, le coupable et l'enquêteur de sa propre vie (La Boite noire, de Richard Berry). Mais des projets plus ambitieux l'attendent encore. Et ce n'est pas Quatre étoiles (de Christian Vincent), à l'humour inoffensif, qui l'en détournera. Ainsi, il joue Manuel Mallo dans G.A.L., mis en scène par Miguel Courtois, une fiction bouleversante de vérité et de terreur sur l'Espagne des années 80, quotidiennement meurtrie par les attentats de l'ETA. Enfin, si le film Pars vite et reviens tard, signé Régis Wargnier, divise, force est de constater le potentiel évident du comédien José Garcia dans le registre dramatique, à la crédibilité plus qu'évidente.
En une cinquantaine de films, l'acteur a donc su faire ses preuves, quelque soit le genre, prouvant avec passion et énergie qu'il est définitivement dans son élément.
Malheureusement, le succès continue de disparaître peu à peu. Ces derniers temps, l'homme n'a pas su réellement quoi faire pour retrouver les faveurs du public. Accepter le rôle d'un être mi-homme mi-cochon dans un nanar réalisé par l'immense Jean-Jacques Annaud (Sa Majesté Minor) ? Ou bien celui d'un personnage appelé Couverdepus dans une méga-giga production française, mais totalement dénuée d'âme (Astérix aux Jeux Olympiques) ? Deux échecs successifs particulièrement retentissants, accentués par une terrible et inévitable déception. Certes, les spectateurs conservent encore et toujours une sympathie quasi intacte à son égard, mais, aujourd'hui, ceux-ci ne se déplacent plus en masse pour l'applaudir. Le Mac sera-t-il le film de la réconciliation ? Aux côtés de Gilbert Melki, entre autres, les recettes semblent d'ores et déjà assurées. Mais un troisième épisode à La Vérité si je mens ! ferait certainement l'unanimité... Champion du monde, Serge !
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