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mercredi 30 décembre 2009

JAN KOUNEN parle d'AVATAR

JAN KOUNEN
sur EXCESSIF.com

Alors que Coco Chanel & Igor Stravinsky sort sur les écrans le 30 décembre, Jan Kounen nous fait l'honneur de s'exprimera au sujet du dernier film de James Cameron qui a largement animé cette fin d'année cinématographique : Avatar.


Un sujet qui m'est cher

C'est un film que j'attendais depuis plusieurs années. Un grand projet de science-fiction. Je m'y suis plus intéressé il y a environ un an en récupérant le traitement qu'un nerd avait déniché sur internet. Les sujets évoqués par James Cameron, le rapport avec les indigènes, la jungle, la connexion avec les plantes, ont attisé évidemment ma curiosité très vite et je me suis plongé dans ce premier traitement du film. J'ai été aspiré par le projet de James Cameron, ravi que ce film, qui allait probablement permettre une réelle avancée technologique, soit un film traitant d'un sujet qui m'est cher, celui des peuples indigènes. Un film sur la relation symbiotique homme-nature, sur le rapport intime que nous avons perdu.

De grandes attentes.

Il y a certaines scènes du traitement que Cameron a supprimées (espérons qu'elle soient dans la version intégrale !), Notamment une scène où Jack se connectait à la nature et entrait dans un monde visionnaire ou les plantes lui donnait à voir des images de futurs possibles. L'un de mes projets à l'époque et toujours d'actualité était un dessin animé ayant un angle visionnaire similaire.

A l'époque, Mac Guff, la société responsable des effets visuels de Blueberry avait été contactée par Weta pour les séquences visionnaires d'Avatar. James Cameron avait manifestement apprécié les visions de Blueberry. Finalement le projet n'a pas abouti. Mais cet épisode démontrait le désir de James Cameron d'aller témoigner encore plus concrètement de l'interface homme-nature presente chez les peuples chamaniques. J'étais donc impatient de découvrir le film, et cela au-delà de la simple problématique du cinéma : Allait-il faire le premier block-buster militant pour les connaissances des peuples indigènes ?

Après visionnage la réponse est clairement...oui, Avatar propose une expérience d'un type nouveau, il va dans le monde des émotions, nous faire vibrer dans les profondeurs. Dans le territoires des origines perdues. La haute technologie, la révolution d'un cinéma du futur est utilisée ici pour la première fois avec l'intention de nous rappeller l'ancestral en nous. Les racines.

La boucle est bouclée. L'intention est lumineuse...et quasi subversive.

Des résonnances personnelles


La description de James Cameron reste finalement incroyablement proche de la réalité du monde des pensées et des concepts de deux peuples : l'indigène, et l'homme amenant le « progrès ». Elle est, bien sur, simplifiée à l'extrême, mais nous permet de percevoir le gouffre qui sépare les deux mondes. Mon émotion, se trouve évidemment renforcée car je m'identifie facilement au héros. Je n'ai pas fait l'armée et je dispose de l'usage de mes deux jambes, mais j'ai vécu cette transformation, à savoir celle de découvrir, que l'indigène n'est pas ce que ma culture m'a enseigné, ce n'est pas un homme en retard sur l'histoire.

J'ai découvert un peuple dont la culture possède une science de la relation à la nature est qui est inconnue et incomprise chez nous. Il s'agit d'une réalité qui ne peut rencontrer la notre, car elle est trop loin de nos concepts, sauf pour les créatures occidentales qui font le voyage et qui vont se « connecter » aux plantes. La reconnexion de l'homme au réseau et à l'intelligence de la nature...tiens, j'ai l'impression de raconter le synopsis d'Avatar ?

Voilà pourquoi je vibre différemment pour ce film, au delà de mon métier de cinéaste et donc forcément admirateur du travail d'orfèvre de toute l'équipe d'Avatar.

C'est pour moi une leçon, Cameron a réussit là ou j'ai échoué avec Blueberry, c'est a dire pouvoir en parler à un plus grand nombre.

Les scènes montrant les tracteurs qui saccagent l'univers du peuple Na'vi, j'en ai également filmé et vu. Tout le monde connaît ces images, et vous les ressentez du point de vue des Na'vis, des indigènes.


Avatar sort dans les salles alors que la conférence de Copenhague se révèle être un échec. C'est une belle synchronicité qui décrit le présent, nous sommes tous dans le vaisseau bombardant l'arbre de la connaissance. J'espère que le film permettra à certains spectateurs de se poser certaines questions, ou réveillera quelques ardeurs militantes, ou simplement quelques consciences « sauvages » en réaction à nos consciences « barbares » . On peut rêver ?

Je ne sais pas si La forêt d'emeraude de John Bormann a changé grand chose, mais ce film a fait partie des moteurs initialisant mon désir de rencontrer le monde indigène. Little Big Man, vu adolescent, a été une gifle, un appel à reconsidérer l'histoire. La brèche était ouverte. N'oublions pas que le cinéma est souvent un outil de propagande a peine déguisé.

Pandora vient du grec panta dôra : celle qui a tous les dons. Une femme envoyée par Zeus. Pandore est venue du monde des dieux avec une jarre, la jarre ouverte, les maux se répandent sur l'humanité, excepté l'espérance, qui reste enfermée dans la jarre de... Pandora.

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