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mercredi 2 décembre 2009

CHRISTOPHE LAMBERT STORY


Christophe Lambert est un acteur vraiment à part, non seulement par la grâce d'une carrière atypique mais aussi car ce comédien a connu un phénomène inédit depuis, c'est-à-dire un engouement populaire incroyable en France et à l'étranger. En effet, Christopher Lambert est le plus international des acteurs français. Du grand film d'aventure (Greystoke) au polar français (Max et Jérémie) en passant par la série B hollywoodienne (Mean Guns), beaucoup le pensaient incapable de revenir vers des projets artistiques ambitieux (et de qualité, car son nom fut longtemps associé à des séries B à petits budgets) mais l'homme (au combien sympathique) est pleins de ressources. Après une prestation superbe dans le film de Sophie Marceau La Disparue de Deauville, on le dit encore très émouvant dans le premier film d'Alain Monne L'Homme de chevet et on attend de le revoir chez Claire Denis dans White Material. Alors, le grand retour de Lambert ?

Fils d'un diplomate français en poste aux Nations-Unies, Christophe Guy Denis Lambert nait le 29 mars 1957 à Great Neck (Long Island) dans l'état de New York, grandit en Suisse et décide d'apprendre le métier d'acteur au Conservatoire de Paris. Beau gosse charismatique (juste handicapé par un léger strabisme), il commence par des petits rôles dans des films français (Le bar du téléphone, Légitime Violence ou Une sale affaire), l'acteur a la chance de sa vie avec le rôle qu'il obtient dans le film de Hugh Hudson Greystoke. Dans cette grosse production britannique, l'acteur livre la plus crédible interprétation de Tarzan à ce jour sous la caméra d'un réalisateur oscarisé et le gros succès international est au rendez-vous. Avec son premier rôle comme tête d'affiche, il devient un phénomène dans le monde entier et c'est le début d'une carrière qui va se partager entre la France et Hollywood.

Une "Lambert mania" envahit la France, l'acteur est une véritable idole, le nouveau sex-symbol, les posters à son effigie s'arrachent et les succès au cinéma suivent. Avec son ami Richard Anconina et Catherine Deneuve, il joue dans le film d'Elie Chouraqui Paroles et musique, sympathique comédie romantique mais c'est surtout Subway de Luc Besson qui impose définitivement l'acteur. Dans le rôle de Fred, un paumé qui hante le métro parisien, le comédien livre une de ses meilleures performances, et il est récompensé par le César du meilleur acteur. Il s'exile une nouvelle fois à l'étranger pour les besoins d'un rôle mythique (que l'acteur va tenir à quatre reprises au cinéma et même une fois à la télévision dans la série dérivée du film) : l'immortel Connor MacLeod dans le film Highlander de Russell Mulcahy. Le personnage va l'imposer définitivement comme une grande vedette internationale (sauf aux Etats-Unis où le film est un échec). Film culte, d'un grand romantisme, avec une réalisation inspirée de Russell Mulcahy (dont la carrière ressemblera finalement assez à celle de Lambert, c'est-à-dire une lente descente vers les séries B à petits budgets), et l'acteur français définit ainsi le film : « avant d'être un film d'action, le premier Highlander est un film de sentiments, de romantisme. Il y a de l'action, une manière de filmer qui est très vidéo, mais il y a surtout la souffrance d'un mec qui ne peut pas aimer ». Le duo, très réussi ,de Lambert avec Sean Connery dans le rôle du mentor Ramirez ainsi qu'un bad guy mémorable (le Kurgan incarné par l'excellent Clancy Brown) sont les autres atouts du film. On peut, d'ailleurs, constater une chose, l'acteur accumule les rôles mythiques à l'étranger et des personnages « quotidiens » en France. Véritablement à l'apogée de sa carrière en France comme à l'international, rien ne semble pouvoir arrêter le phénomène Lambert et tout ce qu'il touche se transforme en or.

L'acteur, assez judicieusement, décide de varier les registres et s'insère dans l'univers de Marco Ferreri pour le très joli mais méconnu I Love You et même le réalisateur de Voyage au bout de l'enfer le choisit pour être son Salvatore Giuliano dans Le Sicilien. Tout pour faire un grand succès : un personnage légendaire, un livre de l'auteur du Parrain Mario Puzo et le rencontre de deux stars (Cimino et Lambert). Sauf que la mayonnaise ne prend pas vraiment, le film manque d'un souffle épique, d'une intensité dans cette histoire pourtant passionnante. Reste que le film possède beaucoup de qualités (une musique très belle de David Mansfield ou un certain lyrisme propre à Cimino dans certaines scènes) mais la composition de Lambert n'est pas des plus inspirée (l'acteur a refusé de retrouver Luc Besson pour Le Grand bleu). En effet, l'acteur ne s'entend pas très bien avec Cimino sur le tournage du film, leur conception du personnage n'étant pas la même (le côté arrogant de Giuliano voulu par Cimino, a fortement dérangé l'acteur français). Flop et premières critiques sur le jeu d'acteur de l'idole intouchable. L'acteur va tourner un autre film ambitieux Le Complot de Agnieszka Holland où il interprète le père Popieluzsko, un prêtre polonais assassiné par des communiste. Lambert est très bon dans ce film, sa prestation est saluée par la critique mais le public ne suit pas et l'oeuvre est un échec financier. Mais la "Lambert mania" continue et l'acteur se souvient : « C'est un truc que je regarde avec beaucoup de distance, cet engouement populaire, en restant exactement ce que je suis aujourd'hui. Je passais deux heures, trois heures à signer tous les autographes des gens qui me le demandaient, à faire des photos,... Je me souviens, je tournais Le Complot à l'époque, c'était en 1987, il y avait une queue devant ma caravane... ».

Le passage à vide se confirme dans sa carrière avec le bide énorme de ses deux films suivants (les déjà oubliés Love Dream de Charles Finch et Why Me ? comédie américaine de Gene Quintano avec Christopher Lloyd). Conscient qu'il a besoin d'un gros succès au box-office, l'acteur retrouve son rôle culte de Connor MacLeod pour une suite très attendue intitulée Highlander 2, le retour. Cette séquelle qui devait relancer la carrière de l'acteur va plutôt lui porter un coup fatal car le film est un vrai ratage, avec un scénario absurde qui consterne les fans du premier film (la faute au producteur William Panzer qui impose son script inepte) et à l'absence de tout ce qui faisait le charme du premier opus. Après une apparition dans la série télé dérivée des films de Russell Mulcahy, l'acteur retrouve un succès public avec un polar intéressant et plutôt bien ficelé Face à Face de Carl Shenckel avec sa femme de l'époque, la magnifique Diane Lane. Mais la France reste le pays qui lui propose encore les rôles les plus intéressants avec un film noir excellent Max et Jérémie de Claire Denis. Au côté de Philippe Noiret, l'acteur incarne un tueur candide inoubliable, drôle et émouvant et ce film est incontestablement un des meilleurs films de l'acteur. L'idole des années 80 va peu à peu voir son image se ternir dans les années 90 car l'acteur va s'enfermer dans la série B aux Etats-Unis. L'acteur tourne Fortress sous la direction de Stuart Gordon, sympathique film de science-fiction où un homme cherche à s'échapper d'une prison high-tech afin de retrouver sa femme. Le film cartonne un peu partout dans le monde (notamment en France) sauf aux Etats-Unis où le comédien n'arrive toujours pas à s'imposer. L'acteur joue dans un buddy-movie assez raté Deux doigts sur la gâchette de Deran Sarafian où il rencontre Mario Van Peebles, avec lequel il s'entend tellement bien qu'il pense à lui pour tenir le rôle du bad guy dans la deuxième séquelle d'Highlander.

Andy Morahan remplace Russell Mulcahy derrière la caméra et Lambert insiste pour que ce volet retrouve le charme du premier film, avec flashbacks vers le passé (notamment la Révolution française) malheureusement des morphings assez ratés, un final qui imite celui de Terminator 2 et un scénario inepte font de cette suite un ratage semblable à celui du second volet (mais le film marche cependant assez bien au box-office). Une chance de s'imposer véritablement comme action-star sur le marché américain arrive avec La Proie de J.F Lawton, produit par un gros studio américain Universal. Cible ratée, non seulement le film est un nanar mais aussi un bide monstrueux et cette histoire d'un homme d'affaires poursuivit au Japon par des ninjas ne fonctionne jamais. La Proie foire a peu près toute les scènes voulues spectaculaires, comme l'assaut des ninjas dans un train à grande vitesse où ils déciment une partie des passagers. L'acteur retrouve Deran Sarafian pour un film qui ne sortira même pas en salles en France, The Road killers avec Craig Sheffer. Bizarre cette décision des distributeurs car le film est loin d'être un des pires de l'acteur, c'est même un petit thriller assez convenable. Mais l'acteur va enfin connaitre le succès au Etats-Unis avec l'adaptation du jeu vidéo Mortal Kombat. Christophe Lambert s'amuse dans le rôle du Dieu Rayden et empoche un joli cachet pour un temps de présence réduit à l'écran, mais artistiquement, on est loin de l'époque Subway ou Highlander. Le film d'aventure Grand Nord de Nils Gaup possède un casting intéressant (James Caan, Catherine McCormack), une histoire simple mais touchante et, pourtant, le film n'est pas totalement abouti. Manque d'ampleur de la mise en scène, manque du souffle épique indispensable à ce genre de film, cette coproduction entre la Norvège, le France, la Grande-Bretagne, l'Italie et les USA ne relance pas vraiment la carrière de l'acteur français (pas très crédible en protecteur des indiens, badigeonné d'une espèce de fond de teint terreux pour faire métis). Lambert va connaitre le pire moment de sa carrière, allant tourner au Etats-Unis avec un des rois de la série B fauchée, Albert Pyun (mais capable aussi de livrer des films intéressants lorsqu'il s'en donne la peine).

Leur première collaboration, Adrenaline, traque d'un serial-killer dans un souterrain avec Natasha Henstridge, est un film assez raté, réalisé avec une poignée de dollars et même Christophe Lambert ne prend pas la peine de se doubler dans la version française (l'acteur est sans doute conscient du ratage de l'entreprise). Le deuxième film Mean Guns est, au contraire, très bon, une excellente série B, violente, avec un rythme soutenu et des gunfights très fun. Lambert y est très bon dans le rôle d'un tueur plus complexe qu'il n'y parait. L'acteur essaie de relancer sa carrière en revenant en France mais malheureusement les propositions ne sont pas vraiment intéressantes, que ce soit la comédie familiale Hercule et Sherlock avec son ami Richard Anconina et la comédie romantique Arlette de Claude Zidi avec Josiane Balasko (Lambert avait refusé le rôle du mari cocu dans Gazon maudit). Heureusement, Lambert s'exile en Italie pour Nirvana de Gabriele Salvatores (avec qui le comédien avait un projet alléchant d'adaptation de la BD de Hugo Pratt, Corto Maltese), un film de science-fiction admirable, philosophique, émouvant, pourvues d'idées ambitieuses. Un très bon film, avec un Lambert parfait dans le rôle mélancolique de Jimi, un concepteur de jeu vidéo qui broie du noir depuis le départ de sa femme Lisa. Lorsqu'il parle de ce film, l'acteur n'hésite pas : « Nirvana est le premier film dont je peux me montrer fier depuis très longtemps...Nirvana marque vraiment une étape dans ma carrière. Je ne pourrais plus m'engager dans des projets moyens, alimentaires, il fait partie, auprès de Greystoke, Subway, Highlander et Max et Jérémie des films qui comptent à mes yeux ».

Malheureusement, toutes ces bonnes intentions ne vont pas porter leurs fruits immédiatement, car Christophe Lambert apparait dans un nouveau nanar fauché avec Beowulf (adaptation d'un poème du 12ème siècle). Prévu au départ avec un budget de 25 millions de dollars, le film est finalement tourné avec 3,5 millions de dollars et le résultat final s'en fait sentir. Le quatrième volet des aventures de Connor MacLeod est également loin de la qualité artistique du premier volet, seul le duo Adrian Paul- Christophe Lambert (à la complicité évidente) mérite le coup d'œil. Lambert s'essaie à un polar à la Seven avec Résurrection de Russell Mulcahy (d'après une idée de l'acteur), polar très sympa mais plein de défauts (on devine le tueur très rapidement, le pompage du chef d'œuvre de David Fincher est un peu trop évident et certaines scènes sont à la limite du ridicule comme la mort de l'enfant du héros) qui ne sortira même pas en salles aux Etats-Unis. On parlait depuis des années d'une séquelle à Fortress se situant dans l'espace et finalement l'acteur décide de tourner cette suite avec le réalisateur Geoff Murphy. Mais encore une fois, cette suite est un nanar incroyable, le manque de moyen est criant et le scénario est absurde.

On passe rapidement sur Gideon, où l'acteur incarne un simple d'esprit au côté de Charlton Heston pour s'attarder sur la superproduction attendue Vercingétorix de Jacques Dorfmann. Lambert sait que ce genre de rôle mythique lui ont valu de grands succès par le passé mais du possible Braveheart français que le film pouvait devenir, on a un désastre total avec un scénario bardé de dialogues pompeux sans réelle signification mais surtout à une mise en scène catastrophique (les duels et batailles sont incompréhensibles). La carrière de Lambert parait bien partie pour ne pas s'en remettre car ils enchainent trois films insipides The Point Men de John Glen, The Piano Player de jean-Pierre Roux et Absolon de David Barto. L'ancienne super star internationale des années 80 parait au fond du trou, incapable de sortir de cette image d'acteur de série B baclée.

L'acteur se remet en question et revient en France pour retrouver un cinéma d'auteur qui lui offre son meilleur rôle depuis un moment dans Janis et John de Samuel Benchetrit. Il est parfait dans le rôle décalé d'un fan de rock sous acide, la critique encense pour la première fois sa performance depuis très longtemps et on commence à se dire que l'acteur a encore des ressources. Après un autre petit nanar (on ne se refait pas) Jour de colère de Adrian Rumodin, un film assez ennuyeux A ton image de Aruna Villiers et des participations à Southland tales de Richard Kelly ou au téléfilm Dalida, Christophe Lambert entame une deuxième partie de carrière (comme il le dit lui-même) avec Le lièvre de Vatanen de Jacques Rivière et surtout La Disparue de Deauville (où il est excellent) remettent sa carrière sur de bons rails. La preuve avec son retour chez Claire Denis (dans White Material) et une performance très convaincante dans L'homme de chevet d'Alain Monne.

Egalement producteur inspiré (on lui doit Neuf mois et les très bons N'oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois ou J'irai au Paradis car l'enfer est ici de Xavier Durringer), on souhaite vraiment une deuxième partie de carrière plus ambitieuse pour cet acteur si sympathique, où il prouvera à tous qu'il vaut mieux que les films très moyens qu'il a enchainé durant des années

source : Ecran large.com

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