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lundi 29 mars 2010

ROSCHDY ZEM



Drames intimistes, comédies populaires, films psychologiques, polars, cinéma social... Roschdy Zem a su s'imposer parmi les meilleurs acteurs français en privilégiant la variété. Dans Tête de turc, le premier film de son ami de longue date Pascal Elbé, en salles le 31 mars, il interprète un flic taciturne et un peu réac, en quête de vengeance après l'agression de son frère dans une cité. L'occasion de diversifier encore davantage une carrière déjà bien remplie, qui a contribué à ouvrir la voie aux comédiens d'origine arabe en France.


Premiers pas grâce au cinéma d'auteur
Né à Gennevilliers (Hauts-de-Seine) en 1965, Roschdy Zem a grandi à Bobigny, taisant ses velléités d'acteur pour éviter qu'on se moque de lui. Il prend quand même des cours de théâtre qui l'amènent à se produire sur les planches parisiennes et à faire de la figuration, à 22 ans, dans Les Keufs de Josiane Balasko (1987). Vendeur de jeans sur les marchés pour gagner sa vie, il est repéré par un assistant d'André Téchiné qui lui offre un petit rôle de gigolo dans J'embrasse pas (1991). Une première expérience réussie puisque le réalisateur renouvelle leur collaboration en 1993 dans Ma Saison préférée, puis en 1998 dans Alice et Martin, mais toujours pour des personnages secondaires.


Avec la trentaine, Roschdy Zem se voit enfin confier des rôles plus importants. Il incarne d'abord l'attachant ange gardien de Sandrine Kiberlain dans En avoir ou pas de Laetitia Masson (1995). Il se montre ensuite très convaincant en toxico faisant découvrir la drogue et le sexe tarifé à un jeune étudiant en histoire de l'art dans N'oublie pas que tu vas mourir de Xavier Beauvois (1996). Sa carrière est lancée. Il se met alors à enchaîner les films, privilégiant dans un premier temps le cinéma d'auteur, excepté son rôle de caïd dans la comédie Le plus beau métier du monde de Gérard Lauzier (1996).

On le retrouve ainsi dans le milieu de la musique hip hop avec Clubbed to death (Lola) de Yolande Zauberman (1997), en ex-infirmier junkie chez Patrice Chéreau dans Ceux qui m'aiment prendront le train (1998) et questionnant ses origines maghrébines dans deux évocations de la guerre d'Algérie : L'autre côté de la mer de Dominique Cabrera (1997) et Vivre au paradis de Bourlem Guerdjou (1999). Fils d'immigrés marocains, mais ne parlant pas un mot d'arabe, il apprend sa langue maternelle pour ce dernier film et s'inspire de son père afin de gommer sa démarche qu'il juge trop parisienne.

Fidèle aux réalisateurs qui lui ont donné sa chance à ses débuts, il retrouve Laetitia Masson pour jouer un banquier dans A vendre (1998) et apparaît dans Louise (Take 2) (1999), le premier film de Siegfried, qui l'a déjà fait tourner dans deux courts-métrages, puis refera appel à lui pour Sansa en 2004. Sa deuxième collaboration avec Pierre Jolivet (après Fred en 1997) lui permet alors d'obtenir une nomination au César du meilleur second rôle grâce au personnage sympathique de Sami, le prof de sport solidaire de son rival amoureux, dans Ma petite entreprise (1999). Un succès retentissant qui les poussera à récidiver avec Filles uniques en 2003, puis La très très grande entreprise en 2008.


L'ouverture aux films populaires
Son talent reconnu par la profession, Roschdy Zem fait désormais feu de tout bois et multiplie les rôles de composition. Chauffeur de taxi attaché à ses amis dans la comédie sociale Sauve-moi de Christian Vincent (2000), médecin élégant et attentionné dans le film psychologique Betty Fisher et autres histoires de Claude Miller (2001), compagnon de la vedette Ophélie Winter dans le premier long-métrage d'Yvan Attal, Ma Femme est une actrice (2001), marathonien algérien devenu prostitué travesti dans le drame Change moi ma vie de Liria Bégéja (2001), officier de la marine nationale dérouté par la réapparition de sa femme dans Ordo de Laurence Ferreira Barbosa (2004), il se transforme même en Maréchal Bertrand dans la production historique Monsieur N. d'Antoine de Caunes (2003).



L'acteur n'hésite pas non plus à s'ouvrir à un cinéma plus commercial en participant aux comédies populaires Le Raid de Djamel Bensalah (2002), Blanche de Bernie Bonvoisin (2002) et Chouchou de Merzak Allouache (2003), où il campe l'hilarant et pittoresque Frère Jean. Roschdy Zem passe sans problème d'indic, dans 36 Quai des Orfèvres d'Olivier Marchal (2004), à flic, dans Le Petit Lieutenant de Xavier Beauvois (2005). Il apprend l'hébreu pour incarner un père de famille sépharade vivant à Tel-Aviv dans Va, vis et deviens de Radu Mihaileanu (2005), puis prend l'accent serbe pour La Californie de Jacques Fieschi (2006).

Sa carrure imposante, son charisme et sa sensibilité lui permettent de tout jouer. Cependant, c'est grâce à sa troisième collaboration avec Rachid Bouchareb, après le téléfilm L'honneur de ma famille (1998) et Little Senegal (2001), qu'il atteint la consécration. Indigènes, film de guerre sur le sort des soldats originaires des colonies pendant la Seconde Guerre mondiale, lui rapporte en effet le Prix d'interprétation masculine, partagé avec ses quatre partenaires, au Festival de Cannes en 2006. Une sacrée victoire pour celui qui a dû se battre à ses débuts afin de se faire accepter par les autres acteurs et aura finalement réussi, avec Sami Bouajila, à défricher le terrain pour les générations de comédiens d'origine arabe à venir.



Acteur vedette... et réalisateur
Loin de se reposer sur ses lauriers, Roschdy Zem relève un nouveau défi en s'attaquant à la réalisation avec Mauvaise foi en 2006. L'histoire de ce couple mixte, lui musulman, elle juive, qui doit faire face aux réticences familiales sur fond de conflit israélo-palestinien, délivre un message de tolérance salvateur. La mise en scène s'avère bien un peu conventionnelle, mais fait la part belle au jeu des acteurs et à leur justesse, comme dans la plupart des films réalisés par des comédiens.



Après ce passage réussi derrière la caméra, on le retrouve en tête d'affiche de films toujours aussi divers que variés. Mari infidèle dans la comédie romantique Détrompez-vous de Bruno Dega et Jeanne Le Guillou (2007), garde du corps ombrageux dans le drame psychologique La Fille de Monaco d'Anne Fontaine (2008), officier de police infiltré et surentraîné dans le film d'action Go Fast d'Olivier Van Hoofstadt (2008), il interprète également un avocat désenchanté dans le thriller Commis d'office d'Hannelore Cayre (2009).

Et l'acteur n'est pas prêt de s'arrêter en si bon chemin puisqu'on devrait le retrouver sur les écrans avec quatre films cette année. D'abord dans Tête de turc, le polar de son vieil ami Pascal Elbé le 31 mars, on le verra ensuite dans Hors-la-loi, la nouvelle production historique d'un autre complice, Rachid Bouchareb, puis dans A bout portant de Fred Cavayé et Happy Few d'Antony Cordier. Une hyperactivité comme si le comédien mettait un point d'honneur à profiter de toutes les portes qu'il a su ouvrir.

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