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mardi 7 juillet 2009

DEXTER


En France, seule DEXTER a connu l’honneur d’une diffusion sur Canal +. Bien évidemment, la magie du net a permis aux plus impatients de se la mettre sous la dent sans avoir à attendre que nos chaînes se dérident un peu. Ainsi, ils sont déjà nombreux ceux qui, depuis presque un an maintenant, vantent les mérites de ces deux saisons assez atypiques, mais au combien envoûtantes.

Il est vrai que, par bien des aspects, cette série ne ressemble pas vraiment à ce qu’on a l’habitude de voir, même si elle respecte au fond les codes du genre. C’est sûrement pour cela que l’on dit son succès « imprévisible ». C’est parce qu’elle n’a l’air de rien, c’est parce qu’elle semble s’orienter sur une voie qui ne lui permet pas de rameuter au plus large… et pourtant ! Il est vrai que l’intrigue de base de ce Dexter peut déstabiliser quelque peu, mais reconnaissons qu’elle sait également aiguiser notre curiosité. voici un très bon dossier pioché sur le net, j'aurai pas fait mieux ! bonne lecture.


Dexter, c’est le nom du personnage éponyme : un flic de Miami spécialiste des affaires sanglantes. Rien de plus classique en somme… Seulement voila, Dexter est aussi un serial killer. Tuer est pour lui une seconde nature, ou plus précisément une nature première puisque c’est un besoin irrépressible. Même son père adoptif – policier pourtant – a bien compris que rien ne pouvait empêcher Dexter de tuer, alors il lui a appris à ne tuer que ceux qui le méritent. Méthodique, froid, insensible, Dexter se contente d’exister, de rentrer dans le moule, en s’efforçant de faire avec ce qu’il est : un monstre. Nul jugement à l’emporte pièce, nulle condamnation du personnage. Juste de l’introspection.

Dexter n’est pas un personnage que l’on veut vous faire haïr, Dexter n’est pas un personnage que l’on veut humaniser ; Dexter est le personnage dans lequel on veut nous faire entrer… Et aussi surprenant que cela puisse être, il n’y a finalement rien de surprenant à ce que le public américain - et d'autres aussi ! - aiment à s’identifier au monstre. Dexter, c’est un regard sans complexe sur la société des masques, c’est le regard introspectif sur le monstrum in machina que nous ne voulons pas voir…

Dexter ne ressent rien… Dexter accepte de ne rien ressentir. Il n’est pas de ces tueurs qui agissent dans l’excès, dans le déchaînement pulsionnel, ou dans la colère. Dexter se contente d’assouvir ses pulsions sans complexe et sans excès… Dexter ne lutte même pas contre ce qu’il est. Il n’y a même pas en lui une part de lui qui cherche à combattre, une part que l’on qualifierait d’humaine. Non, Dexter est un monstre. Un monstre qui s’assume. Dexter n’est pas humain… Et pourtant, on aime être en Dexter. Car c’est bien à un voyage introspectif auquel nous invite la série. Que le titre focalise exclusivement sur ce personnage de serial killer insensible est déjà en soi une preuve évidente, mais il y a aussi cette voix off qui nous en fait habiter l’esprit. On ne regarde pas le monstre de l’extérieur, on l’habite. Le timbre grave de Michael C. Hall est comme le métronome de chaque épisode : tellement présent qu’on n’y fait même plus attention alors que c’est bien à son rythme que l’on se fit constamment. On ose à peine se l’avouer, mais on aime Dexter. Il nous permet d’explorer sans complexe ce qu’on n’ose jamais vraiment explorer en profondeur : c’est le monstre qui est en nous.

Le monstre, c’est celui que l’on montre parce qu’il est différent, difforme, extérieur à la norme que l’on entend faire respecter. Par définition, le monstre ce n’est pas ce qui est mauvais. Dexter ne l’est pas. Dexter est un monstre parce qu’il ne témoigne pas des émotions qu’il devrait démontrer. Le sang devrait l’écoeurer, susciter de l’émotion. Lui y est impassible. Paradoxalement, les premiers épisodes nous présenteraient presque cette lacune comme une force. Dexter, c’est celui qui est libre d’aller jusqu’au meurtre parce que, justement, le geste ne l’écoeure pas. Là où les autres ne veulent voir dans l’épandage de sang que du dégoût et de l’écoeurement, Dexter y voit de l’information, il y voit une vérité. Il voit plus loin. Dans la saison 2 d’ailleurs, le personnage de Lila – un autre monstre à sa façon – verra elle aussi dans le sang autre chose qu’une barrière émotionnelle. Elle y voit de l’art. Elle prendra même une éclaboussure de faux sang dans le labo de Dexter pour la considérer comme une toile. Qu’on se l’avoue ou pas, on aime Dexter parce qu’il parvient à voir ou faire ce que nous nous interdisons de faire ou penser dans notre vie de tous les jours. On aime Dexter car c’est notre Christophe Colomb du morbide.

Il est intéressant d’ailleurs de noter que Dexter ne nous effraie pas. On ne craint pas de s’immiscer en lui ; on n’a pas peur de sombrer en lui. Dexter ne créer pas le malaise d’un Orange mécanique car il n’est pas non plus la suppression totale de la morale, il n’est pas l’expression désinhibée de toutes les pulsions. Dexter a un code. Ce qu’il fait est calculé. Il a conscience des règles qui régissent la société et pèse habilement chacune de ses décisions à chaque fois qu’il décide de les enfreindre. Dexter tue, il tue même en série, mais sans se laisser consumer par son acte et sans nuire à l’équilibre de son espace de vie. Dexter est immoral, mais pas asocial, et encore moins l’acteur du chaos. Finalement l’action de Dexter est semblable à l’action de chacun d’entre nous quand nous décidons d’enfreindre une règle de société, la seule différence c’est que Dexter, lui, officie dans le registre ultime du meurtre. Non, Dexter ne nous effraie pas parce qu'il est comme nous. On a peur de ce qui nous est étranger, de ce qu’on ne connaît pas. Or, nous réagissons face à Dexter de la même manière que lui a réagit lorsqu’il s’est aperçu qu’il était la cible d’un jeu avec le Ice Truck Killer. On n’est pas effrayé par le fait qu’il s’agisse d’un serial killer. Au contraire, on ressent plutôt le plaisir de savoir qu’on rencontre enfin quelqu’un qui sait voir le monstre qui sommeille en chacun de nous.


Dexter est comme nous, il ne fait qu’accentuer le trait qui nous permet de le rendre plus visible. D’ailleurs, la pléiade de personnages qui gravitent autour de Dexter - tous aussi « normaux » les uns que les autres – tous dotés d’émotions et de réactions sensés face à ce qui doit toucher et écoeurer – témoignent à un épisode ou à un autre d’un acte de monstruosité. Tous sont des monstres au fond. C’est même le noyau du propos de la seconde saison. Lorsque Doakes et Dexter se retrouvent enfin face-à-face, bas les masques, chacun des deux protagonistes ne fait que renvoyer à l’autre l’image du monstre qu’il est intérieurement..

Autant Doakes peut se contenter de s’appuyer sur l’évidence en ce qui concerne la monstruosité de Dexter, autant Dexter doit passer quant à lui par la comparaison pour argumenter sa démonstration. Il insiste sur leurs similitudes. Comme Dexter, Doakes a enfreint les règles pour le trouver. Comme Dexter, Doakes s’est laissé aller à l’obsession. Enfin, comme Dexter, Doakes tue ceux qu’il estime devoir mourir. C’est derrière le couvert du maintient de l’ordre, sous le couvert de leur badge de policier qu’ils le font ; mais ils tuent. Que ce soit en service comme Doakes, ou en dehors de son service et sans rémunération comme c’est le cas pour Dexter, où est la différence ? Tuer est dans la nature de l’Homme, souhaiter la mort aussi. Tout le reste autour n’est qu’une justification morale…

Doakes n’est qu’un exemple, car bien évidemment il y en a d’autres ! Lila, pour ne prendre qu’elle, n’est pas en soi une meurtrière déshumanisée. Elle ne tue pas parce qu’elle n’est pas dotée de sentiments humains, elle ne tue pas parce qu’elle ne connaît pas la compassion. Bien au contraire ! Elle tue suite à ses sentiments Elle tue non pas pour tuer, mais pour satisfaire ses pulsions amoureuses et émotionnelles. Le meurtre n’est pas une nature en soi, extérieure à la nature humaine. Le meurtre est humain : ce n’est pas une nature mais un moyen. Lila, c’est un visage humain du serial killer, ou plus exactement c’est la prise de conscience de l’humanité de tout serial killer.

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Les autres personnages valent-ils mieux d’ailleurs ? La belle Rita par exemple – cette copine de Dexter que l’on présente comme l’antithèse de Lila – elle aussi laisse parler le monstre qui est en elle lorsqu’elle laisse croupir en prison son ex-mari Paul en prison. Elle a la chaussure qui peut l’innocenter, elle pourrait faire en sorte qu’il soit libéré ce qui serait juste, mais ce qui ne lui convient pas. Paul mourra en prison, et pourtant Rita ne s’en voudra pas plus que ça. D’abord elle rejettera la faute sur Dexter, mais une fois que celui-ci avoua sa mise en scène pour que Paul se fasse arrêter, la belle rejettera alors la faute sur Paul lui-même. Bien qu’immorale, cette mort arrange tout le monde. Qu’est-ce qui différencie alors Rita de Dexter ? N’est-elle pourtant pas responsable d’un meurtre sans culpabiliser ?

Chaque homme, chaque femme dans Dexter est un monstre. Plus exactement, chacun d’eux est un monstre à l’écran car le spectateur sait tout. Dans leur société, ils ne sont pas « montrables » car personne n’a su, ou n'a voulu savoir, qu’ils sont sorti de la norme sociale. Maria LaGuerta a couché avec le fiancé de sa supérieure afin de lui reprendre son poste. C’est immoral, monstrueux, mais ça ne s’est pas vu. Ce qui n’est pas montré ne mérite plus le qualificatif de monstrueux. En réalité, ce qui fait de Dexter un monstre, ce n’est pas le fait de ne rien ressentir en tuant ou en voyant du sang, c’est le fait de montrer qu’il ne ressent rien. Là se trouve une chose fortement intéressante de cette série, puisqu’elle met finalement à jour une nature profonde de la société américaine, et de la plupart des sociétés : le paraître ou – mieux encore – le déni.

Assumer. C’est finalement cela le gros point fort de la série… On assume son personnage. On ne le moralise pas. L’essence même de la télé de la société culpabilisatrice est justement basée sur le déni du sujet par la moralisation. Oui, on sait que la violence, le sexe, le morbide sont des sujets porteurs. On sait que si on surfe sur l’un de ces thèmes ont va capter l’attention, on va attirer le spectateur, car cela fait partie de la nature de chacun de nous et regarder une émission qui aborde une nature que l’on assume pas a toujours des vertus d’assouvissement. La télé fait donc de la violence, du sexe, du morbide, mais elle s'en dédouane par une moralisation de son propos. Les séries sur les serial killers sont pléthores car ce thème nous effraie autant qu’il nous fascine. Mais toujours le serial killer est déshumanisé, torturé intérieurement, et vaincu par force normalisatrice de la police. Dexter, c’est la série qui assume sa fascination pour le monstre, qui la place au centre de son propos, qui la rend accessible à tous sans pour autant la dénaturer par des normes. Dexter, c’est la série qui assume ce qu’elle est, c’est la série qui nous appelle d’ailleurs à assumer. Dans Dexter, le vrai monstre n’est plus le meurtrier, c’est celui qui cache, celui qui ment. Or, dans Dexter, le mensonge est un système : c’est la société en son entier.


Tuer n’est qu’un acte, un moyen. L’acte de tuer ne se juge pas, ce sont les motivations qui ont amenées à tuer qui se jugent, semble dire Dexter. Tuer peut être efficace. Tuer peut être une solution. Tout va mieux pour Rita depuis que Paul est mort. Comme le dit Rita, tout ce qui arrive à Paul est de la faute de Paul. Sa mort arrange tout le monde et apporte une certaine harmonie. Elle est efficace. Il en va de même pour l’ensemble des meurtres de Dexter : ils évitent d’autres meurtres car leurs auteurs ne pouvaient être inquiétés par la justice. Ces meurtres sont efficaces. Doakes tue en mission. S’il ne l’avait pas fait ce serait lui qui serait mort : son meurtre a été préférable. Pénultième épisode de la saison 2 : faut-il tuer Doakes ou se rendre ? Se rendre serait juste car Doakes est innocent. Mais Doakes ne manquera à personne, alors que Dexter laissera une sœur qui se repose entièrement sur lui, une Rita persuadée de n’attirer que les râtés, et des enfants qui ne feront plus confiance en personne. La reddition de Dexter est juste, mais la mort de Doakes est plus souhaitable. Lila tue Doakes, c’est injuste, mais l’équilibre est mieux préservé ainsi. Une mort injuste mais efficace. Tuer n’est pas mal à en croire Dexter. Mais si une société tolère le meurtre, elle peut se laisser déborder par les faux Bay Harbor Butchers comme c’est le cas dans la saison 2. Ce qui est valable pour le meurtre est valable pour tout : la société doit nier un certain nombre de vérités.

Dexter, c’est la révélation d’un fonctionnement crucial de notre société : celui du dilemme entre la logique de l’efficace et celui du mensonge nécessaire. Les personnages de Dexter souffrent pour l’essentiel parce qu’ils subissent leur asservissement à cette société moralisatrice, cette société du déni. Dexter, c’est la série où ceux qui assument sont les héros et où ceux qui se refusent à enfreindre la sacro-sainte norme sont effacés. Dans la première saison, mais surtout dans la seconde, les personnages les plus sains, les plus en paix avec eux-mêmes, sont ceux qui abandonnent la pression de la norme sociale – le mensonge nécessaire – pour la transgression de cette même norme – la logique de l’efficace. Harry, le père de Dexter, est finalement celui qui lance la marche. En invitant son fils à contourner l’interdit de tuer, il sauvegarde un équilibre qu’il n’aurait pas pu construire s’il avait cherché à contraindre les pulsions meurtrières de Dexter. Le code de Harry démontre bien la démarche : il ne s’agit pas de transgresser sans réfléchir. Il faut avant tout réfléchir à l’efficacité de la démarche. Tuer un assassin est bénéfique : il faut donc simplement s’assurer de la culpabilité de la victime. La norme sociale et ses codes moralisateurs ne deviennent alors qu’un simple paravent. « Règle n°1 : ne pas se faire prendre. » Ne pas se montrer pour ne pas devenir un monstre. La moralité d’une société dans Dexter, ce n’est pas une règle d’or à respecter à la lettre ; c’est une ligne qui sert de repère afin de savoir à partir de quand il faut mesurer la portée de ses actes.

. Avoir une relation avec son patron, une relation avec quelqu’un qui pourrait être votre père, c’est malsain, cela choque la morale. Ce n’est pourtant qu’une fois qu’elle a franchi cette barrière morale que Deb commence à se construire comme un personnage fort et équilibré. Dans le cadre de la saison 2, coucher avec Lundy a valu à Deb les accusations de promotions canapé de son frère, ou de techniques de protections de la part de LaGuerta. La société l’a opprimée pour qu’elle rentre dans la norme, mais Deb a assumé sa monstruosité, sa rupture avec la norme dont elle était jusqu’alors prisonnière comme le montre sa relation avec son apollon boxeur… Rita sait aussi pertinemment à la fin de la saison 2 qu’elle devrait renier Dexter parce qu’elle s’est fait tromper, mais elle trouve le bonheur à partir du moment où elle assume les sentiments qu’elle a pour lui. De même, Doakes parvient à toucher la vérité seulement parce qu’il a laissé parler son instinct plutôt qu’écouter ses supérieurs . Enfin, Dexter trouve la paix intérieure quand il s’accepte pour ce qu’il est, cet espèce de Dark Defender qui a son utilité, aussi bien pour ceux qu’il aime que pour la ville…

Au fond, le message sous-jacent de cette série est bien plus profond et subtil qu’il n’y parait. Il ne s’agit pas seulement de se reposer sur le postulat original de prendre un tueur pour héros, il ne s’agit pas seulement d’opérer ce jeu – subtil certes – mais classique en fin de compte de confusion entre le bien et le mal, mais bien de dresser le portrait d’une société du déni qui a poussé si loin ses mécanismes du refoulement qu’elle en vient même à refouler le plus important : l’humain. Il ne s’agit plus de ressentir, mais de feindre. Il ne s’agit plus d’exprimer, mais de contraindre. Il ne s’agit plus d’être direct, mais d’être sournois. Il est d’ailleurs très intéressant de comparer deux personnages totalement différents, mais amenés à travailler ensemble par la force des choses : Lundy d’un côté et Masuka de l’autre. Lundy, c’est le raffinement incarné, la maîtrise du langage et des autres arts de la médiation sociale. Masuka, c’est le pervers de base, le gros lourd. Mais au final, qui s’en sort le mieux entre les deux ? Lundy ne résout pas vraiment son affaire parce qu’il n’est pas allé jusqu’au bout de son instinct et il laisse Deb parce qu’il n’a pas la force de vivre une relation intergénérationnelle. En somme, il finit seul et défait. Masuka, lui, n’a pas su obtenir les grâces de Deb certes, mais c’est quelqu’un qui s’assume beaucoup plus ce qu’il est et qui reste fiable en toute circonstance, notamment lorsque Angel se retrouve accusé de viol.

Les personnages valorisés sont ceux qui sont humains, habités d’instincts, d’un souci de l’efficacité dans leur démarche, quelque soit leur moralité : Doakes qui retrouve le Bay Harbor Butcher grâce à son instinct plutôt que grâce aux procédures ; Angel qui a toujours assumé la nature de son rapport avec Lila, ce qui lui garantit la confiance de ses amis ; LaGuerta qui savait que Doakes n’était pas le coupable, de par son instinct et non de par les preuves – et elle avait raison ; Rita qui laisse parler ses sentiments et récupère le plus aimant des compagnons ; enfin Deb qui se construit en femme forte parce qu’elle s’est laissée aller aux véritables sentiments qu’elle ressentait pour Lundy. Or, tous ces personnages, auxquels on peut rajouter Masuka, sont des personnages que la société s’efforce de broyer alors que ceux qui expriment le plus leur humanité. Doakes est démis de ses fonctions ; Angel est suspecté de viol ; LaGuerta est seule quand il faut collecter de l’argent pour les funérailles de Doakes ; Deb perd son amour ; quant à Masuka il reste célibataire. Finalement Dexter est celui qui s’en sort le mieux, et tout cela parce qu’il exprime son humanité en feignant la moralité. Dexter est en quelque sorte une forme d’anti-héros, non pas parce qu’il tue, mais parce qu’il joue le jeu de cette société désincarnée.

Conclusion :

Bien étrange qu’une série au fond si glacial rencontre autant d’écho dans cette société d’outre-atlantique, aussi étrange que le succès inattendu du Dr. House. Pourtant, ces deux succès abordent exactement le même thème : celui du déni social et du masque inhérent à cette société américaine. Dexter, c’est une Amérique qui se regarde elle-même, qui explore le monstre qui est en elle mais qui se cache, qu’on ne veut pas montrer et regarder. Dexter, c’est aussi l’incarnation de l’ambiguité de tout un pays, dans laquelle on peut d’ailleurs se reconnaître plus que facilement. Cette ambiguïté, c’est celle de cette société qui tue, mais qui met en avant l’interdit du sang. C’est la société qui renie ce qu’elle est et comment elle s’est construite. L’Amérique, comme la plupart des pays, s’est construite dans le sang, dans la logique de l’efficacité. Pour se stabiliser, elle décide d’occulter, de nier la nature des rapports entre Hommes, voire de la nature de l’Homme en lui-même.

Ainsi se reconnaît-on paradoxalement très bien dans l’esprit de Dexter, ce serial killer au cœur de glace perdu dans la chaleur suave de Miami. Tout semble chaud, tout semble doré, tout semble beau, mais tout est froid. Miami, c’est l’incarnation du mensonge américain, plus exactement du mensonge social tout court. Aux côtés de Dexter, on est aussi glacés de si peu de ressenti. Dexter ne ressent rien non pas parce qu’il est insensible, mais parce que la vie normale – à comprendre la vie normalisée – n’a rien à faire sentir. Ainsi pourrait finalement se cerner notre attrait morbide pour Dexter, cette série atypique. Ce n’est pas l’exploration du meurtrier qui nous captive tant, mais bien l’exploration de l’humain que l’on contraint.

Source : startouffodrome.blogs.allocine.fr

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