Il était une fois deux barbus qui rêvaient au bord d'une plage. Le premier s'appelle George. Il vient de sortir un film, mais pas des moindres. Grâce à lui, le monde entier s'est retrouvé la tête dans les étoiles, à casser du stromtroopers ou à seconder Chewbacca dans les plus délicates manoeuvres du Faucon Millénium. Le deuxième s'appelle Steven. Il a fait frémir des millions de personnes devant les Dents de la Mer ou devant Duel, fait rire des milliers d'autres devant 1941.
La science-fiction bat son plein et George sourit dans sa barbe. Tout ça, c'est un peu à cause de lui. Pourtant, son nouveau projet se déroule bien sur le plancher des vaches. Il pense à un film d'aventure à l'ancienne, avec un vrai héros, une sorte de baroudeur. Steven, qui vient de finir ses Rencontres du troisième type, voit également là l'occasion de passer à autre chose... Le script change de mains et la suite, nous la connaissons tous.
En cette année 1981, Spielberg qui n'a déjà plus grand chose à prouver auprès des producteurs, lance les premiers tours de manivelles de ce qui deviendra à la fois une trilogie culte et la référence ultime en matière de films d'aventures. Indiana Jones était né, porté par les larges épaules d'un HARRISON FORD qui, à près de 40 ans, peine encore un peu à faire décoller sa carrière, malgré Han Solo. Inutile de dire qu'il trouvera là le rôle de sa vie, rôle qu'il faut également placer dans l'histoire des Grands Désistements, puisqu'à l'origine, c'est ce bon vieux Magnum de Tom Selleck qui aurait dû porter fouet et chapeau.
Fouet ? chapeau ? Difficile de dire qui d'Henry Jones Junior ou de son look est devenu le plus célèbre. Veste en cuir, un fouet, un gros flingue et bien sûr, un éternel chapeau vissé sur le crâne (pour les chapeliers, il s'agit d'un fédora...), Indiana Jones en outre d'avoir la gueule, possède mine de rien ce qui deviendra le costume de tout apprenti baroudeur, créant une telle imagerie qu'il en devint cliché.
Les aventuriers de l'arche perdue
Les Aventuriers de l'Arche Perdue nous emmène en 1936, sur les traces de l'Arche d'Alliance et des tables de la Lois.
Au programme : méchants nazis, temples poussiéreux, pièges ancestraux, cascades ahurissantes, une bonne dose d'humour, une petite romance et un brin de nostalgie. Tous les ingrédients sont déjà là pour préfigurer l'énorme divertissement que représente la saga de l'aventurier. Tout commence au fin fond de la jungle, à la recherche d'une idole sacrée, jalousement gardée par des mécanismes sans âges et de féroces indigènes. Burroughs, vous avez dit Burroughs ? Les aventuriers de l'Arche Perdue ou près de deux heures d'aventures à l'ancienne, sortie tout droit d'un roman de Tarzan, avec son lot de voyages, de bonne humeur...
C'est invraisemblable pour ne pas dire abracadabrant, c'est gros comme des maisons, c'est pas toujours très fin... et alors ? C'est fait avec tellement de bonne humeur qu'ici, dans les Aventuriers comme dans les autres, la pilule passe et passe même très bien. Quand, légèrement couard, il règle un duel au sabre d'un coup de pétoire, on est aux anges. Quand il saute d'avion en avion, de plate-forme et plate-forme, c'est l'extase dans son fauteuil.
C'est toute la force de Spielberg, faire passer les choses les plus farfelues sans qu'on s'en aperçoive, on marche à fond et on en redemande. Les Aventuriers de l'Arche Perdue est un film énorme, où l'on en prend plein les mirettes, où l'on voit du pays, où l'on rit, l'on frissonne. Harrison Ford se fond littéralement dans son personnage, un personnage humain à défaut d'être surhumain : bagarreur, froussard (les serpents), parfois gaffeur. Un héros populaire au bon sens du terme, qui donne furieusement envie de parcourir le monde à ses côtés, voire à sa place.
Dynamique, fun, légèrement cradingue, franchement dépaysant... Les Aventuriers de l'Arche Perdue, non content de servir d'introduction à tout ce qui caractérisera la saga, est une réussite indéniable et l'un des meilleurs films du genre existant à mon goût.
On pourrait en parler des heures, évoquer la musique de John Williams, décrire les bourre-pifs d'anthologie, analyser en profondeur toutes les caractéristiques d'Indy... mais je dois garder un peu de place pour parler du deuxième volet.
deuxième aventure toute aussi savoureuse que la précédente. Aussi la plus mal-aimée des trois. Replaçons les choses : un premier épisode novateur, amusant, du pur divertissement. Le Temple Maudit est, comme toutes les trilogies, celui de la noirceur, de l'ambiguïté. Plus violent, moins manichéen, un choix osé qui fera que ce film recevra un accueil plutôt mitigé.
Alors mauvais ou pas mauvais, le Temple Maudit ? le film se révèle être un petit chef-d'oeuvre. Sombre, pervers, sanglant, profondément répugnant, le Temple Maudit est sans doute l'épisode le moins grand public et le plus violent. Spielberg le comprend vite et se lâche, partant souvent dans l'auto-parodie ou dans le cynisme. Ainsi, il n'hésite pas à nous resservir la scène du sabreur du premier épisode, mais qui se termine cette fois en pied de nez, Indy ne trouvant pas son arme. Le même Indiana Jones qui perdra encore une fois de sa superbe lorsque drogué, il en deviendra traître et violent. L'humour est toujours là, mais plus noir, plus grinçant. On se souvient de la scène du repas, anthologique, où l'on sert des plats plus épouvantables les uns que les autres. Ce qui n'était qu'un formidable divertissement devient un objet étrange et délicieusement malsain, emmené par des séquences fascinantes comme le rituel où un sorcier arrache un coeur palpitant à main nue.
Malgré tout, le Temple Maudit n'oublie pas son prologue et est bel et bien un Indiana Jones : visuellement, on en a une fois de plus pour son argent, trimballé dans les mystérieuses contrées d'Asie. Les ingrédients sont toujours là : situations inconcevables, rythme échevelé, diamants, pièges, vieilles cérémonies... mais agrémentés de passages superbement sadiques qui font de ce Temple Maudit un épisode riche et intéressant, où Indy développe une sorte de côté obscur inattendu, prouvant qu'il n'est qu'un homme avec ses travers.
Situé chronologiquement avant les Aventuriers, Le Temple Maudit est un épisode injustement boudé, plutôt à part dans la série et qui prouve que l'on peut renouveler un concept. Deux films, deux styles. Qu'en sera-t-il du troisième ?
Transition toute trouvée pour embrayer sans plus attendre vers Indiana Jones et la Dernière Croisade, troisième volet et sans doute, le volet ultime de la saga. Spielberg va loin, très loin dans le divertissement et l'aventure. Exit les sanglantes excursions du Temple Maudit, La Dernière Croisade est un retour aux sources, et se rapproche des Aventuriers de l'Arche perdue : relique biblique, vilains nazis, des pièges en veux-tu en voilà...
Mêmes recettes pour un film qui démarre sur les chapeaux de roues pour ne plus lâcher son rythme jusqu'à un final d'anthologie, basculant carrément dans le fantastique. Les vielles recettes populaires marchent à nouveau à fond, mêlant humour, grosses bastons, suspense et un zeste de romance. Inutile de répéter tout ce qui a été dit précédemment.
La Dernière Croisade se permet une jolie réflexion sur les relations père/fils. Pris dans un incendie, Indy se lamente : "nous n'avons jamais pu parler" reprochera-t-il. Et Jones Senior de répondre "Et bien parlons maintenant, qu'as-tu à me dire ? ". Junior restera muet. Lequel des deux négligea l'autre, telle est la question qui se pose...
La Dernière Croisade est sans aucun le doute le meilleur épisode de la saga, véritable BD sur grand écran, spectaculaire, gigantesque, poilante. Une véritable illustration des possibilités du cinéma, quand Hollywood produisait le rêve.
Peut-on vraiment critiquer les Indiana Jones ?
Spielberg et Lucas nous ont livré une saga culte, le rêve de tout gosse enfin mis en images. Ils ont dépoussiéré un genre, jusqu'à en recréer les codes. Casting, effet, scénario, tonalités... la trilogie représente une symbiose parfaite, où tout est cohérent, tout s'enchaîne sans heurt. On peut trouver des défauts à Indiana Jones, mais il fait partie de ces films dont on se fout éperdument des points bancals, trop occupé que l'on est à regarder l'écran pour ne pas en perdre une miette.
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