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samedi 28 novembre 2009

MALEVIL

A une époque indéterminée, dans le Sud de la France, Emmanuel, maire d’un petit village et propriétaire du château de Malevil, se rend dans sa cave afin de lire tranquillement une lettre de son fils parti en Australie. Il est alors interrompu par quelques concitoyens accompagnés du pharmacien et du vétérinaire, qui souhaitent lui soumettre un problème d'aménagement local. Sont également présents : Momo, un jeune homme un peu attardé, et La Menou, sa mère, servante du domaine. Soudain, une terrible et bruyante déflagration les projette tous à terre, détruisant une bonne partie du cellier d’Emmanuel. Une chaleur insupportable s'abat alors sur les lieux. Tout ce remue-ménage cesse curieusement quelques minutes plus tard. Les rescapés restés longtemps sans rien dire commencent à émerger et se décident à sortir pour constater l’étendue des dégâts. Dehors, tout n’est que ruines et désolation. Nos "miraculés" vont alors devoir s’organiser pour survivre et apprendre à vivre ensemble. Mais sont-ils les seuls survivants de ce qui apparaît être une explosion nucléaire ?

Sorte de fable post-apocalyptique, "Malevil" est inspiré du roman éponyme de Robert Merle écrit en 1972. Toutefois, le scénario qui reprend quasiment les mêmes personnages et une trame identique, s’écarte du livre originel par sa fin complètement différente. De fait, l’auteur a refusé d’être crédité au générique, jugeant que le film de Christian de Chalonge dénaturait totalement son œuvre.

"Malevil" est avant tout un roman de science-fiction, tout comme son adaptation au cinéma. Pourtant, parler de science-fiction paraît un peu excessif dans le sens où seule la situation de départ (la destruction d’une partie de la Terre et de la civilisation humaine à la suite d’une explosion atomique) rejoint le thème de l’anticipation et du fantastique. Le reste du roman comme celui du métrage, raconte comment un groupe de survivants tente de tout reconstruire tout en s’adaptant à son nouvel environnement chaotique.

A l’instar de René Barjavel dans "Ravage" ou encore de George Orwell dans "1984", Robert Merle dans "Malevil" intègre donc un élément de science-fiction sans en faire l’élément central de son histoire. De tels romans font partie du genre de la fiction spéculative. La fiction spéculative s'occupe davantage de thèmes philosophiques, psychologiques, politiques ou sociétaux. L'aspect technique, les évolutions technologiques ne sont pas au centre de l'histoire et constituent plutôt un cadre pour l'action. Le roman comme le film explorent donc en particulier les réactions des sociétés et des individus aux problèmes posés par un phénomène naturel ou induit par l’homme comme les conséquences d’une bombe nucléaire, en ce qui nous concerne.


Ainsi, à la suite d'une formidable explosion atomique, six hommes et une femme, uniques survivants cloîtrés dans la cave d’un vieux château, vont tenter de reconstruire leur monde en ruines après avoir exploré l’extérieur. Hébétés dans un premier temps et confiant à Emmanuel, ancien maire de la ville, le soin d’être leur leader naturel, nos rescapés sont incapables de savoir s'ils sont les seuls survivants de leur commune, de leur pays, voire même de leur planète. En attendant de le savoir, ils apprennent à se réorganiser en une microsociété harmonieuse. Ils reconstruisent les habitations comme ils le peuvent, plantent des récoltes, parquent les animaux qui par chance étaient encore en vie. Certains répertorient tout ce qui est récupérable, comme les médicaments, d’autres bricolent, comme Colin qui essaie de fabriquer un émetteur. Un jour, Momo retrouve dans une grotte Cathy, une jeune fille devenue aveugle qui ne tarde pas à trouver sa place au sein de notre petit groupe commençant à trouver ses marques. Peu à peu, ils vont reprendre goût à la vie et redécouvrent le sens des mots amitié et solidarité.

Mais un beau jour, nos survivants apprennent l’existence d’un autre groupe qui a trouvé refuge sous un tunnel, dans un train bloqué à cet endroit lors de la catastrophe. Si dans un premier temps nos amis font du troc avec ce nouveau clan, la guerre semble cependant inévitable au fur et à mesure que Fulbert, chef du groupe vivant sous le tunnel, montre le visage d’un fasciste qui tente d’imposer sa loi par la violence et les brimades…

Certes, l’histoire semble assez classique et courante pour ce type de film puisqu’elle décrit la survie de l'humanité répartie en groupuscules après un événement cataclysmique ayant rasé la civilisation. Cependant, c’est sans compter sur certains atouts que le film en devient fortement attachant.

Premièrement, c’est l’un des seuls films de genre français de l'époque, ce qui mérite d’être souligné et même d’être encouragé, face à un cinéma français populaire.

Deuxièmement, ce métrage nous offre un casting original. Avec Michel Serrault en maire devenu leader du groupe des pacifiques, Jacques Villeret dans le rôle de l’attardé de service (comme toujours) , Jacques Dutronc dans la peau du mec posé et courageux et enfin lJean-Louis Trintignant dans le rôle du dictateur fou Fulbert.

Le directeur de la photographie a également réussi un travail formidable, puisque la peinture du monde post-apocalyptique est très bien rendue à l’écran. On comprend d’ailleurs pourquoi Max Douy, chargé des décors, a gagné un césar en 1981!

On peut d’autant plus se réjouir que l’on avait rarement vu au cinéma des décors post-nucléaires prenant racine à la campagne, c’est plutôt une vision urbaine de la chose qui nous avait été donnée de voir auparavant dans de nombreux métrages. Et rien que pour ça, "Malevil" est singulier et se démarque des productions de ce genre où les paysages apocalyptiques ruraux sont très peu abordés.

Certes, l’action est prévisible dès lors que Fulbert entre en scène et l’on tombe alors facilement dans le mélodrame et le pathos. Toutefois, la conclusion est très satisfaisante dans le sens où elle soulève des questions essentielles sur le sort des survivants tout en nous laissant dans l’expectative.

Autre sujet intéressant mais ô combien intrigant, le titre : "Malevil". Doit-on comprendre la ville du mal? Ou bien prendre ce titre pour la combinaison de deux mots de langues distinctes mais voulant dire la même chose: "mal" (en français) et "evil" (en anglais)? Qui sait?

Quoi qu’il en soit, Christian de Chalonge arrive à bien nous tenir en haleine par la force de caractère de ses protagonistes mais également par les interactions entre les personnages. Si le côté science-fiction (bombe atomique) est très vite mis de côté pour laisser place à un affrontement d’idées et de positions entre le groupe d’Emmanuel, symbolisant le socialisme car très soudés et celui de Fulbert, caractérisant le fascisme avec un gouvernement dirigé par un dictateur aliéné, c’est avec délicatesse que ceci est amené, sans verser dans un manichéisme trop réducteur comme on aurait pu le craindre.

La campagne devient donc ici le terreau d’un combat politique où deux forces vives se disputent le pouvoir. Ce film va donc au-delà des clivages méchants/gentils propres à ce genre de métrages et amène ainsi le spectateur à se poser de vraies questions. C’est en cela, alors, que réside sa grande force. Une curiosité à découvrir donc pour ceux qui auront la chance de tomber dessus , ce qui n’est pas gagné !

source : horreur.net


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