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jeudi 26 novembre 2009

OUTLAND

Intéressé par la vague des "space operas" lancée par La Guerre des Etoiles mais désirant y apporter un point de vue réaliste, Peter Hyams (Capricorn One) écrit le scénario de Outland qu’il choisit de situer sur Io, une lune de Jupiter. "À l’époque, les premières photos de Jupiter venaient d’arriver au Jet Propulsion Laboratory (le centre de recherche situé à Pasadena en Californie où étaient transmis les clichés pris par les missions Voyager I et II), et je les trouvais absolument stupéfiantes. J’étais impressionné par la taille et la violence de Jupiter. Cette planète est d’une réelle beauté, à l’instar d’un volcan : resplendissante d’une majesté redoutable et effrayante. (…) Je désirais faire un film traitant de ce que je crois être vraiment l’avenir, un film d’où le spectateur penserait à la fin avoir vu quelque chose de plausible, tant dans le fond que dans la forme."

La structure du film est ouvertement inspirée du western de Fred Zinnemann avec Gary Cooper, Le Train sifflera trois fois : un shérif intègre, dont la femme veut quitter la ville, se retrouve seul quand trois hommes sont chargés de le tuer. Cette influence sera utilisée comme un outil de promotion lors de la sortie du film, au grand déplaisir de Fred Zinnemann : "J’ai vu Outland et observé, évidemment, des similitudes sur des incidents puis séparément. Mais les deux films sont totalement différents dans leur conception et dans leur compréhension."

Peter Hyams imagine un complexe minier dans lequel sont entassés un nombre impressionnant de travailleurs. "Avec (le directeur artistique) Peter Harrisson, nous avons commencé à expérimenter nos idées et nous n’avions qu’un seul critère en tête : comment faire tenir le maximum de gens dans un minimum d’espace ?" Ce sont en fait ces décors et l’idée de cette nouvelle ville frontalière qui séduisent Sean Connery, peu attiré a priori par les films de science-fiction. Comme il le fait souvent, il travaille sur le scénario et apporte ses idées.

"Peter est venu chez moi, en Espagne, pour nous permettre de retravailler le script et notamment d’ajouter plus de doute et d’émotion dans les dialogues du personnage principal qui semblait trop sûr de lui. J’ai fait remarquer à Peter que s’il était aussi dur, perspicace et dissimulateur, il dirigerait la station spatiale au lieu d’être un simple policier ! Nous avons donc ajouté de l’humour, afin de mieux révéler les sentiments et l’état d’esprit des gens."

La star persuade le réalisateur de faire Outland aux studios Pinewood plutôt qu’à Hollywood, "en partie parce que les moyens techniques y étaient supérieurs" (L’espion qui m’aimait et les deux premiers Superman y ont récemment été tournés). Mais un problème se pose : les nouvelles lois fiscales ne lui permettent pas de travailler plus de 90 jours sur le territoire britannique (au risque d’être taxé). Or, les visites effectuées dans des écoles écossaises devant les caméras de la BBC ont considérablement entamé son capital et ses scènes devront être tournées en 19 jours. Ce qui implique qu’il doit quitter l’Angleterre chaque week-end et qu’aucun retard n’est envisageable.

Martin Bower et Bill Pearson, qui ont travaillé ensemble sur Alien et Flash Gordon, construisent une maquette de six mètres du complexe minier Con-Am 27, en prenant comme modèle une plate-forme pétrolière, à la demande de Peter Hyams. John Stears (Opération Tonnerre, La Guerre des Etoiles) s’occupe des parties mécanisées, comme les monte-charges ou les antennes-radar pivotantes. La scène la plus difficile est l’affrontement final entre Sean Connery et ses adversaires. "Pour le plan où ils escaladent la superstructure externe de ce monstrueux complexe de raffinage, explique Peter Hyams, il nous fallait soit dépenser 115 millions de dollars pour bâtir quelque chose de si important qui ne pourrait même pas tenir dans l’Astrodrome, soit trouver la technique de prise de vue qui nous permettrait de réaliser ce que nous désirions." La production fait appel à l’Introvision, un nouveau système de projection frontale mis au point par Tom Naud, qui crée des décors à partir de diapositives en leur donnant une impression de relief.


"Il y avait une prise de vue où Sean Connery monte à une échelle à l’extérieur de la serre, qui était supposé être une construction énormément haute, explique le responsable des effets visuels Bill Mesa. Quand le plan démarre, Sean est en dehors du champ. On commence à la base de l’étage supérieur de la serre, puis on panoramique vers le haut de plus en plus jusqu’à ce qu’on l’aperçoive grimper presque au sommet… Toute la séquence a été tournée à partir d’une transparence en 10 x 12.5 et Sean se trouvait en fait à un mètre cinquante du sol." Mais pour le plan où le shérif saute du haut d’une plate-forme, l’Introvision ne suffit pas à créer l’impression de hauteur voulue et… un nain est utilisé pour doubler Sean Connery !

Le tournage est bouclé juste à temps pour que l’acteur écossais puisse échapper aux taxes britanniques. Sean Connery participera activement à la promotion du film, alors qu’il tourne en Suisse Cinq jours ce printemps-là de… Fred Zinnemann !

source : Philippe Lombard / secrets de tournages

[Sources : "L’Ecran fantastique" n°20, "Vidéo News" n°27, "Sean Connery" de Jean-Jacques Dupuis (Artefact-Henri Veyrier, 1986), "Sean Connery, vous avez dit James Bond ?" de Michael Feeney Callan (Zélie, 1993)]

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