Carlos Luis de Funes de Galarza est né le 31 juillet 1914 à Courbevoie, au 29 de la rue Carnot, à côté de Paris. A l'heure de son adolescence, Louis de Funès et sa famille viendront habiter en plein coeur de Paris, dans le quartier Montparnasse.
Les premiers pas de Louis dans la vie active, poussé par son père, seront à l'Ecole professionnelle de la Fourrure... mais il ne se passionnera guère pour cet artisanat et se fera renvoyer au bout de deux ans. Il entreprendra d'autres métiers, dont arpète, dessinateur industriel, comptable...
En 1932 il s'inscrira à l'Ecole Technique de Photographie et de Cinéma et choisit sans grande conviction la section cinéma
En 1936, il se mariera avec Germaine Elodie Carroyer et parallèlement sera pianiste dans de nombreux petits bars... il jouera à des cadences infernales, de 17h30 le soir à 5h30 du matin... c'est le temps des vaches maigres.
Au début de la guerre, Louis sera réformé suite à sa petite taille (1m64), et dans le Paris occupé, il décrochera un engagement en tant que pianiste dans le night-club L'Horizon.
Le 13 novembre 1942, il divorce d'avec Germaine, mais il a déjà rencontré celle avec qui il va vivre jusqu'à la fin de ses jours. Jeanne Barthélémy de Maupassant. Pendant cette période, il jouera dans divers bars, notamment au cabaret La Tomate où il rencontrera Jean Carmet. Il y jouera divers textes et jouera du piano.
En cette même année 1942, il s'inscrira au cours René Simon, persuadé qu'il veut être comédien. Il rencontrera Daniel Gélin avec qui il se liera d'amitié et qui lui prodiguera de très bons conseils. Par exemple il lui proposa de se présenter pour une audition pour la pièce de Marc-Gilbert Sauvajon "L'amant de paille" et il fut pris.
Il se mariera en avril 1943 avec Jeanne, et le 27 janvier de l'année suivante, ils seront les parents d'un petit Patrick.
Côté comédie, il débutera en 1945 dans le film "La tentation de Barbizon", dans un tout petit rôle... il doit juste ouvrir une porte. C'est Daniel Gélin qui lui décrochera ce petit rôle.
Louis alternera figurations et soirées comme pianiste dans divers nights-clubs pour subvenir aux besoins de sa petite famille.
En 1947, il jouera dans deux films, "Croisière pour l'inconnu", puis "Du Guesclin" où il se liera d'amitié avec un certain Gérard Oury...
Entre 1948 et 1949, Louis enchaînera de nombreuses figurations : "Millionnaires d'un jour", "Mission à Tanger" (deux films d'André Hunebelle, futur réalisateur des "Fantômas"), puis "Rendez-vous avec la chance", "Un certain Monsieur" et "Vient de paraître". Il décrochera aussi un rôle dans la pièce de Tennessee Williams "Un tramway nommé désir"... Mais toujours, entre les figurations, il sera pianiste dans de nombreux cabarets et bars à travers Paris.
Son deuxième enfant, Olivier, naît le 11 août 1949.
Lors d'une de ses prestations au cabaret La Tomate, Louis rencontrera Robert Dhéry et Colette Brosset.
En 1950, il fait pas mal d'apparitions, certaines très brèves, mais il rencontrera de nombreuses vedettes de l'époque, comme le grand Louis Jouvet dans "knock", ou encore Fernandel dans "Boniface somnambule".
En 1952, c'est le premier grand succès théâtral de Louis, avec "Ah les belles bacchantes" qu'il jouera 880 fois à Paris ! Parallèlement, il jouera dans "Monsieur Taxi" où il retrouve Michel Simon, puis il fera la connaissance d'une certaine Claude Gensac, qui deviendra sa femme de cinéma. C'est dans le film "La vie d'un honnête homme".
1953 sera une année très faste en tournages, mais toujours pour des rôles moindres. Malgré tout la vie sera de plus en plus agréable pour notre future vedette. A noter un superbe film "Le mouton à cinq pattes" avec Fernandel. La même année il rencontrera Bourvil dans la comédie "Poisson d'avril".
Jean Loubignac, jeune réalisateur, entreprendra de mettre en images la comédie musicale à succès de Robert Dhéry "Ah les belles bacchantes". Ce sera d'ailleurs le premier film de la carrière de Louis à être tourné en couleurs, au même titre que "La reine Margot" avec la grande dame Françoise Rosay.
1955, c'est à part de nouvelles collaborations cinématographiques ("Papa maman la bonne et moi" de Robert Lamoureux, "L'impossible Monsieur Pipelet" avec Michel Simon, "Les Hussards" avec Bourvil), une nouvelle pièce avec en vedette l'immense Pierre Brasseur, "Ornifle ou le courant d'air".
Courant 1956, après quelques mois de doute sur la tournure que prend sa carrière, Louis de Funès sera contacté par le réalisateur Claude Autant-Lara pour jouer dans "La traversée de Paris" aux côtés de Bourvil et de la grande vedette du moment, Jean Gabin.
1957 démarre sur les chapeaux de roue avec tout d'abord un prix, le Grand Prix du Rire, pour le film "La traversée de Paris". Louis tournera aussi "Ni vu ni connu" qui sera véritablement son premier film en vedette.
L'année suivante, il tournera en Espagne "Taxi roulotte et corrida" et sera en tête d'affiche à nouveau. Il enchaîne avec "Le capitaine Fracasse", "Le diable et les dix commandements" de Julien Duvivier, "Candide", "La vendetta", "Dans l'eau qui fait des bulles"... de nombreux films vont jalonner les années 1960-1961. A noter la réalisation de "La belle américaine" avec Robert Dhéry et toute l'équipe des Branquignols, en 1961.
En 1962 il reprendra les chemins des studios pour jouer "Le Gentleman d'Epsom" avec Jean Gabin, où il campe un restaurateur.
Une comédie à sketches, "Les veinards", où il partagera la vedette avec une certaine France Rumilly, future bonne soeur fofolle des Gendarmes. Et le jeune réalisateur Jean Girault le retiendra pour l'adaptation de sa pièce "Pouic Pouic".
Dès l'année 1963, les tournages et les succès s'additionnent. Louis de Funès est enfin reconnu, à près de 40 ans.
"Pouic Pouic" avec Jacqueline Maillan, n'aura pas le succès en salle escompté mais c'est l'un des films les plus appréciés du public.
"Des pissenlits par la racine" permettra à Louis de retrouver Darry Cowl, Michel Serrault et Francis Blanche notamment. Ce film, réalisé par Georges Lautner, aura des dialogues de Michel Audiard.
"Faites sauter la banque" est la seconde collaboration Funès/Girault. Un succès avec la participation de l'excellent Jean-Pierre Marielle et une nouvelle rencontre avec Jean Lefèbvre.
Dès lors, Jean Girault a en tête, soufflé par son compère Richard Balducci, le scénario et la trame du premier gendarme, et déjà les têtes d'affiches sont appelées pour tourner... Louis de Funès ne sera pas considéré comme le meilleur comédien pour le rôle de Cruchot au départ (Pierre Mondy était sur le coup) mais heureusement, Jean Girault arrivera à l'imposer, et il ne le regrettera jamais !
"Le gendarme de Saint Tropez" sort en septembre 1964, à très grands renforts de publicité. C'est un triomphe ! Louis, en cette même année, tournera le premier volet des "Fantômas", et sera à l'affiche du CORNIAUD avec Bourvil dans "Le Corniaud".
Au printemps 1965, Louis embarquera à bord du France avec toute l'équipe des gendarmes pour le second volet "Le gendarme à New York". Deux mois plus tard, c'est "Fantômas se déchaîne" qui sera démarré, avec toujours Jean Marais et la belle Mylène Demongeot.
"Le grand restaurant", en 1966, rassemblera d'illustres acteurs : Bernard Blier, Pierre Tornade, Michel Modo, Noël Roquevert et Robert Dalban. Pour la première fois, Louis va donner son avis et même mettre sa patte personnelle au scénario. De même que pour le pas de danse qu'il exécute avec ses employés du restaurant, c'est une idée de lui. La chorégraphie fut confiée à Colette Brosset.
Le projet suivant va devenir le film emblématique de la carrière de Louis : "La grande vadrouille". En mai 1966, c'est le premier tour de manivelle, avec le duo Funès/Bourvil, toujours sous la houlette de Gérard Oury... Sorti le 8 décembre 1966 dans les salles, ce film sera un véritable triomphe dès la première semaine en accumulant pas moins de 120'000 spectateurs... et en tout plus de 17 millions de spectateurs viendront applaudir les facéties de Stanislas Lefort et d'Augustin Bouvet.
Au printemps de la même année, c'est le tournage des "Grandes Vacances" avec son ami Jean Girault. Il y retrouve Claude Gensac, qu'il n'avait pas revu depuis "La vie d'un honnête homme" en 1952.
Parallèlement, il tourne "Oscar", le film adapté de la pièce à succès qu'il a joué en 1961-62. La mise en scène est confiée à Edouard Molinaro et le tournage n'est pas des plus tranquilles... Le réalisateur ne rit pas aux facéties de son acteur principal et ça met Louis dans une colère noire. Pour la fameuse scène du nez, il demande même à des techniciens d'autres plateaux qui ne travaillent pas, de venir et d'assister à la scène. Cela le détend et il peut terminer le tournage sans encombres.
A noter que dans le film, nous trouvons Mario David qui sera aussi le masseur dans la reprise de la pièce quelques années plus tard.
"Le Petit Baigneur" sera tourné dans la deuxième partie de l'année 1967 et sortira en novembre avec beaucoup de succès. Il y retrouve Robert Dhéry et ses complices des Branquignols, avec en tête Pierre Tornade, Michel Galabru et Jacques Legras.
En cette fin d'année 1967 sort également "Fantômas contre Scotland Yard" qui pour beaucoup est le meilleur opus des trois films tournés.
Il se prépare à tourner à nouveau avec Jean Gabin. "Le tatoué" sera tourné en février 1968 dans une ambiance très électrique.
En mai 1968, Louis de Funès part avec la troupe des Gendarmes pour tourner le troisième volet. Il était assez réticent au fait de marier le maréchal des Logis Cruchot, à une seule exception, c'est que ce soit Claude Gensac qui soit l'heureuse élue... ce fut le cas bien sûr !
Hibernatus" sera le film tourné en cette année 1969 avec comme réalisateur Edouard Molinaro. Il retrouve des comédiens qu'il apprécie, comme Claude Gensac, Paul Préboist.
Au printemps 1970, Louis démarre le tournage, sous la houlette de Serge Korber, du film sous estimé "L'homme orchestre". Cette sorte de comédie musicale aura comme interprètes aux côtés de la vedette, Paul Préboist, son fils Olivier de Funès, et Noëlle Adam pour ne citer que les principaux. L'alchimie sera parfaite entre le réalisateur et son comédien.
Ils retourneront un peu plus tard dans l'année, un des plus mauvais films de la carrière de Louis, "Sur un arbre perché", malgré l'agréable présence de la jeune Géraldine Chaplin (fille de l'illustre Charlot).
Le quatrième volet des aventures de nos gendarmes, "Le gendarme en balade", sera aussi tourné en 1970.
Le tournage de "Jo", réalisé par Jean Girault, se déroule sans encombres. C'est une adaptation de la pièce anglaise The Gazebo écrite par Alec Coppell. Louis y retrouve Claude Gensac, mais aussi le grand Bernard Blier, et Michel Galabru, Guy Tréjean.
La sortie de ce film est prévu pour la mi-1971. En gestation depuis une année et demi et après de nombreuses versions de script, c'est en août 1971 que démarre le tournage de "La Folie des Grandeurs". Yves Montand a pris la place du regretté Bourvil pour qui le rôle du valet Blaze était initialement écrit. Les deux comédiens s'entendent à merveille sur le plateau et notons la musique de Michel Polnareff.
En automne 1971, Louis redevient Bertrand Barnier dans une nouvelle session de représentations pour "Oscar" au théâtre du Palais Royal. Il y retrouve Mario David
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"Oscar" se termine en mai 1972 après à nouveau un véritable triomphe. Louis est fatigué par ce rôle, mais acceptera malgré tout devant la grande demande de refaire une série de représentations dès septembre et jusqu'en janvier 1973. Mais là, le rôle de Christian Martin sera attribué à un certain Olivier de Funès... pour qui se fut une grande première !
"Les aventures de Rabbi Jacob" fut la quatrième et dernière collaboration Funès/Oury... et quelle collaboration !. Ce film est un triomphe. Il sort le 18 octobre 1973. Evidemment, vu le sujet, de nombreuses polémiques ont entaché le tournage.
Gérard Oury annonce durant l'année le tournage prochain du film "Le crocodile"... malheureusement ce projet n'aura pas lieu.
Le film "Le Crocodile"tombe à l'eau. Oury tentera de le proposer à Peter Sellers. Ce dernier fut emballé, mais mourut peu de temps après...
Aucun producteur ne veut faire tourner Louis.
Ce n'est pas sans compter un jeune producteur plein d'avenir, Christian Fechner, qui aura le culot et la vérité de faire confiance à Louis de Funès et lui proposer un scénario qui va l'emballer : "L'aile ou la cuisse".
Le contrat est signé en janvier 1976, et un plan de travail et de tournage très précis est mis sur pied, notamment avec la présence d'une ambulance et d'un cardiologue en permanence sur le plateau.
Initialement, c'est Pierre Richard qui devait donner la réplique à Louis. Mais ce dernier se révéla indisponible. Alors, Olivier de Funès parla de Coluche à son papa, et il l'emmena le voir au théâtre. Coluche fut très touché de rencontrer Louis et ce dernier accepta sans aucune retenue de partager le film avec lui... et même il ira plus loin : il demandera au producteur Christian Fechner de mettre le nom de Coluche aussi gros que le sien au dessus du titre sur l'affiche... sans commentaires ! Chapeau bas !
Le film sortira en octobre 1976 et pulvérisera tous les records d'entrées !
En 1977, une année calme pour Louis, avec de beaux bonheurs, dont le mariage de son jeune fils Olivier. Et l'annonce officielle du tournage du prochain film est faite en novembre. Louis va jouer avec une grande dame du cinéma français, Annie Girardot. "La zizanie" sera réalisé comme le précédent par Claude Zidi.
La sortie du film est prévue en mars 1978. Durant l'été suivant, Louis annoncera qu'il démarrera très bientôt le tournage d'un cinquième épisode des tribulations du célèbre gendarme. "Le gendarme et les extraterrestres" aura comme particularités de nombreux changements de casting. Tout d'abord, Jean Lefèbvre, retenu ailleurs, sera remplacé par Maurice Risch. Puis, Christian Marin, aussi indisponible, sera remplacé par Jean-Pierre Rambal. Et Claude Gensac malheureusement sera remplacée par une comédienne fade et peu convaincante dans le rôle de Madame Cruchot, Maria Mauban.
Le film sort en janvier 1979 et aura pourtant un très bon succès, malgré les critiques qui au début accusaient Louis de Funès d'exploiter un filon un peu usé... D'ailleurs ce dernier ne sera pas satisfait du résultat à l'écran de ce cinquième opus.
L'année 1979 marque pour Louis le tournant majeur de sa fin de carrière : il va enfin jouer "L'Avare" de Molière. Louis assurera aussi la mise en scène aux côtés d'un Jean Girault vieillissant...
A noter une distribution qui n'est pas sans rappeler celle des Gendarmes. Michel Galabru, Michel Modo, Guy Grosso, Claude Gensac sont de la partie.
"L'avare" sort le 5 mars 1980. Malgré que les critiques furent très positives sur l'interprétation d'Harpagon par Louis, le public ne sera pas au rendez-vous et le film sera un retentissant échec commercial.
Le producteur Christian Fechner avait déboursé près de 17 millions de francs pour ce projet.
Le 2 février 1980, Louis reçoit un César d'honneur pour l'ensemble de sa carrière des mains de Jerry Lewis qui n'hésite pas à l'embrasser passionnément pour le féliciter... un grand moment de drôlerie. Il est l'acteur français qui a attiré le plus de spectateurs dans les salles de cinéma à cette époque.
Au printemps 1981, il découvre un roman de René Fallet et a tout de suite envie de l'adapter : "La soupe aux choux". La préparation du film est très rapide et le film sera en boîte en peu de temps. Jean Carmet partage l'affiche avec Louis,
En avril 1982, Jean Girault emmène toute son équipe à Saint Tropez pour le sixième volet des "Gendarmes". "Le gendarme et les gendarmettes.
Claude Gensac redevient Madame Cruchot, et Patrick Préjean remplacera Jean-Pierre Rambal au sein de la brigade. Maurice Risch sera toujours là, et les indéfectibles Grosso et Modo, ainsi que bien sûr Michel Galabru seront toujours de la partie.
Malheureusement, la santé du réalisateur va poser des problèmes. Jean Girault est atteint d'un cancer de l'estomac et doit se faire hospitaliser. Son prend le tournage en cours, et terminera le film.
Jean Girault meurt le 24 juillet 1982.
Le film sera projeté aux journalistes et à l'équipe le 2 octobre et ils rendront un vibrant hommage au réalisateur disparu. Trois jours après, le public découvrira les tribulations de ce dernier gendarme et le succès fut retentissant.
Louis de Funès, parti se reposer chez lui, n'acceptera qu'un seul projet pour l'année 1983 : "Papy fait de la résistance", avec toute l'équipe du Splendid (Clavier, Lamotte, Lhermitte, Balasko, Jugnot etc...). Malheureusement, on connaît la suite...
En janvier 1983, Louis décide de partir en vacances aux Alpes avec sa petite fille Julia. Malheureusement, suite à une grippe il restera alité deux jours.
De retour au château de Clermont, son épouse s'inquiète sérieusement. Louis est de plus en plus fatigué et la fièvre a repris...
Le 27 janvier 1983, il descend comme à son accoutumée dans son jardin, mais dût remonter rapidement, car il se sentit mal.
A 19h30, il est victime d'une crise cardiaque
La nouvelle est rendue publique le lendemain.!