Gérard de Battista est un directeur de la photographie français.Il a notamment signé la photographie de Gazon maudit de Josiane Balasko et a travaillé avec Claude Miller.
Mort en avril dernier après avoir achevé « Thérèse Desqueyroux », le cinéaste n’a pas emporté tous ses secrets d’artistes avec lui. Son chef opérateur, Gérard de Battista, raconte.
Il n’y a pas de grands hommes pour leur maître d’hôtel, mais il y a de grands metteurs en scène aux yeux de leur chef opérateur. Nul n’est mieux placé que le responsable de la photo pour apprécier la lumière qui jaillit de certains hommes. Gérard de Battista a éclairé les quatre derniers films de Claude Miller et, bien sûr, « Thérèse Desqueyroux », dont la lumière est admirable. Miller, mort au printemps juste après avoir mis la dernière main à la version définitive de son film, n’a pas emporté tous ses secrets d’artistes avec lui. La façon dont il s’est entendu avec Battista en dit beaucoup sur sa manière de travailler. « Claude tenait énormément à tourner “Thérèse”. Dans son esprit, l’image devait y être prédominante. Il fallait marquer par la photo les différents climats de l’histoire, tous très différents, puisqu’on avait des scènes de nuit extrêmement sombres, et la clarté lumineuse des moments sur la plage. Compte tenu de l’époque évoquée, ce serait un film d’apparence classique, très différent de “la Petite Lili”, à l’occasion duquel nous nous étions connus. »
Annie Miller, la femme de Claude, venait alors de produire « Un dérangement considérable » (1999), film de Bernard Stora, très vif, dont le héros (joué par Jalil Lespert) est un jeune footballeur professionnel. D’où une caméra très mobile, toujours portée à l’épaule par Gérard de Battista, et, au final, des prises de vues remarquables, qui avaient frappé Miller. Or le cinéaste avait découvert les irremplaçables possibilités du numérique en réalisant « la Chambre des magiciennes » pour Arte, et voulait adapter Tchekhov (« la Petite Lili » s’inspire de « la Mouette ») de façon très moderne, ce que lui offrait la technique de Battista, qui avait appris l’art du reportage avec Jean Rouch. « Je n’ai fait aucune école, explique le chef opérateur, mais je suis allé au lycée avec Serge Moati, qui avait joué un petit rôle dans “les 400 Coups de Truffaut” et ne pensait plus qu’au cinéma. A 14 ans, nous réalisions déjà des films amateurs. Nous passions les jeudis et les dimanches dans les rues à tourner, et le reste du temps dans les cinémas du Quartier latin, à nous gaver de films anglais et (surtout) italiens. Quand nous avons dû choisir entre le cinéma et les études, nous n’avons eu aucune hésitation : il nous était impossible de renoncer à filmer. »
Pour vivre, Battista tourne d’abord des films médicaux, puis son service militaire l’entraîne au Niger, où précisément opère Rouch, qui va le présenter à Pierre Braunberger et Anatole Dauman. Son premier vrai travail de fiction se fait en 1980 sur « le Soleil en face », de Pierre Kast, dont le titre est déjà un défi pour un directeur de la lumière. Suivront une soixantaine de films, comme « Un, deux, trois, soleil », de Bertrand Blier, « Level Five », de Chris Marker, « Vénus beauté (institut) », de Tonie Marshall, « Une affaire de goût », de Bernard Rapp, ou « Roman de gare », de Claude Lelouch. Mais Battista, qui a éclairé plusieurs films de Gérard Jugnot et surtout « Gazon maudit », de Josiane Balasko, passe rapidement pour un excellent spécialiste de la comédie. « Les films drôles sont évidemment les plus difficiles à faire car, sur l’image, tout doit se voir. Si vous voulez, en outre, leur donner une certaine allure, vous devrez accomplir un gros travail. »
Mais l’aspect peut-être le plus important de son talent, c’est la manière avec laquelle Battista sait composer avec les impératifs contraires des auteurs et des comédiens – surtout des comédiennes. « Certains réalisateurs se résignent à ce que leurs films ne soient que des reportages sur des acteurs en train de tourner. Claude Miller, évidemment, était de ceux qui filment des personnages, ce qui ne correspond pas toujours à ce que les interprètes souhaitent montrer d’eux-mêmes. Les acteurs et actrices étaient l’élément le plus important de ses films. “La Petite Lili” a été fait avec un tout petit budget. C’est uniquement la qualité de son casting qui donne cette impression d’abondance. Idem pour “Un secret”. Je peux vous décrire par le menu la façon dont il travaillait avec les techniciens : chaque semaine, il nous donnait un découpage complet des scènes à tourner, avec toutes les positions de caméra et toutes les grosseurs de plan. Il évoluait lui-même, tout seul, dans les décors, faisait ses choix et nous les proposait. Nous faisions parfois quelques suggestions, dont il tenait compte ou non. Puis le tournage se déroulait exactement comme prévu, ce qui lui permettait de se consacrer uniquement aux comédiens. Mais là, je suis incapable de vous révéler le moindre détail, le moindre fait. En effet, après chaque prise, il entraînait les interprètes dans un coin, et leur parlait à l’oreille. » Le cinéma est la plus belle forme d’intimité partagée.
Source info :
http://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9rard_de_Battista
un autre lien ici :
http://www.lapresse.ca/cinema/nouvelles/201207/17/01-4555815-ffm-claude-miller-cineaste-de-linterieur.php