Extraits de l'interview piochée sur tresordupatrimoine.fr/
Euro&Collections : Michel Galabru, à part les films et les pièces de théâtre, que collectionnez-vous ou avez-vous collectionné ?
Michel Galabru : Comme tous les enfants, j’ai collectionné des timbres avec mon frère. Nous avions une véritable passion pour cette collection…/…
Beaucoup plus tard, alors que j’étais déjà comédien, j’ai commencé à collectionner les pièces de 5 francs en argent…./…. J’ai collectionné ensuite les petites voitures, des miniatures. …./….Enfin, aujourd’hui je collectionne les années, et là, ça m’emmerde !… On vieillit, on vieillit, et c’est très embêtant...
E&C : Vous avez collectionné aussi de jolies récompenses : le premier prix du Conservatoire, un César, un Molière, la Grande Médaille de Vermeil de la Ville de Paris…
MG : Des colifichets ! Surtout quand vous vieillissez… Il y a alors comme une espèce de chant d’adieu accompagné de petits cadeaux, de divers honneurs. …/…..j’ai plutôt peiné dans ma vie, j’ai commencé à 100 francs par mois, puis 6 000 francs pour le premier film de la série des Gendarmes. À part les acteurs « bankable », c’est-à-dire ceux qui rapportent de l’argent en tête d’affiche, ce n’est pas facile de traverser la vie pour les artistes. On est toujours sur la corde raide. C’est un métier où tout se fait au téléphone… Si on ne téléphone pas, il ne se passe rien. J’ai quand même passé dix ans sans tourner ! Cela fait juste quatre ou cinq ans que je suis de retour au cinéma. Heureusement, j’ai pu jouer au théâtre... et je ne peux pas me plaindre vis-à-vis de mes petits camarades qui ont plus de talent que moi et ne travaillent pas.
E&C : Est-ce le théâtre ou le cinéma qui vous comble le plus ?
MG : Le théâtre ! Je suis un homme de théâtre. Mais celui d’un autre temps. Autrefois, le Conservatoire avait pour mission de préparer des gens pour la Comédie Française et donc nous avions pour professeurs des grands noms du boulevard ou des sociétaires, parmi lesquels Louis Jouvet ou Denis d’Inès. C’était un enseignement de qualité, car il était transmis par des virtuoses de la profession. Maintenant, c’est très curieux, mais je ne connais pratiquement aucun des enseignants. Je ne sais pas quel enseignement reçoivent les futurs acteurs, il semblerait que cela soit très avant-gardiste, très intellectuel... Mais je n’ai pas à juger, car je n’ai pas approfondi...
En ce qui concerne le cinéma, j’ai eu la chance, je dis bien la chance, car cela m’a apporté en notoriété et par conséquent en travail, d’être aux côtés de Louis de Funès dans la saga du Gendarme de Saint-Tropez de Jean Girault. Encore aujourd’hui, on ne peut pas me rencontrer sans s’écrier : « Gerber ! », du nom de l’adjudant que j’y incarnais. Mais je suis avant tout un homme de théâtre.
E&C : Quel est le rôle qui vous a le plus marqué au cinéma ?
MG : Le rôle pour lequel j’ai reçu le César du meilleur acteur dans Le Juge et l’Assassin. J’ai alors été dirigé par un grand metteur en scène, Bertrand Tavernier. Chaque fois que j’ai tourné avec un metteur en scène de qualité, ce qui fut rare car j’ai souvent été dans des farces assez lourdes, j’ai été nominé pour avoir un César : celui du meilleur acteur dans un second rôle pour Subway, de Luc Besson, et pour Uranus, de Claude Berri.
E&C : Et au théâtre ?
MG : Ceux que j’ai incarnés dans un Conte d’hiver, de William Shakespeare, George Dandin de Molière, Les Poissons rouges, que j’ai déjà évoqué, ou encore dans La Femme du boulanger de Pagnol. Par contre, j’ai toujours rêvé de jouer Les Fourberies de Scapin ou Cyrano de Bergerac.
E&C : Y a-t-il une réplique qui vous a marqué dans votre carrière ?
MG : « Faï de ben a Bertrand, te lou rendra en caguant » ! Elle est en patois et dite par un personnage de La Femme du boulanger... Et il n’y a rien de plus vrai ! L’ingratitude humaine est une chose très répandue. Toutes les personnes à qui j’ai rendu service dans ma vie, soit elles ne s’en apercevaient tout simplement pas, soit l’idée même que j’ai pu un jour les aider leur posait un réel problème. Je crois que les gens n’aiment pas se sentir redevables, tout en estimant que s’ils sont dans le malheur et qu’on ne les secourt pas assez, c’est que nous sommes tous des égocentriques indifférents. Ils nous en veulent aussi car on les a connus dans des situations pénibles. L’homme ne veut pas être reconnaissant, ça l’emmerde. J’ai beaucoup aidé le comédien qui, tous les soirs, donnait cette réplique dans la pièce que je jouais déjà à l’époque et il a été le pire des salopards ! Me traînant aux prud’hommes, m’obligeant pendant près de trois ans à avoir des avocats pour me défendre ! Et c’est ce garçon-là qui proférait cette phrase-là !
E&C : Vous dites souvent que la vie est un théâtre... Quel rôle y jouez-vous ?
MG : Celui d’un pauvre mec... L’innommable dans tout cela, c’est que l’on nous met sur Terre alors qu’on ne l’a pas désiré. Comment ce « Dieu tout-puissant, Créateur du Ciel et de la Terre » a-t-il pu nous mettre sur une Terre aussi inhospitalière avec ses volcans, ses tremblements de terre, ses typhons et ses incendies ? Sans compter les maladies, les virus, les microbes les plus atroces… Quelle horreur ! Et la famine... On ne peut pas dire que le type qui a fait ça soit gentil...
E&C : Êtes-vous athée ?
MG : Je n’en sais rien. Je constate...
E&C : Pouvez-vous nous parler de votre actualité ?
MG : Cela efface les problèmes, mon actualité... Allons à autre chose... Côté cinéma, j’ai donc tourné, cet été, dans le nouveau film de Frédéric Berthe, Les Boulistes, aux côtés de Gérard Depardieu et Édouard Baer. Quant au théâtre, je pars en tournée avec La Femme du boulanger. C’est une pièce que je connais bien pour l’avoir jouée de nombreuses fois.
L’intégralité de l’interview se trouve ici
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