James Cameron voit le jour au Canada, le 19 août 1954. Dès l'enfance, il développe un grand intérêt pour la science-fiction. Lecteur vorace, il lit tout ce qui lui tombe entre les mains. Inventif, il construit très jeune des maquettes et s'intéresse au cinéma. Il commence par réaliser des petits films grâce à la caméra super-8 familiale. Il connaît enfin la révélation de sa vocation devant
2001, l’Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick en 1968.
Il le voit une bonne dizaine de fois et en tire son inspiration. Pourtant, il faut un autre déclic pour qu'il se lance véritablement vers son destin.
Après avoir découvert Star Wars de George Lucas en 1977, il décide que sa vie consistera à faire des films. Il quitte tout pour s'y consacrer enfin. Il commence par réaliser en 1978 un court-métrage où il démontre déjà son aise à user d'effets spéciaux. Cela lui vaut une première reconnaissance et son premier boulot sera de construire des maquettes pour les productions à petit budget de Roger Corman. Cela lui permet entre autres choses, de réaliser un premier film frustrant pour lui (puisque sans budget),
Pirhana 2 : les tueurs volants en 1981.
A la suite de ce chaos naît pourtant un script, celui de Terminator. Cameron dit que l'histoire lui est venue d'un cauchemar à propos d'un robot meurtrier. Le cinéaste pouvait enfin faire ses preuves et imposer sa marque dans le cinéma d'action. A le revoir, ce premier volet est étonnant. Il est d'inspirations très hétéroclites. Le volet science fiction d'abord : l'avenir d'où viennent le fameux Terminator et son poursuivant. On y voit une Terre dévastée, gouvernée par les machines, traversée ça et là par des rayons lasers dévastateurs, les hommes s'y terrant dans des tranchées. Le présent est celui, d'abord insouciant, de Sarah Connor, jeune serveuse à New York pendant les années 80. Bientôt, elle se voit pourchassée par deux hommes, un qui la protège et l'autre qui veut la supprimer pour qu'elle ne donne pas naissance au héros de la résistance humaine à venir. L'histoire est audacieuse. Le traitement inédit, entre cauchemar d'anticipation, thriller et policier. Cameron choisit pour incarner son cyborg exterminateur, l'ancien champion de culturisme Arnold Schwarzenegger qui fait une prestation impassible et glaçante, entrée dans la légende.
Le réalisateur explose les frontières entre les genres, pose des personnages tourmentés et fouillés et explore les relations entre eux. En même temps que des scènes d'action absolument exceptionnelles, il met en scène un spectacle total et émouvant, notamment par le lien qui se tisse entre Michael Biehn et Linda Hamilton. On découvre les thématiques chères au cinéaste : les dangers du progrès, l'humanité fragile et faillible, l'amour comme seul salut et également la hantise d'un avenir apocalyptique.
James Cameron écrit le script de Rambo 2 : la mission. Il insiste ensuite pour réaliser une autre suite à un film d'envergure. Aliens sort en 1986.
L'action domine, effrénée, dans une surenchère permanente. Ripley retourne dans l'espace avec une escouade de militaires gouailleurs et bien entraînés pour affronter non plus une seule créature, mais toute une colonie, défendue par leur mère. L'opus est moins impressionniste que l'original, plus direct, spectaculaire et martial. Le réalisateur s'y sert de grands archétypes, comme le déconneur de service un peu irritant campé par Bill Paxton. Cependant, Cameron confère du souffle à l'ensemble, de l'émotion même, dans la relation avec la fillette ou dans l'attitude de la « reine mère ». L'efficacité alliée à la sensibilité de Cameron continuent de faire merveille.
Auréolé de ses succès, le réalisateur peut se consacrer à son prochain film, Abyss, sorti en 1989, où l'on voit émerger un décor plus que récurrent dans son œuvre : l'océan. Le récit se déroule dans une plate-forme en eaux profondes, troublée par l'arrivée de marines, venus explorer un sous-marin qui a mystérieusement sombré. La cohabitation est mouvementée, d'abord par le fait que les soldats soient accompagnés par l'ex-femme du maître des lieux. Entre Mary Elizabeth Mastrantonio et le toujours impeccable Ed Harris se développe une relation orageuse et passionnelle. Michael Biehn, ici chef des marines, a la fièvre des profondeurs et se laisse gagner par la démence. A cela vient s'adjoindre la manifestation d'une vie extraterrestre sous-marine, prenant vie à l'écran grâce à une utilisation somptueuse -et pionnière- des images de synthèse. Le tournage est difficile : tendu et éprouvant, pour les acteurs et l'équipe. Comme toujours, Cameron compose une histoire totale et ambitieuse, avec une tension et des confrontations spectaculaires où la claustrophobie agit sur les esprits. Le film est surtout riche d'une indéniable sensibilité, les sentiments entre les personnages sont forts et émouvants. Enfin, la nature humaine est encore double : capable de monstruosité (les explosions nucléaires, les guerres, les génocides) et des élans les plus nobles (l'amour et l'altruisme). Le film ne rencontra pas à sa sortie le succès escompté. Il s'est imposé depuis comme une oeuvre d'importance, notamment dans sa version longue.
Terminator 2 : le jugement dernier reprend ces mêmes thématiques en 1991 et marque une évolution par rapport au premier épisode. Cette fois le robot terrifiant (Schwarzenegger) se fait protecteur de John Connor, poursuivi par un T-1000 (Robert Patrick) venu du futur pour l'éliminer. Les scènes d'action sont spectaculaires à souhait (des poursuites à couper le souffle, une tension de chaque instant).
les effets spéciaux sont d'une qualité exceptionnelle (dont une utilisation magistrale du morphing pour l'increvable méchant de l'histoire). Mais c'est avant tout par l'émotion que cet opus se démarque. La fragilité de Linda Hamilton internée dans un asile, le jeune Edward Furlong se trouvant un père de substitution dans le Terminator. Et toujours cette vision troublante dérangeante, d'un avenir inquiétant, où l'humanité a le pouvoir d'oeuvrer à sa propre destruction.
True Lies en 1994 est un intermède réjouissant, lointain remake de La Totale de Claude Zidi. Ici, l'action est décomplexée, jubilatoire et improbable comme dans un James Bond bien troussé. Cameron et Schwarzenegger ont pris le parti de s'y amuser (on voit le héros aussi à l'aise pour chevaucher un avion à réaction que pour danser le tango). Le couple formé avec Jamie Lee Curtis dégage une allégresse naïve et énergique, rappelant les belles comédies d'antan. Encore un exercice de style réussi avec classe et ce soupçon de démesure qui fait tout le panache du réalisateur.
Après cela il participe à l'écriture et à la production de l'excellent Strange days de Kathryn Bigelow (dont il avait déjà produit Point Break, extrême limite). On connaît l'ambition du bonhomme et sa capacité à s'attaquer à des projets épiques et fous, à les tourner en perfectionniste, jusqu'à l'épuisement.
Mais rien n'annonce en 1998 le phénomène que deviendra Titanic, plus gros succès de l'histoire du cinéma. Certes, le thème est porteur, mais il fallait quelqu'un comme Cameron, avec sa sensibilité et son sens du spectacle, pour le transcender.
Plus qu'une vision romantique du naufrage, on retrouve les grands thèmes qui occupent le cinéaste depuis longtemps : les dangers du progrès, l'imprudence de l'homme face à des forces qui le dépassent, l'amour comme seul espoir. Le cinéaste dispose de moyens hors du commun pour reproduire fidèlement le paquebot. Il s'astreint dès l'écriture à une préparation méticuleuse, une immersion totale dans cette histoire. C'est ainsi que l'on retrouve l'âme qu'il sait apporter au spectaculaire. Il crée un jeune couple qui nous attache à ce naufrage. Deux grands acteurs se révèlent dans cet imposant décor, Kate Winslet et Leonardo DiCaprio. Leurs personnages sont pourtant assez simples : il est un artiste désargenté, elle est une aristocrate promise à un mariage sans amour. Mais par leur spontanéité et la dimension très personnelle que James Cameron a donné à Jack Dawson, ils touchent au coeur. Encore une fois, la prouesse est à la fois technique et sensible. Ce film attire tous les superlatifs et fait tomber tous les records.
Après pareille aventure, il se passe un peu de temps avant de retrouver le cinéaste. Il s'attarde sur l'épave mythique dans Les Fantômes du Titanic. Il se consacre au documentaire pendant un temps (dont un consacré au vaisseau de guerre le Bismarck, dont il explore l'épave au fond de l'Atlantique). Il crée une série télévisée, Dark Angel en 2000 dont il réalise quelques épisodes. On parle de son projet, fascinant, de raconter l'éruption du Vésuve durant l'Antiquité. Enfin il porte en lui depuis des années un projet ambitieux et révolutionnaire dans sa conception, Avatar.
James Cameron a toujours su livrer des films riches et divertissants, innovants techniquement (il fut l'un des premiers à utiliser avec brio les images de synthèse), et profondément émouvants. Il a aussi souvent montré une nature humaine contrastée dans des productions souvent épiques, hors du commun. Il est un artiste qui s'est consacré totalement à ses films, pour qu'ils correspondent à sa vision, n'acceptant pas de la laisser compromettre.
Pour son Avatar, il a attendu que la technologie soit à même de rendre justice à l'histoire qu'il voulait raconter. Il est un réalisateur certes peu prolifique, mais son oeuvre est assurément celle d'un visionnaire qui a marqué son temps et l'histoire du cinéma.
source : ecran large.com