L'Incomprise, c'est l'histoire
d'Aria, une petite fille de 9 ans qui doit faire face à la séparation très
violente de ses parents. Au milieu de leurs disputes, mise à l’écart par ses
demi-sœurs, elle ne se sent pas aimée... Dans ce 3e long métrage d'Asia Argento, Charlotte Gainsbourg
incarne une mère au caractère très fort.
L'Incomprise se présente comme une chronique douce-amère, avec des instants
féroces, émouvants ou parfois très drôles. Outre le casting d'enfants, tous
épatants de naturels, on retrouve Charlotte Gainsbourg, pour la première fois
dans un rôle en italien. Une expérience à part qu'elle a accepté grâce à la
confiance accordée par Asia Argento, la réalisatrice...
On vous avait déjà vu vous lâcher pour
certains rôles, mais là, ça semble encore quelque chose de nouveau pour vous
!
C’est nouveau, oui ! Je ne me faisais pas confiance pour jouer le rôle. Je
n’avais pas l’impression d’avoir les épaules et d’avoir cette autorité que je
lisais. J’avais l’impression qu'Asia pouvait le jouer, très facilement. J'avais
l'impression qu'elle avait cette maturité, cette assurance, donc c’était à
fabriquer et je n’étais pas sûre d’y arriver. Et puis l’italien m’angoissait
beaucoup parce que je ne le parle pas. Je le comprends maintenant. J’avais
l’impression que le rôle ne marchait que si on avait une vraie aisance avec la
langue.
C’est très drôle d’entendre parler italien quand on a toutes ces références
d’acteurs qui tchatchent, qui hurlent et je ne me voyais pas du tout le faire.
Mais elle me faisait tellement confiance, tellement persuadée que j’allais y
arriver que je me suis laissée convaincre. J’étais très heureuse. J’adorais le
rôle et le scénario. On a fini par y arriver parce qu’il fallait en plus tout
condenser sur 6 jours. C’était assez compliqué.
Mais en voyant le film, je vois trop de choses que je n’ai pas réussi ! La
langue par exemple. Après ce sont des critiques que je me fais. Peut être qu’il
ne faut pas en parler mais ça ne me gêne pas plus que ça… Je dois progresser !
Il faut toujours progresser, c’est bien !
Donc le travail de direction d’actrice
d’Asia a consisté à vous mettre en confiance…
Oui de me dire qu’elle me voyait. Elle avait un tel amour pour ce rôle, alors
que ce personnage est tellement antipathique. Elle la sublimait dans son regard.
Je pouvais presque croire que j’étais quelqu’un de bien !
Et puis, c’était quand même drôle, d’être grimée à ce point, d’avoir ces
costumes hyper excentriques, parfois de super mauvais goût, cette perruque...
Tout était fait à l’italienne, je ne peux pas le dire autrement ! Et donc de
jouer le jeu, c’était très jouissif ! D’avoir été prise dans ce tourbillon
pendant 6 jours, je n’avais pas le temps d’avoir du recul. Il fallait se jeter à
l’eau et c’est bien que ça se soit fait comme ça !
Asia avait un vrai désir de tourner avec
vous. En interview, elle explique qu'elle vous a remarqué dès "L'Effrontée"…
Vous avez par la suite tourné ensemble dans "Do not disturb". L'idée de cette
collaboration a-t-elle eu lieu à ce moment ?
Non. Au moment de Do not disturb, j’ai eu
l’impression d’avoir une révélation en la voyant parce que j’ai adoré jouer avec
elle, j’ai adoré être amoureuse d’elle. Tout ça m’amusait vraiment énormément,
surtout sous le regard d’Yvan Attal
(rires). C’était une super expérience !
Après, je n’attendais qu’une chose, c’était de pouvoir la retrouver. Alors
quand elle m’a appelé, c’était une surprise totale. Elle m’a appelé par le biais
d’Yvan. J’ai lu son scénario, sans qu’on se soit parlés, et je l’ai appelée
immédiatement, en lui disant que j’adorais mais que je ne savais pas si j’en
étais capable.
En quoi ce tournage a-t-il été spécial
pour vous ?
D’être aimée à ce point. C’est rare de se sentir autant aimée, c’est aussi
simple que ça. Je n’ai pas ça avec d’autres metteurs en scène. Elle n’a pas de
pudeur à l’exprimer. Parce qu’elle sait aussi qu’on est très vulnérables en tant
qu’acteurs. Elle comprend les mécanismes, elle est actrice aussi. Donc oui, ça
c’était surprenant et très agréable. Elle a une telle énergie que c’est un vrai
moteur sur le plateau. Elle générait un enthousiasme. On était tous à l’écoute,
on était tous très amoureux d’elle aussi.
Dans son rapport avec Giulia Salerno,
elle était également très protectrice, et en même temps, en lui demandant un
vrai boulot. C’était dur pour Giulia, elle avait des journées très intenses,
mais on sentait qu’elle avait un plaisir à jouer, un plaisir à être là, qu’elle
admirait Asia. On sentait le plaisir et la chance d’être là.
J’ai trouvé ça très touchant d’être témoin des émotions de Giulia. Elle était
tellement volontaire, tellement dans un soucis de perfection, mais sans se
prendre au sérieux du tout, avec en plus toute l’innocence d’un enfant. Elle
était hallucinante à regarder. Elle était très bouleversante. Et aussi le fait
qu’Asia joue avec sa propre fille, Anna Lou Castoldi
joue la sœur, celle du milieu. Et de voir un rapport entre Asia et sa propre
fille. C’était à part comme expérience.
Un mot sur un film très attendu que vous
avez tourné dernièrement, "Samba" de Toledano et Nakache. Pouvez-vous nous
parler de cette expérience ?
J’étais très en attente d’un film comme ça, d’une comédie, qu’ils puissent me
faire confiance sur ce genre de films, avec Omar Sy. Tout ça
était très excitant ! Après, ça a été un tournage vraiment été scindé pour moi,
puisque j’ai eu l’expérience avant la mort de ma sœur, et après. Après, c’était
un cauchemar. Avant, c’était très joyeux, très léger. Je passais du poids de Lars Von Trier
(ndlr : Nymphomaniac est sorti cette
année) à ça qui était à l’opposé. C’est pas mal de faire des comédies, ça
fait du bien !
http://www.allocine.fr/article/fichearticle_gen_carticle=18634250.html