Elle fut la dernière compagne de Coluche. Fred Romano publie un roman où elle raconte ses quatre années avec le comédien. Entre paradis et enfer.
La couverture est rose, le titre aguicheur. Mais circulez, ce n'est pas du-X. «Le film pornographique le moins cher du monde», roman de la dernière compagne de Coluche, Fred Romano, aurait pu être écrit en rouge et noir. Les couleurs de la passion. Car c'est d'une aventure passionnelle qu'il s'agit, entre une gamine et une vedette.
La gamine, c'est «la grande Fred», et la vedette, Michel Colucci, alias Coluche.
Fred Romano a vécu avec l'amuseur public numéro 1 pendant quatre ans, de 1981 à 1985.
Elle a alors 19-ans, travaille dans un sex-shop de la rue Saint-Denis, et rencontre Coluche aux Bains-Douches. A ce moment là, il est seul. Il vient de divorcer ; ses enfants lui manquent. Sa carrière artistique est au point mort. «Quand je l'ai connu, il était au plus bas.
Il venait de se prendre une grande claque aux élections présidentielles. C'était quelqu'un de terriblement malheureux», raconte Fred.
On croise Carole Bouquet, Agnès Soral, Patrick Dewaere...
Coluche embarque immédiatement la «sale gosse». Direction la Belgique, puis New-York. La Guadeloupe, où Coluche possède une maison avec Patrick Dewaere. Puis la Tunisie, où il va tourner «Deux heures moins le quart avant Jésus Christ», sous la direction de Jean Yanne. Pour le public, le film sera une comédie. Mais le tournage, c'est beaucoup moins drôle. Jean Yanne et Coluche ne s'entendent pas. Entre Fred et Coluche, la romance tourne au vaudeville.
A la scène, Coluche était irrésistible. Mais dans le livre de la «grande Fred», le masque du clown tombe. «Il y a eu trop de biographies sur Coluche...
Trop de témoignages de gens qui se sont prétendus être ses amis. Moi, je ne prétends pas détenir la vérité. Mais ce que je raconte, c'est ce que j'ai vécu avec lui». Sa vie avec Coluche est un tourbillon. L'héroïne du roman, c'est la cocaïne. Coluche se drogue. Elle descend aux enfers avec lui. Leur histoire d'amour est parfois tendre. Souvent violente.
En Tunisie, il la laisse tomber pour une figurante blonde.
A Paris, il l'abandonne dans un commissariat. A part ça, en Guadeloupe, la mer est bleue.
«Entre nous, le contrat était implicite. Je suis contre la propriété des corps. Mais cela n'empêche pas les sentiments, la jalousie. Nous avons vécu une passion, avec des moments très durs, et des choses magnifiques».
La part du rêve, c'est le Coluche généreux qui lui fait découvrir le monde. Les cadeaux.
Coluche offre des bijoux à la grande Fred. Sa maison est grande ouverte aux amis. Dans le livre, on croise Carole Bouquet, Agnès Soral, Patrick Dewaere... Les vedettes du showbiz et celles de la politique.
Jacques Séguéla, Jacques Attali, Bernard Tapie... et François Mitterrand.
La rencontre entre l'ancien Président de la République et Coluche est complètement ratée. Chez Attali, à Neuilly, François Mitterrand va humilier Coluche. Il ne le prend pas au sérieux. S'en méfie. Et puis après le repas, la grande Fred a allumé un joint sous le nez du président. Ce qui fait tousser Madame Attali.
Sur la lancée de sa candidature aux présidentielles, Coluche cherche des appuis pour venir en aide aux plus démunis.
«Vous avez entendu parler d'Harlem Désir ?, lui répond le président, ce petit jeune fait des choses intéressantes... Vous devriez le rencontrer... Peut-être pourriez-vous envisager une action commune ?».
Véronique : «Pourquoi faut-il que vous fassiez la course à la mort ?»
Coluche ne parvient pas à obtenir le soutien de François Mitterrand. Les Renseignements généraux, croit-il, le surveillent. A la terrasse d'un café, en plein Paris, il se fait casser la figure. Chez Michel Polac, à la télévision, il se fait lapider en direct... Dur, la vie d'artiste.
Sa carrière, pourtant, est relancée. Grâce au cinéma, et à Claude Berri, qui lui offre ce rôle si poignant dans «Tchao Pantin». De 1981 à 1985, Coluche enchaîne les tournages. Il commence aussi, sans doute, à réfléchir aux actions de solidarité qu'il pourrait susciter. Mais des «Restos du Cur», la grande Fred n'en parle pas : «Sur ce sujet, je ne dirai rien».
Pour éviter, sans doute, d'évoquer le rôle de Véronique, l'ex-femme de Coluche. Les relations entre les deux femmes ne sont pas des meilleures. Un jour, Véronique Colucci lance à Fred : «Pourquoi faut-il que vous fassiez la course à la mort ? Vous êtes tous les deux des monstres».
A la mort de Coluche, l'entourage de la vedette met en cause ses relations suicidaires avec Fred : «J'ai été obligée de fuir la France et de me réfugier à Barcelone. Je me suis désintoxiquée. Aujourd'hui, je fais du vélo, et je travaille dans l'informatique».
Dans son livre, Fred Romano impute le désespoir de Coluche au suicide de Patrick Dewaere.
Michel Colucci commence ses courses folles à moto, et lui dit : «Il faut que je me dépasse moimême. Absolument besoin...
Patrick, c'était plus qu'un frère... un jumeau, c'est con à dire, non : il était tellement beau, et moi tellement moche».
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