Votre parcours cinématographique est aussi singulier : vous êtes plus connu aux Etats-Unis qu'en France. Pourquoi selon vous ?
Je n'ai pas beaucoup communiqué. Je suis parti de France avec La Haine qui reste un film culte pour toute une génération de Français. Après l'accueil du film, je me suis rendu compte qu'il allait être difficile de vivre ici. Grosso modo, si je n'étais pas parti aux Etats-Unis, je pense que je n'aurais rien fait. En France, je ne pense pas que l'on soit prêt d'avoir un Barack Obama comme président. En 2009, les minorités restent toujours aussi mal représentées au cinéma comme ailleurs. Souviens-toi des polémiques lorsque Harry Roselmack est arrivé au JT de 20 heures sur TF1. Ce n'est pas évident lorsque tu es confronté à cette ségrégation latente. Encore aujourd'hui, je suis Français et je fais partie de ceux que l'on appelle les « minorités visibles à l'écran ». Et s'il faut séduire et baisser son pantalon dans tous les sens, ne serait-ce que pour exister deux secondes, tu perds ton âme. Donc tu vas essayer de tenter ta chance ailleurs en espérant que ça change parce que tu aimes la France. J'ai conservé beaucoup d'amour et de passion pour ce que je fais. J'ai du mal à accepter les clichés, les stéréotypes. J'ai besoin de croire à ce que je fais et je n'ai pas envie de servir les entreprises d'abrutissement collectif. Je ne veux pas non plus « desservir ma communauté » en acceptant n'importe quel type de personnage et me jeter comme un malheureux combattant pour quelques milliers d'euros. Il faut de la conviction, de la réflexion, de l'éducation...
Quel genre de scénario vous recevez aujourd'hui ?
Je n'ai pas beaucoup communiqué. Je suis parti de France avec La Haine qui reste un film culte pour toute une génération de Français. Après l'accueil du film, je me suis rendu compte qu'il allait être difficile de vivre ici. Grosso modo, si je n'étais pas parti aux Etats-Unis, je pense que je n'aurais rien fait. En France, je ne pense pas que l'on soit prêt d'avoir un Barack Obama comme président. En 2009, les minorités restent toujours aussi mal représentées au cinéma comme ailleurs. Souviens-toi des polémiques lorsque Harry Roselmack est arrivé au JT de 20 heures sur TF1. Ce n'est pas évident lorsque tu es confronté à cette ségrégation latente. Encore aujourd'hui, je suis Français et je fais partie de ceux que l'on appelle les « minorités visibles à l'écran ». Et s'il faut séduire et baisser son pantalon dans tous les sens, ne serait-ce que pour exister deux secondes, tu perds ton âme. Donc tu vas essayer de tenter ta chance ailleurs en espérant que ça change parce que tu aimes la France. J'ai conservé beaucoup d'amour et de passion pour ce que je fais. J'ai du mal à accepter les clichés, les stéréotypes. J'ai besoin de croire à ce que je fais et je n'ai pas envie de servir les entreprises d'abrutissement collectif. Je ne veux pas non plus « desservir ma communauté » en acceptant n'importe quel type de personnage et me jeter comme un malheureux combattant pour quelques milliers d'euros. Il faut de la conviction, de la réflexion, de l'éducation...
Quel genre de scénario vous recevez aujourd'hui ?
Récemment, j'ai reçu une proposition de la série Lost. Il ne reste plus qu'une saison parce qu'à la sixième, ils arrêtent. Je ne suis pas encore sûr de faire la sixième mais je vais voir. J'étais content qu'un mec comme JJ Abrams me plébiscite alors qu'il y a des milliards d'acteurs au monde. Et puis c'est classe d'être guest dans une série télé. Souvent les apparitions sont marquantes. Pour prendre un exemple, quand on voyait Starsky et Hutch, on se souvenait du guest. Au moment où ça commence à prendre forme pour moi dans le cinéma international, je trouve ça cool. Lost est une série qui reste mystérieuse. Moi-même, je n'en sais pas grand-chose. Je suis parti à Hawaï, j'ai adoré ça, je me suis mis dans le surf. A fond. Et j'ai découvert une île magnifique. Je suis fan de série télé. Quand j'étais petit, je regardais Kojak, Magnum... Aujourd'hui, je ne suis pas si sûr que l'on ait cette qualité-là. Tout est trop calibré aujourd'hui pour moi, en tant que spectateur, mais il y existe aussi des trucs incroyables comme Les Soprano, 24 heures chrono, Sur écoute ou encore The Shield.
Vous serez prochainement dans GI Joe...
GI Joe, c'est fait pour déchirer le monde entier par les mecs de Transformers et ils ne rigolent pas. GI Joe est l'un des héros préférés des Américains. Je l'ai connu à travers le dessin animé. Je suis de cette génération Goldorak/Albator. Nicky Larson, ça me faisait délirer aussi. Je joue l'un des quatre GI Joe dans un film à 200 millions de dollars. Cela a réclamé sept mois et demi de tournage. C'est plus fort que Pirates des caraïbes et moi je joue Breaker, un personnage qui n'a pas de connotations. Pour moi, c'est une nouvelle victoire. C'est un rêve de gosse pour un mec qui vivait en banlieue parisienne et dont le père était maçon. La force de l'amour et de la passion, sans copinage, sans baisser son froc. C'est le timing, c'est la chance, c'est ce que tu veux mais je remercie tous les jours le bon Dieu en gardant les pieds sur Terre autant que possible. J'essaye de rester le plus sage possible. C'est ma façon de dire merci. D'ailleurs, je travaille depuis très longtemps et c'est seulement maintenant que l'on commence à me demander en interview. Je n'ai pas envie d'aller à la télé raconter ma vie alors que bon, La haine, ça reste l'un des meilleurs films français de ces vingt dernières années.
Que reste-t-il de La Haine aujourd'hui ?
Il en reste un film qui a marqué deux trois générations au fer rouge. C'est encore d'actualité, plus qu'on le pense. On est encore dedans. Ça parle d'immigration française, de prolétariat. Il y a eu un avant et un après. Ça a été un catalyseur, un déclencheur de plein de choses, même pour le hip-hop en France. La compil du film a été un carton. Ça a été une locomotive qui tire des wagons.
Vous revoyez les acteurs du film ?
Non. Sans pour autant être brouillé avec eux. Je sais que Vincent et Mathieu se sont battus à l'entrée d'une boîte au festival de Cannes. Mais à un moment donné, j'ai décidé tout seul comme un grand de tracer ma route. J'ai rencontré Mark Wahlberg qui est devenu mon frère et qui m'a emmené avec lui. Après, chacun fait son truc. On n'est pas du même monde. Vincent, il avait un père connu, une grande star. Il n'a pas grandi comme moi, c'est différent. Je ne reproche rien à ça mais je remets juste dans le contexte. Si je ne suis pas mort, si je ne suis pas en prison, c'est grâce au cinéma. Après ma carrière fascine pas mal. Ça reste 17 ans de taf. 17 ans de taf pour apprendre l'anglais et connaître des gens. J'ai fait des petits films comme Marrakech Express avec Kate Winslet. Là-bas, ils ont reconnu mon talent. Mais à Hollywood, il faut savoir s'entourer, trouver la bonne équipe. Ce n'est pas une science exacte, crois-moi. Je me remets toujours en question, je reste humble, je ne suis pas présent dans les médias mais les gens suivent de loin. Bizarrement, quand tu évolues à l'étranger, ça frappe plus les gens. Sans t'en apercevoir, tu commences à avoir des retours. Il y a toujours à découvrir parce que chaque film est un nouveau challenge.
Propos recueillis par Romain Le Vern – 03-02-2009 - http://www.dvdrama.com/
Fils d'émigrés marocains, Saïd Taghmaoui abandonne assez tôt les études pour pratiquer la boxe à un niveau national. Souhaitant devenir acteur, il s'illustre dès 1994 dans Frères : la roulette rouge d'Olivier Dahan, un film TV diffusé sur Arte.
La même année, Saïd Taghmaoui fait la rencontre de Mathieu Kassovitz avec qui il coécrit le scénario de La Haine, un long métrage qui reçoit le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1995. Il joue d'ailleurs l'un des rôles principaux, celui de Saïd, un jeune Beur banlieusard. Après ce film à grand retentissement qui le révèle au public français, il prend des cours de théâtre pour améliorer son jeu d'acteur et étudie les langues pour devenir un comédien de renommée internationale. Après Héroïnes (1997) de Gérard Krawczyk, il tourne au Maroc Marrakech Express, un drame sentimental avec Kate Winslet.
Saïd Taghmaoui fait par ailleurs partie des rares acteurs français qui ont réussi à percer à Hollywood. On le voit interpréter en 1999, aux côtés de George Clooney et Mark Wahlberg, un soldat irakien dans le corrosif Les Rois du désert. Sniper suicidaire dans Entre chiens et loups (2002) d'Alexandre Arcady, il poursuit sa carrière internationale, apparaissant tour à tour dans Spartan (2003), Wanted, L'Homme de la Riviera, Hidalgo (2004) et Angle d’Attaque….
Fils d'émigrés marocains, Saïd Taghmaoui abandonne assez tôt les études pour pratiquer la boxe à un niveau national. Souhaitant devenir acteur, il s'illustre dès 1994 dans Frères : la roulette rouge d'Olivier Dahan, un film TV diffusé sur Arte.
La même année, Saïd Taghmaoui fait la rencontre de Mathieu Kassovitz avec qui il coécrit le scénario de La Haine, un long métrage qui reçoit le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1995. Il joue d'ailleurs l'un des rôles principaux, celui de Saïd, un jeune Beur banlieusard. Après ce film à grand retentissement qui le révèle au public français, il prend des cours de théâtre pour améliorer son jeu d'acteur et étudie les langues pour devenir un comédien de renommée internationale. Après Héroïnes (1997) de Gérard Krawczyk, il tourne au Maroc Marrakech Express, un drame sentimental avec Kate Winslet.
Saïd Taghmaoui fait par ailleurs partie des rares acteurs français qui ont réussi à percer à Hollywood. On le voit interpréter en 1999, aux côtés de George Clooney et Mark Wahlberg, un soldat irakien dans le corrosif Les Rois du désert. Sniper suicidaire dans Entre chiens et loups (2002) d'Alexandre Arcady, il poursuit sa carrière internationale, apparaissant tour à tour dans Spartan (2003), Wanted, L'Homme de la Riviera, Hidalgo (2004) et Angle d’Attaque….
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