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lundi 11 avril 2016

Bertrand Tavernier : "Le western, c'est le contraire du libéralisme

Le réalisateur de "Quai d'Orsay" lance, chez Actes Sud, une collection de romans qui ont inspiré les plus grands westerns. Il s'en explique dans "l'Obs" cette semaine. Extrait

Le Nouvel Observateur Quel est votre premier souvenir de western?
Bertrand Tavernier Quand j'étais petit, à Lyon, mon père m'emmenait souvent au Triomphe voir des films de guerre et des westerns. Il voulait sans doute me montrer, lui qui était lié aux milieux littéraires, qu'il ne considérait pas le cinéma comme un divertissement inférieur. Il n'y avait d'ailleurs pas que les films qui m'enchantaient à l'époque, il y avait aussi tout le déroulement des séances. Le dessin animé, qui devait être un «Bugs Bunny», la présentation du film de la semaine suivante. 
Ces romans qui sont à l'origine de beaucoup des grands westerns que vous avez aimés ne sont-ils pas assez conservateurs, avec par exemple une image péjorative des Indiens?
Pas toujours, non. Dans «Terreur apache», Burnett est fidèle aux personnages qu'il décrit, jusque dans leurs préjugés. C'est aussi vrai de tous ses romans noirs, car il était aussi un spécialiste du genre. Quand tel et tel personnage, issus de différentes ethnies, se vomissent mutuellement, Burnett le garde, parce que c'est la vérité du monde qu'il connaît. Donc il n'édulcore pas.
Ça ne veut pas dire qu'il les approuve. Dans «Terreur apache», il montre l'état d'esprit d'un éclaireur en 1882, pour qui les Apaches étaient des gens d'une cruauté inouïe. Mais quand Burnett parle des Indiens en son nom, il explique qu'ils étaient, comme les Spartiates, parmi les plus grands guerriers de l'histoire.
Si vous prenez le chef-d'oeuvre d'Aldrich, «Fureur apache», avec Burt Lancaster, un des plus grands westerns des années 1970 et une extraordinaire allégorie sur la guerre du Vietnam, c'est un peu pareil. Il y a un personnage de colon que les Indiens ont écorché vif, et non seulement ça, mais ils lui ont mis la queue d'un chien dans la bouche. Quand on demande à Lancaster pourquoi ils ont fait ça, il répond: «Humour apache.»
Pourquoi le western est-il aussi en vogue ?
Parce qu'il y a une fascination, dans un monde qui s'est sururbanisé, pour cet univers. Il y a tout dans un western. Même dans nos négociations à Bruxelles, on a souvent utilisé la philosophie du western, parce que c'est le contraire du libéralisme à tout crin. On expliquait ça aux négociateurs américains.
Dans tout bon western, les cattle barons veulent un droit de pâture universel pour leurs troupeaux, et se heurtent aux éleveurs qui installent des clôtures. Et les westerns disent que les éleveurs ont raison. C'est ce qu'on leur expliquait: vous prêchez contre votre propre cinéma.

Si les hommes politiques allaient voir davantage de westerns, ils apprendraient à mieux nous défendre contre les gens d'internet qui sont les cattle barons d'aujourd'hui. Des gens qui ne respectent aucunement la propriété d'autrui. [...] 

Rencontre avec Bertrand Tavernier lien vers interview http://www.franceculture.fr/emissions/les-tetes-chercheuses/la-litterature-western-avec-bertrand-tavernier

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