Toute l'histoire de la série de Kad et Olivier et 4 épisodes en streaming !
En janvier 1998, France 2 donne la possibilité à Kad et Olivier, alors jeunes membres de l’équipe de Réservoir Prod, la boîte de Jean-Luc Delarue, de produire leur propre série. Racontant les coulisses d’une émission de télévision, « Les 30 dernières minutes »
voici l'excellent article pioché sur le net
LES 30 DERNIERES MINUTES Par Dominique Montay
10 décembre 2007
Kaddour Merad et Olivier Baroux, trublions de l’émission (bandes-annonces détournées, sketches divers), aidés en cela par Florian Gazan, à l’écriture, et Tania de Montaigne, au casting (chroniqueurs chez Delarue), lancent le projet « Les 30 dernières minutes ». Mais France 2, déjà frileuse quand il s’agit de diffuser des séries étrangères qui ne se passent pas dans un hôpital avec George Clooney dans le rôle principal, s’avère encore l’être encore plus pour une production maison. « Les 30 dernières minutes » sera diffusée aux alentours de minuit, le samedi soir. De cet horaire tardif, l’équipe en tire un avantage considérable, la liberté de ton, et un désavantage tout aussi énorme, presque personne ne va regarder cet OVNI télévisuel bourré de qualités et qui préfigure la suite de la carrière de Kad et O. En fait, la situation des « 30 dernières minutes » se résume par un fait tout simple : si elle a vu le jour, c’est que l’émission de Delarue avait été amputée de 30 minutes pour faute d’audiences correctes. Devant ce temps à la chaîne, Réservoir Prod décide, sous l’impulsion de Kad, Olivier, Florian Gazan et Christophe Janin, réalisateur, de fournir ce temps en fiction.
Hervé Eparvier, Fred Le Bolloc’h (le frère d’Yvan), Kaddour Merad, Olivier Barroux et Florian Gazan sont les auteurs de la série. Toujours cités au générique, la série a été écrite de manière collégiale, même si Florian Gazan a surtout été présent aux prémices et si Hervé Eparvier, sans être crédité comme tel, agissait comme un directeur de collection, prenant la série très à coeur. La réalisation est confiée à Christophe Janin, un réal de sujets télé, qui réalisera le tout avec les moyens du bord, n’évitant pas de frôler le cheap de temps à autres, mais toujours en essayant de mettre le tout en image de manière inventive, une vraie volonté de filmer comme du cinéma et pas comme une sitcom traditionnelle.
Les personnages récurrents sont tous interprétés par des inconnus, en dehors de Kad, Olivier, Florian Gazan et Tania de Montaigne.
Kad est Darius, animateur vedette de l’émission phare, ancien bonimenteur sur les marchés, remarquable VRP, il est plus embauché pour son bagout et sa faculté à vendre n’importe quoi à n’importe qui que pour son CV. Kad maîtrise son sujet, alors qu’il n’est pas encore devenu ce comédien que tout le monde s’arrache aujourd’hui. Dans « Les 30 dernières minutes », il surjoue, en fait des tonne, mais sert le propos ouvertement parodique de l’ouvrage. Kad interprêtera aussi des rôles d’intervenants dans les reportages de l’émission, dans des structures de sketches bien connus des fans de Kad et O.
Olivier est Benoît « Ben » Coudraux, le rédacteur en chef de l’émission, celui qui fait tampon avec le grand boss, qui motive ses troupes et valide le contenu. Olivier s’en sort très bien dans un rôle sur mesure, même si la qualité première du garçon n’est pas tant le jeu que l’écriture. Lui aussi participe à ces faux reportages et prête sa voix pour les bande annonces détournées.
Florian Gazan est Florian (Gazan ?). Florian repère les sites internets les plus farfelus (gobage de flambys, site sur le pet…) pour en parler dans l’émission. Florian est tout sauf un comédien. Il s’en sort cependant pas trop mal, et bénéficie surtout du capital sympathie du casting qui aide à ne pas trop prêter attention au jouer faux ambiant. Et en même temps, il joue son propre rôle, quelque part, donc…
Tania de Montaigne est Tania (de Montaigne ?... vous avez compris), chroniqueuse dans l’émission dont la spécialité est de diffuser des extraits de films pornographiques où il ne se passe justement rien de porno. Elle est dans le même cas de figure que Florian. Chroniqueuse d’abord chez Bonaldi, puis chez Delarue, elle livre une copie loin d’être mauvaise.
Stéphane Troadec est Patrick Mermoz, le reporter de l’extrême, celui qui va chercher les intervenants les plus connus (Plastic Bertrand, si-si) ou pathétiques (cf tous les personnages interprétés par Kad et O). Il est aussi un fan absolu de Dolly Parton (pour les ignares ou les chanceux, Dolly Parton est une chanteuse de country aux protubérances mammaires tout bonnement ahurissantes). Stéphane est comédien venant à la base du théâtre.
Fanny Paliard est Lisa. Ancienne dame pipi de la maison de la radio, c’est elle qui assure la programmation de l’émission, car grâce à son ancien métier, elle connaît tout le monde. Elle est amoureuse de Ben et veut appeler son psy à n’importe quel moment un peu compliqué de la journée. La jolie Fanny est comédienne, et après les tâtonnements du début, deviendra plus à l’aise avec son personnage avec le temps, réussissant progressivement à adhérer au ton de ses collègues, dans l’excès et la parodie.
Florence Maury est Agrippine (- Agri ?... – Pine ! Agrippine !), est la secrétaire de rédaction de l’émission. Totalement nymphomane, elle voue un culte à Yvan Le Bolloc’h et possède sur son bureau un cactus qui ressemble à s’y méprendre à des attributs génitaux masculins. Florence est elle aussi comédienne et se sort très bien de son rôle, réussissant à donner de la vie à un personnage très caricatural au départ (femme à lunette, nympho… je vous laisse faire le calcul).
Eric-Laurent Lecouffe est Robert Jafar, le producteur de l’émission. Le méchant de la série. Sans éthique, prêt à tout pour l’argent, il est aussi l’ogre que tout le monde craint et à qui il est impossible de réclamer quelque chose. Eric-Laurent est tout le temps dans l’outrance, nécessaire à un personnage qui fait plus penser à un méchant de James Bond qu’à un être humain réaliste. Il quittera la série assez tôt.
Mathieu Lagarrigue est Jean-Marc Vador, le remplaçant de Jafar. Vador est un redresseur fiscal qui récupère la boite de production après la fuite de Jafar pendant l’épisode 7. Rongé par les tics, n’y connaissant rien à la télé, il n’est cependant pas aussi méchant que Jafar, bien que son nom puisse le suggérer. Lagarrigue est tout aussi caricatural que Lecouffe, appuyant un tic facial presque continuellement.
Thomas Baudry est Gamin, le stagiaire, qui passe son temps à réclamer des tickets restaurant, en vain. Pas grand-chose d’autre à dire de son côté, le rôle étant très secondaire si ce n’est que le garçon (qui était réellement stagiaire à Réservoir Prod à l’époque), après des débuts très moyens, s’en tirera plutôt bien au final, ne donnant pas l’impression d’être devenu un comédien en 26 épisodes, mais transmettant bien son enthousiasme de participer à telle aventure.
Un bien bel ouvrage
La structure est immuable. On démarre sur un face caméra d’un personnage de l’épisode qui introduit ce qui va se passer, finissant invariablement son intervention par la phrase « les 30 dernières minutes ». Le générique, signé Vincent Belle, un acteur compositeur, est très percutant et réussi, mettant tout de suite dans l’ambiance. L’épisode raconte la journée avant la diffusion de l’émission, se déroulant à 95% dans les bureaux de Réservoir Prod. Le récit est parsemé d’autres face caméra en aparté, certains se permettant le luxe de continuer après le « coupez », insérant donc des éléments de bêtisier en plein milieu de l’histoire. L’épisode se termine sur Darius, entrant sur le plateau (baigné dans une lumière aveuglante).
Les épisodes sont au nombre de 26, et leur qualité varie du pas mal au vraiment drôle. Le côté systématique de certains épisodes (Ben va voir un à un les intervenants pour recueillir leurs idées pour l’émission), se perd assez rapidement pour offrir des axes de narrations différents. Dès le 1x02 Prise d’otages à la rédaction, on a le droit à un caméo de luxe, Yvan le Bolloc’h. Yvan prend en otage l’équipe pour retrouver du temps d’antenne. Elle fait écho à la carrière du bonhomme, qui à l’époque connaissait une période noire, et offre de bons moments d’humour. Le départ de Jafar 1x07 Le meurtre de Jafar, offre une belle démonstration d’humour référentiel, chaque membre de l’équipe, cherchant à élucider la disparition de leur chef, s’inspire d’un grand flic de la télé. Le 1x08 Darius et Lisa séquestrés, nous montre Kad et Fanny Paliard aux prises avec des paysans mongoloïdes, trop contents d’avoir un animateur rien que pour eux. Dans 1x13 Darius invisible, Darius disparaît aux yeux de ses collègues après avoir bu un liquide étrange. Après tout un départ jouant sur son inivisibilité, le réalisateur Christophe Janin apparaît à l’écran pour nous annoncer qu’à partir de maintenant, Darius sera visible à nos yeux… et coloré en bleu. Un procèdé qui confine au ridicule et provoque de beaux éclats de rires. Hélàs, trop peu d’épisodes sont disponibles au visionnage et les plus grands fans de la série cherchent encore des enregistrements de la période France 2, c’est-à-dire, sans rires enregistrés.
« De toute façon en fin de programme
même la mire a fait mieux que nous ! »
Benoit Coudraux
L’ensemble forme un tout assez cahotique et très variable dans la qualité. L’épisode 1x12 Le Journaliste sportif, traduit assez bien les défauts de la série. Afin d’obtenir le poste de journaliste sportif, Agripine se grime en homme. Le sujet de base est ultra-bateau, très convenu pour une sitcom, et donne lieu à des scènes assez moyennes, excepté un gros morceau de bravoure : le match de foot, qui donne des petits bijoux de moments burlesques et non-sensiques. Pour certains épisodes, la structure l’emporte sur le gag de manière réciproque à l’exemple pré-cité. Mais comment en demander plus à une série qui possédait un rythme de tournage calqué à celui des américains, le tout avec un budget ridicule et un manque cruel de retour sur expérience (à l’époque c’était encore plus flagrant qu’aujourd’hui) sur le format 26x26 du point de vue de la production ? Sans parler du fait que la chaîne ne donnait pas le dixième de ce que donnait Canal à « H » ou « Blague à Part » en terme de structure de travail. En ça, et aussi parce que la série est majoritairement drôle et bien écrite, c’est un petit exploit qu’a réussi cette équipe, créer une sitcom faite de bric et de broc, arrivant à faire partager leur enthousiasme et leur bonne humeur.
La série ne méritait pas de passer à l’heure ou certaines chaînes diffusent des films érotiques ou des reportages animaliers. Reste de la série un ton libre, frais et un véritable capital sympathie pour le casting doublé à un vrai sens comique. Bien plus que « H », la série phare des sitcoms de Canal, ou que « Blague à Part » (qui fût pourtant loin d’être un ratage), « Les 30 dernières minutes » aurait pu, si la confiance avait été présente, offrir un nouvel élan à la comédie française dans les séries.
France 2 ne rediffusa jamais « Les 30 dernières minutes », Comédie s’occupant de saborder toute tentative de la refaire passer sur le devant de la scène en collant d’ignobles rires enregistrés dont la présence désamorce souvent l’hilarité du spectateur, lors d’une rediffusion en 2001. A noter qu’un épisode (le 8ème), se moque allégrement de ces rires enregistrés (l’équipe créative était fondamentalement contre ce procédé). Donc voir 7 épisodes avec des rires enregistrés traditionnels, puis un qui s’en moque, puis de nouveau des rires traditionnels ne traduit en aucun cas une ligne éditoriale cohérente de la part de « la chaîne de l’humour ».
This is the end, my friend
Le 22 août signe l’arrêt de mort de la série, France 2 ne comprenant pas son intérêt et prenant peur face à cette liberté de ton dont elle fait preuve. Elle ignore les pétitions. Ben, Darius et les autres vont donc être assassinés par Anne Roumanoff et quitteront l’antenne, non sans avoir laissé derrière eux un groupe de fans, quand même nombreux pour l’heure et surtout, fidèles.
Aujourd’hui, que reste-t-il de cette aventure ? Kad et Olivier sont des valeurs sûres, aussi bien à la télé qu’au cinéma. Kad est un acteur que tout le monde s’arrache, en comédie comme en drame, Olivier s’apprête à sortir son premier film en tant que réalisateur (avec Kad en tête d’affiche). Florian Gazan continue l’animation et sévit sur la matinale de NRJ. Stéphane Troadec est toujours comédien, mais surtout au théâtre et dans les pubs. Eric-Laurent Lecouffe semble avoir disparu de la circulation. Mathieu Lagarrigue a été à l’affiche, en 2004, du film « TIC » (tiens donc), réalisé par Phillipe Locquet, traitant du cas de personnes souffrant de Troubles Obsessionnels compulsifs. Le trio de charme Tania de Montaigne, Fanny Paliard et Florence Maury furent les co-animatrices de S.L.I.P., une émission de Comédie. Tania a publié 4 romans (’Patch’, ’Le Quart d’heure islandais’, ’Geneviève et la théorie du cinq’ et ’Tokyo c’est loin’), en plus de participer à l’émission de radio « Les Fous du Roi » sur France Inter et feu-« Nous ne sommes pas des anges », sur Canal+. Fanny est toujours comédienne, tournant entre théâtre et téléfilms (elle a notamment joué dans « Le Temps des Secrets / Le Temps des Amours », adaptation de Pagnol, pour France 2). Florence Maury continue le théâtre, elle qui fût comédienne régulière du café de la gare. Elle a, il y a peu, joué dans une pièce radiophonique de John Dickson-Carr « La perruque Pourpre », sur France Culture. Elle a participé au projet « So what… et alors… », blog contant les coulisse du tournage du pilote d’une série télévisée… qui visiblement n’a pas fonctionné. Et sinon, il paraît que Thomas Baudry a acheté un vidéo-club…
Quid d’un DVD ?
On est en droit de se demander pourquoi, alors que Kad et Olivier sont aujourd’hui des stars reconnues, cette série n’est pas éditée en DVD. Plusieurs pistes sont possibles (Delarue récalcitrant, Kad et Olivier pas chauds…), mais celle qui semble être la plus crédible, c’est que c’est le format même de la série qui rend la chose impossible. En effet, « Les 30 dernières minutes » sont un fourre-tout, un bazar qui mélange sketches, histoires fil rouge, mais aussi vraies bandes-annonces, vrais reportages détournés, extraits de vidéos et autres films pornographiques, passages musicaux… en bref, « Les 30 dernières minutes » ne peut pas, légalement, être vendue en DVD, à moins de payer des droits astronomiques. Diffusée à la télé avec redistribution à la SACEM, oui, mais vendue non.
Joyeux anniversaire
On pourra dire que le grand public n’était pas prêt pour « Les 30 dernières minutes » . On pourra aussi dire qu’il n’était pas présent, ou si peu. Mais ce qui est sûr, c’est que dix ans après, il ne reste que peu de choses de cette série. Et qu’avoir vu « Les 30 dernières minutes » à l’époque, c’était faire partie d’une bande à part, un peu privilégiée… ou un peu insomniaque.
AUTEUR DU DOSSIER : Dominique Montaysource info
1 commentaire:
je ne me rappelais plus du tout de çà !
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