Retour sur l’interview de Pierre Richard réalisé par Etienne
Sorin le 16 décembre 2013 et pioché ici :
À l'occasion de l'édition vidéo du Jouet , rencontre avec le génial gaffeur,
actuellement au théâtre et bientôt de retour au cinéma.
Le Jouet est le premier film de Veber
réalisateur. Pourquoi est-il passé derrière la caméra?
Pierre RICHARD. -Il avait tendance à critiquer les metteurs
en scène des films dont il avait écrit les scénarios. Il avait fait des
reproches à Yves Robert à propos du Grand Blond avec une chaussure noire et à
Édouard Molinaro à propos de L'Emmerdeur. Je lui ai dit qu'au lieu de se
plaindre il n'avait qu'à réaliser lui-même.
Vous, vous aviez déjà réalisé trois films avant Le Jouet.
Vous n'êtes pas intervenu sur la mise en scène?
Quand je suis acteur, je ne me mêle jamais de mise en scène.
D'ailleurs, j'avais suffisamment de quoi faire. Je tournais avec Michel
Bouquet, ce qui m'impressionnait beaucoup. Il s'est montré tellement amical que
mon trac s'est dissipé très vite. Il joue tellement bien la froideur et le
sérieux… Dans une comédie, c'est imparable.
La relation entre le père et le fils dans Le Jouet fait-elle
écho à votre propre histoire?
Oui, on retrouve un père riche mais sans attention pour son
fils. Je n'ai pas eu de rapport avec mon père, sinon quand il m'emmenait à la
chasse tous les 36 du mois. Pourtant, je ne crois pas avoir raconté à Veber
mes histoires de famille. Cela dit, je n'ai jamais choisi un monsieur comme
jouet dans un grand magasin! Une des plus belles répliques du film, c'est quand
Bouquet dit à Jacques François: «Dites-moi qui est le plus odieux, moi, qui
vous demande d'enlever votre pantalon ou vous, qui acceptez de le faire?» Tout
le film est sur ça
Après Le Jouet, Veber réalise La Chèvre, le premier de vos
trois films avec Gérard Depardieu…
C'est moi qui ai pensé à Depardieu - Lino Ventura devait le
jouer, mais ça ne s'est pas fait. Gérard, il faisait des films avec Duras ou
Pialat à ce moment-là. J'ai eu cette intuition et notre duo a été fracassant.
On a fait trois films, mais, si Veber avait voulu, on aurait pu en faire six.
On aurait été Laurel et Hardy. Il y avait une magie quand on arrivait à deux.
Sur le plateau, on était des gamins dans une cour de récréation. Il paraît
qu'il l'est moins, mais, à l'époque, Gérard était tout à fait gérable. Il
filait doux devant Veber, à qui on en a quand même fait voir de toutes les
couleurs.
Vous revoyez-vous parfois?
Pour le revoir, il faudrait que je demande à Interpol
comment le retrouver. Je suis tombé sur lui par hasard au téléphone, la
dernière fois, en voulant appeler l'autre Gérard de mon répertoire, Jugnot.
Il était en Ouzbékistan…
Vous êtes en tournée sur les planches avec Pierre Richard
III…
Oui, j'ai derrière moi un écran sur lequel je projette des
extraits de mes films. Je les commente, les gens s'amusent beaucoup et moi
aussi. Je vais peut-être aller le jouer au Québec et en Russie.
Vous risquez de tomber sur Depardieu…
Vous savez, je suis peut-être plus connu que lui en Russie.
Je me souviens de deux babouchkas sur la place Rouge à 2 heures du matin. Elles
m'ont reconnu et m'ont dit que j'étais la petite lumière dans leur tunnel noir…
Je ne savais pas que mes films étaient diffusés là-bas.
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