28 juin 2009 Rencontre avec l'acteur et écrivain Bernard Giraudeau qui a eu lieu à la librairie Dialogues, à Brest, le à l'occasion de la parution de son roman Cher amour
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Cinq fois nommé aux Césars mais jamais récompensé, cela ne l'empêchera pas de jouer aux côtés des plus grands acteurs et actrices du cinéma français : de Jean Gabin à Lino Ventura en passant par Alain Delon, Fanny Ardant, Catherine Deneuve ou bien encore Michel Blanc, Gérard Lanvin et Claude Brasseur. Marié pendant 18 ans à l'actrice Anny Duperey avec qui il aura deux enfants Sara et Gaël, l'ancien marin tournera au total dans plus de soixante films tels Le Ruffian, L'année des méduses, Les Spécialistes, Le Fils Préféré,Ridicule
En octobre 2004, il s'allongeait sur le Divan de Psychologies. Un entretien à redécouvrir aujourd'hui. Vous êtes né à La Rochelle. On sent en lisant vos livres, combien cette enfance dans un port vous a marqué.
BERNARD GIRAUDEAU : Je suis fait de cette enfance. Un port, c’est un horizon libre, avec ses bateaux qui reviennent de Côte d’Ivoire ou du Brésil remplis de billes de bois, de grumes ou ces bananiers en partance pour le Gabon et les Antilles… C’est l’image de l’avenir et j’avais envie d’aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la dernière vague. Je m’ennuyais à l’école et les bateaux étaient là avec leurs passerelles, il n’y avait plus qu’à monter à bord. Comme cela ne pouvait pas se faire aussi simplement que je le rêvais, je suis entré à l’Ecole des apprentis mécaniciens de la flotte. Puis j’ai pris la mer, je n’avais pas 17 ans.
Vous avez retrouvé une famille sur le bateau ?
Non, j’ai appris la solitude et la discipline sous un apparent compagnonnage. C’était un dur apprentissage de la vie d’homme à l’âge de l’adolescence. J’ai des souvenirs difficiles, mais je découvrais aussi les parfums des pays inconnus, les couleurs, des rencontres avec ces femmes des ports qui aiment les marins… J’ai vécu des instants de bonheur mélangés à de grands coups de détresse. C’est, je crois, ce qui m’a donné déjà l’envie de me réfugier sur la page blanche.
Comment êtes-vous passé de la Marine au théâtre ?
Ce sont deux mondes qui ne se croisent pas. Je me suis fait réformer après quatre ans de mer et deux tours du monde. J’ai joué l’apparent dérangement mental réussi, déjà acteur peut-être… J’ai fait, comme le Robinson du roman de Tournier, un paquet de mes rêves et je les ai jetés à la mer. J’avais 20 ans. J’étais submergé par ce fatras d’images, de sensations qui finalement n’étaient pas analysables à mon âge. Elles ont enrichi mon futur. Tous ces souvenirs resurgissent maintenant comme dans un bain photo dont l’âge est le révélateur. C’était très riche, mais trop riche trop tôt. Alors j’ai caboté, d’un endroit à l’autre, titubant entre les bars de La Rochelle et les chambres des filles… Je crois que j’appelle les rencontres. Je suis tombé amoureux d’une femme professeur de danse au Conservatoire et elle m’a appris la danse. C’était assez amusant un ancien marin à la barre au milieu des petites jeunes filles. [Il rit.] J’ai commencé alors un autre voyage. La danse, puis le théâtre, et ensuite le cinéma, sans d’ailleurs me préoccuper de revoyager dans le monde. Sauf quand un film m’emmenait loin. Je retrouvais comme une drogue les sensations, les parfums. Ce que j’avais oublié resurgissait.
En octobre 2004, il s'allongeait sur le Divan de Psychologies. Un entretien à redécouvrir aujourd'hui. Vous êtes né à La Rochelle. On sent en lisant vos livres, combien cette enfance dans un port vous a marqué.
BERNARD GIRAUDEAU : Je suis fait de cette enfance. Un port, c’est un horizon libre, avec ses bateaux qui reviennent de Côte d’Ivoire ou du Brésil remplis de billes de bois, de grumes ou ces bananiers en partance pour le Gabon et les Antilles… C’est l’image de l’avenir et j’avais envie d’aller voir ce qu’il y avait de l’autre côté de la dernière vague. Je m’ennuyais à l’école et les bateaux étaient là avec leurs passerelles, il n’y avait plus qu’à monter à bord. Comme cela ne pouvait pas se faire aussi simplement que je le rêvais, je suis entré à l’Ecole des apprentis mécaniciens de la flotte. Puis j’ai pris la mer, je n’avais pas 17 ans.
Vous avez retrouvé une famille sur le bateau ?
Non, j’ai appris la solitude et la discipline sous un apparent compagnonnage. C’était un dur apprentissage de la vie d’homme à l’âge de l’adolescence. J’ai des souvenirs difficiles, mais je découvrais aussi les parfums des pays inconnus, les couleurs, des rencontres avec ces femmes des ports qui aiment les marins… J’ai vécu des instants de bonheur mélangés à de grands coups de détresse. C’est, je crois, ce qui m’a donné déjà l’envie de me réfugier sur la page blanche.
Comment êtes-vous passé de la Marine au théâtre ?
Ce sont deux mondes qui ne se croisent pas. Je me suis fait réformer après quatre ans de mer et deux tours du monde. J’ai joué l’apparent dérangement mental réussi, déjà acteur peut-être… J’ai fait, comme le Robinson du roman de Tournier, un paquet de mes rêves et je les ai jetés à la mer. J’avais 20 ans. J’étais submergé par ce fatras d’images, de sensations qui finalement n’étaient pas analysables à mon âge. Elles ont enrichi mon futur. Tous ces souvenirs resurgissent maintenant comme dans un bain photo dont l’âge est le révélateur. C’était très riche, mais trop riche trop tôt. Alors j’ai caboté, d’un endroit à l’autre, titubant entre les bars de La Rochelle et les chambres des filles… Je crois que j’appelle les rencontres. Je suis tombé amoureux d’une femme professeur de danse au Conservatoire et elle m’a appris la danse. C’était assez amusant un ancien marin à la barre au milieu des petites jeunes filles. [Il rit.] J’ai commencé alors un autre voyage. La danse, puis le théâtre, et ensuite le cinéma, sans d’ailleurs me préoccuper de revoyager dans le monde. Sauf quand un film m’emmenait loin. Je retrouvais comme une drogue les sensations, les parfums. Ce que j’avais oublié resurgissait.
http://www.psychologies.com/Culture/Divan-de-Stars/Interviews/Bernard-Giraudeau-J-ai-dompte-mon-agitation
http://www.telestar.fr/2015/photos/mort-de-bernard-giraudeau-5-ans-deja-photos-150256
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