Celui qui a été "bronzé" et a croisé Pialat, Sautet, Blier est aujourd'hui à l'affiche d'Un petit boulot. Ce qui
valait bien une longue rencontre.
Malgré le triomphe des Bronzés, vous allez pourtant vous
éloigner assez vite de la bande du Splendid. Pour quelles raisons?
Par esprit purement rigoriste,
cela m'emmerdait qu'on écrive une suite aux Bronzés. Je n'ai donc pas participé à
l'écriture du meilleur des deux films ! Sur le plateau, l'ambiance n'était pas
si bonne, car on m'en voulait forcément un peu d'avoir brisé la cohésion du
groupe. Les copains ont pu croire que j'avais pris la grosse tête. C'est le
seul moment de tension qu'on a connu. Cette situation m'a poussé à aller travailler
avec quelqu'un d'autre, en l'occurrence Patrice Leconte, avec qui on a fait Viens
chez moi, j'habite chez une copine, Ma femme s'appelle reviens et Circulez
y'a rien à voir!
Trois films dans lesquels vous
creusez votre personnage des Bronzés...
Oui, et ce jusqu'à ce que
j'écrive Marche à l'ombre, mon premier film comme metteur
en scène, dont je savais qu'il mettait fin à ma "carrière"
café-théâtre. Dans la foulée, j'ai refusé toutes les propositions de rôles
équivalents, car je ne voulais pas m'enfermer dans un emploi qui aurait fini
tôt ou tard par lasser. Et là, Bertrand Blier est arrivé avec Tenue
de soirée.
Un rôle qu'il avait écrit pour Bernard Giraudeau...
Je croyais que Bertrand ne
m'aimait pas. Dans les années 70, il m'avait fait passer des essais pour une
pub pour une bière. Et comme il ne m'avait ni engagé ni proposé un petit rôle
dans Les valseusesqu'il a tourné après, j'étais
persuadé qu'il n'appréciait pas mon jeu. Sans avoir imaginé que mon physique ne
correspondait pas spontanément à celui du bon vivant, amateur de bières...
Alors quand il m'a appelé pour me proposer le rôle que Bernard avait refusé,
j'étais sur le cul!
Il faut se souvenir que c'était
un film très gonflé pour l'époque, notamment pour son traitement de
l'homosexualité...
Devant les rushes, on pleurait de
rire, tout en ayant peur qu'à la sortie du film, les gens nous crachent à la
gueule. Particulièrement le milieu homosexuel. Mais les homos ont compris qu'on
ne se foutait pas d'eux. On a même eu un article dithyrambique dans Gai
Pied, titré
"Touche pas à la femme Blanc". Puis on a été sélectionnés à Cannes,
où j'ai reçu le prix d'interprétation. Avec L'exercice de l'État, pour lequel Pierre Schoeller m'a aussi offert
un rôle singulier, ce film tient une place à part dans ma carrière. Source interview - lexpress.fr/
Comment s'est passé le travail
avec Gérard Depardieu?
Lors de notre première rencontre,
il m'est rentré dedans. A cette époque, j'avais pour habitude de partir
quelques jours à New York avant chaque film. Gérard m'a expliqué que ça l'avait
fait chier de me savoir là-bas, alors qu'on avait un film à faire. Je lui ai
répondu que je fonctionnais ainsi et qu'il ne me changerait pas. Or, comme tous
les grands fauves, rien ne l'excite plus que la peur de l'autre. Et comme je
n'ai pas eu peur de lui, on est devenus très potes et on s'est régalés sur le
tournage.
Après Tenue de soirée, les propositions ont-elles
changé?
Sans doute, mais je ne m'en suis
pas vraiment aperçu. Car, assez vite, j'ai joué Monsieur
Hire, autre
personnage très éloigné de ce que j'avais pu faire. Un rôle écrit par Patrice
[Leconte] pour Coluche avant son décès tragique.
Mais dans le même temps, vous refusez Quelques jours avec moi,de Claude Sautet. Pour quelle raison?
Parce que je n'étais pas le rôle.
Ce personnage nécessitait une dimension de séducteur que je n'ai pas. J'ai donc
refusé. Ce qui n'est jamais simple. Chez Artmedia, on m'a pris pour un fou
incontrôlable qui n'allait plus leur rapporter un rond! Personne n'osait m'en
parler, car tout le monde était sidéré. Comme le jour où j'ai dit non à Maurice Pialat...
Après Monsieur Hire, on vous a soudain moins vu
comme acteur. Est-ce une volonté de votre part?
Oui, car on me proposait des rôles
moins intéressants.
Étiez-vous inquiet de ne plus
jouer?
Non, car j'ai la chance de
pouvoir écrire. Ce qui m'occupe plus que de jouer.
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