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mardi 20 novembre 2012

THERESE DESQUEYROUX (version 1962)



Le dernier film de Claude Miller sort ce mois ci dans les salles de Cinéma, l'occasion de mettre en lumière le film original de 1962. Un film Français de Georges Franju avec Emmanuelle Riva, Philippe Noiret, Sami Frey, Edith Scob, Renée Devilliers 

Thérèse Desqueyroux, accusée d'avoir tenté d'empoisonner son mari Bernard, obtient un non-lieu, gr ce au témoignage de la victime. Pendant le voyage qui la ramène à Argelouse, leur domaine, Thérèse essaie de préparer une confession totale qu'elle estime devoir à Bernard. Mais "où est le commencement de nos actes ?" Quel chemin l'a menée de son adolescence perdue jusqu'à cette mort lentement administrée à son mari ? Ce n'est certes pas pour hériter de l'immense propriété qu'elle a versé un peu trop de liqueur de Fowler dans le verre de son mari. Alors, pourquoi ? Elle évoque les multiples raisons qui ont pu déterminer son geste - de l'amité ou de la jalousie que lui inspirait Anne, l'amie de jeunesse, à l'assurance autoritaire de son mari dans le cadre étouffant du clan familial. Thérèse arrive à Argelouse, retrouve Bernard qui n'a jamais songé à comprendre ou à pardonner. Il n'a agi que pour l'honneur du nom ; il menace, il dicte ses ordres ; aux yeux du monde, Thérèse devra paraître innocente, mais sera, en fait, séquestrée dans sa chambre, et privée de la garde de sa petite fille Marie.....Après le mariage d'Anne, quand tout est en ordre, Bernard rend à sa femme sa liberté...




Point de vue


"On peut considérer Thérèse Desqueyroux comme le modèle de l'adaptation d'un roman à l'écran", écrit à son tour Alain Pontaut, en accord avec tous les critiques. A part un léger changement d'époque — le roman datait de 1927 — et la suppression de quelques scènes qui auraient surchargé le scénario, tout était déjà dans le roman et tout le roman passe dans le film. La progression dramatique a été scrupuleusement respectée ; les personnages sont les mêmes quoique plus sympathiques parce qu'ils s'incarnent devant nous ; les dialogues répètent souvent des phrases entières du roman et les images visualisent de nombreuses indications qui y sont inscrites ; enfin les décors et la musique restent fidèles à Mauriac. Evidemment, celui-ci a veillé au film de près. Où donc est la part créatrice de Franju ?




L'originalité du cinéaste se situe, me semble-t-il, à trois niveaux : sa sensibilité, sa vision, son univers. Artiste sensible, Franju n'a pas fait oeuvre de commande ; il s'est assimilé le roman pour le transformer en images empreintes de poésie, d'insolite, de transparence, selon son propre style. Visionnaire, Franju rejoint avec sa caméra la nudité des êtres et des choses : son regard perçant traverse les masques, les écrans et le quotidien pour révéler l'horreur qui se cache derrière eux; ici à peine quelques images, mais combien explosives dans leur simplicité, ont servi à peindre un milieu et les êtres qui y vivent. Créateur, Franju a édifié un univers personnel sur ce regard et pour ce style ; mais les dimensions de son monde restent humaines et la portée du film n'atteint pas ces résonnances mystiques que Mauriac a données à son roman. La Thérèse Desqueyroux de Franju est disponible à quelque chose qui n'est pas cetnée par la Grâce. Franju libère Thérèse joyeuse dans Paris ; Mauriac l'abandonait aux tempêtes et déjà elle devait payer sa liberté.

© Gisèle Tremblay, "Séquences : la revue de cinéma" n° 40, 1965, p. 27-34.


LE FILM !

La lente descente aux enfers d'une femme qui a tenté d'assassiner son mari, dans le terrible cadre de la grande bourgeoisie bordelaise.

Y'a comme un air de famille avec Audrey Tautou , vous ne trouvez pas ?


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