Les restos du cœur avaient confirmé par un tweet l'information selon laquelle le photographe Gaston Bergeret les assignait en justice pour les droits d'auteur de la photo de Coluche prise il y a trente ans illustrant l'affiche de l'association caritative. Il avait donné, en 1986, l'autorisation de «manière orale et à titre gratuit que [l]a photographie soit utilisée sur un support traditionnel d’affichette sur les lieux de distribution des repas des Restos du cœur». Mais selon lui, l'autorisation a été très largement outrepassée, sa photo étant utilisée pour des supports sur lesquels il n'a jamais été consulté. Explications de Bergeret.
«Les Restaurants du cœur utilisent intensivement cette photographie depuis vingt-sept ans. Cependant, cette autorisation initiale a été très largement outrepassée, puisque ma photographie est totalement défigurée et de la manière la plus hideuse. Je n’ai jamais été consulté sur les modifications.
«Le dernier spectacle des Enfoirés, diffusé sur TF1 le 15 mars 2013, où la photographie que j’ai réalisée est affublée d’une moustache, sans aucun lien avec l’activité des Restos du cœur, mais pour l’intégrer dans une collection de tee-shirts édités par une société commerciale, Eleven Paris, m’a convaincu que je devais agir pour arrêter ces dérives.
«Mon travail est utilisé sur des supports pour lesquels je n’ai jamais été consulté (tee-shirts, tickets-restaurant, DVD, etc.) et par des tiers exploitants dont le choix a été fait sans que l’on me demande quoi que ce soit (commerce de tee-shirts Eleven, TF1, Universal Music France, Sony Music Entertainment France, RTL, etc.). Cette exploitation intensive se fait avec l’autorisation expresse des Restos du cœur, qui aurait garanti avoir les droits. J’ai demandé à un tiers de faire une recherche pour connaître les exploitations et exploitants depuis ces dernières années.
«L’ampleur de l’exploitation est considérable (retransmission sur TF1 du spectacle des Enfoirés, émissions après la retransmission , DVD Universal Music et Sony Music, clip, tee-shirts, mur d’images sur la Tour TF1, mur d’images devant RTL, chèques-restaurant, timbres-poste, inclusion de mon travail dans des photographies vendues aux enchères en décembre 2009, etc.). Et le plus souvent sans mon nom ou une quelconque indication permettant de m’identifier comme étant l’auteur de cette photographie.
«J’ai demandé à l’association les Restos du cœur et aux exploitants de cesser immédiatement et sans délai l’usage de ma photographie et les ai invités à se rapprocher de mon conseil pour préciser les conditions de mon indemnisation. Cette démarche amiable n’ayant pas eu de suite, je m’en remets à la justice.
«Je ne porte pas plainte, mon action n’est pas pénale mais uniquement civile. Elle est aussi dirigée contre les exploitants qui tirent évidemment un large profit du geste désintéressé que j’ai eu il y a vingt-sept ans, (dont les Restos du cœur ont déjà très largement bénéficié) : Eleven, Télévision française 1, Universal Music France, Sony Music Entertainment France, et RTL.
«On s’indigne que je demande d’être indemnisé. Je tiens à souligner en réponse que :
«- je souhaite que mes droits d’auteur soient honorés sur la base des principes légaux, le tribunal statuera sur ce point ;
«- les exploitants que j’ai cités ont très largement bénéficié de ma photographie, et bénéficient à leur tour de recettes considérables, et d’une publicité institutionnelle considérable (exemple : avec plus de 50% de parts d’audience, les trente secondes de publicité coûtent 130 000 euros lors de la retransmission du spectacle des Enfoirés sur TF1).
«Or, personne ne semble s’en indigner. Mon but est avant tout de faire cesser les exploitations que je n’ai pas acceptées et qui comportent des dérives évidentes (dénaturation et absence de crédit de mon œuvre essentiellement, système de plus en plus marchand).
«Les Restos du cœur ont gratuitement bénéficié et plus que largement de cette photographie depuis vingt-six ans. Je continue à autoriser gratuitement l’association des Restos du cœur à utiliser ma photographie sans modification et créditée sur les lieux de distribution de repas : c’était mon engagement initial et je m’y tiens. Je demande aux Restos du cœur et aux exploitants que j’ai assignés de le respecter.»
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