L'acteur Lambert Wilson, venu défendre deux films au festival Colcoa du cinéma français à Hollywood, raconte sa relation "d'amour et de haine" avec Los Angeles et son admiration pour le cinéma américain, où il attend toujours les rôles et les cinéastes de ses rêves.
"Forcément, comme beaucoup de jeunes Français, j'ai toujours été fasciné par le cinéma américain et Los Angeles en est le berceau", explique-t-il dans un entretien à l'AFP,
"J'ai toujours été attiré par l'idée de venir ici, je voulais être un acteur américain. Finalement je suis parti plutôt vers l'Angleterre et je suis revenu en France"
Invité par le festival Colcoa, qui s'achève lundi, Lambert Wilson est venu défendre "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais et "Alceste à bicyclette" de Philippe Le Guay, deux films à l'ADN résolument français.
"Je sens une réelle affection, un vrai respect des Américains pour le cinéma français. Ils se déplacent, ils sont curieux", dit-il.
Une affection et un respect que l'acteur ressent aussi pour le cinéma américain, malgré la place caricaturale réservée aux Européens, et notamment aux Français, dans la plupart des productions américaines -- un frein à sa carrière hollywoodienne, selon lui.
"Je trouve que les acteurs européens, que ce soit pour les films de studio et en général aussi pour les séries, sont un peu cantonnés à des rôles de méchants, des rôles un peu secondaires pas très intéressants. Et si vous êtes Français, vous êtes assimilé à des choses très caricaturales", observe-t-il.
"Je suis complètement bilingue, j'ai plutôt l'accent anglais mais je peux prendre l'accent américain, je pourrais donc être très mobile dans mes emplois et mes rôles. Mais on ne me cherche que pour des rôles de Français ou d'européen", ajoute-t-il.
L'acteur, apparu dans de nombreuses productions hollywoodiennes -- de "Matrix Reloaded" à "Matrix Revolution" en passant par "Catwoman" et "Sahara" -- a bien tenté d'explorer plus en profondeur la possibilité d'une carrière américaine. Mais l'entreprise lui a semblé trop difficile.
"Le vrai chemin pour trouver les réalisateurs qui vous font rêver à Los Angeles, il est personnel, il passe par des rencontres privées et non par les agents. Je pense que je n'ai pas eu la patience d'attendre ce moment-là, parce que la vie à Los Angeles me paraissait trop difficile", explique-t-il.
"Mais ici, ça peut changer du jour au lendemain en fonction des réseaux. C'est donc très attractif et à la fois repoussant", poursuit-il.
Les cinéastes qui font "rêver" Lambert Wilson sont à chercher dans "une école américaine que je trouve fantastique, d'ailleurs très disparate, qui va de Paul Thomas Anderson aux frères Coen, en passant par George Clooney, dont j'aime beaucoup le travail, ou Steven Soderbergh", déclare l'acteur.
"Je pense aussi à Tim Burton, même si je suis à peu près sûr de ne pas faire partie de son univers. Ce sont des metteurs en scène que je trouve formidables, qui existent à l'intérieur du système américain et qui en même temps sont très différents du système de studios traditionnels".
En faisant le deuil d'une carrière hollywoodienne, Lambert Wilson avoue aussi avoir "renoncé à cet espèce de rêve très adolescent d'un accès au cinéma international et surtout d'une notoriété internationale".
"Je pensais que c'était la panacée alors qu'en fait, maintenant, ce sont des notions qui ne m'intéressent plus du tout", remarque l'acteur, devenu une figure aussi éclectique qu'incontournable du cinéma français.
"Je cherche les rôles, les metteurs en scène, les projets artistiques où qu'ils soient. C'est pour ça que je suis assez tranquille parce qu'il se passe des choses vraiment intéressantes en France et en Europe".
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