"Si j'avais voulu plaire, après les 5,5 millions d'entrées des 'Petits Mouchoirs', j'aurais enchaîné sur la suite, pour laquelle on m'a proposé beaucoup d'argent Au lieu de ça, je suis reparti de zéro, je suis allé me frotter au cinéma américain des années 1970, celui qui m'a donné envie d'en faire. En tant que réalisateur, je recherche mon plaisir de spectateur. Après, quand on passe trois ans sur un film, oui, on a envie qu'il plaise."Dans la plupart des articles, ce n'était pas le film mais moi qui étais attaqué, déplore Canet. Sur le mode : 'Pourquoi va-t-il tourner aux Etats-Unis ? Est-il légitime là-bas ? .../...
Mon erreur a été d'aller à Cannes avec un montage inachevé qui durait quarante minutes de trop. Je reste persuadé que si 'Blood Ties' avait été réalisé par quelqu'un d'autre, il n'aurait pas été accueilli de cette manière. Je paie le succès des 'Petits Mouchoirs', mon césar pour 'Ne le dis à personne'... Cela fait partie de la mentalité malheureuse qui règne dans notre pays. J'apprends à vivre avec. Tous les réalisateurs passent par-là."
J'ai du mal avec l'idée de toujours devoir me justifier sur mon travail. Cela fait vingt ans que je bosse nuit et jour comme un malade, j'en ai marre d'avoir cette image de petit playboy pour qui tout est facile, qui a tout servi sur un plateau. Je le ressens dans la presse, je le ressens dans le métier. J'espère qu'à force ça ne va pas me dégoûter, me couper l'envie."
http://tempsreel.nouvelobs.com/cinema/20141112.OBS4694/guillaume-canet-je-paie-le-succes-des-petits-mouchoirs.html
Interview de Guillaume Canet
Avez-vous rencontré Alain Lamare, le vrai tueur de l’Oise ?J’aurais aimé mais les instituts psychiatriques n’acceptent pas pour ne pas raviver de souvenirs qui pourraient nuire à la thérapie. Et comme les traitements mettent souvent les patients dans le brouillard, il aurait de toute façon été difficile de discerner le vrai du faux.
Vous vous êtes donc replongé dans les archives de l’époque ?
Hormis un numéro de « Faites entrer l’accusé », je me suis surtout basé sur le scénario et le livre d’Yvan Stefanovitch, le journaliste d’investigation qui, en suivant l’affaire pour la presse à l’époque, a côtoyé Alain Lamare de près. En revanche, j’ai regardé beaucoup de documentaires sur les militaires et les gendarmes pour observer leur façon de bouger et de parler, et leurs visages souvent secs, froids, illisibles comme celui de mon personnage.
Vous jouez pour la première fois un bad guy. C’est libérateur ?
C’est plus compliqué que ça avec ce personnage. C’est justement sa dualité qui m’interpellait. D’un côté, c’est un bon gendarme volontaire, investi, irréprochable, et de l’autre, un tueur malade, en panique et en souffrance pour lequel on ressent de l’empathie… enfin, toute proportion gardée, car je n’oublie pas la douleur des familles des victimes.
« Je ne suis pas obligé d’accepter un film pour travailler »
Choisissez-vous différemment vos films depuis que vous réalisez ?
Bien sûr. Comme j’écris et mets en scène, je ne suis pas obligé d’accepter un film pour travailler. Je ne suis pas dans l’attente de rôles, ce qui me permet d’être plus rigoureux et exigeant dans mes choix. D’ailleurs, je suis très fier de ce film. Souvent, je n’arrive pas à me voir au cinéma mais Cédric a tellement bien bossé que j’ai pu apprécier son thriller en simple spectateur, en oubliant que j’étais dedans.
Et la réalisation, où en êtes-vous ? On vous a dit « dégoûté du métier » après l’échec de Blood Ties…
Ce n’est pas ça : j’ai travaillé de manière intense pendant 20 ans et j’avais envie d’un break depuis un moment. Ce besoin s’est accentué après l’accueil critique et public de ce film que j’adore et que j’assume. Mais je suis un être humain et il fallait que je digère l’échec, que je prenne de la distance pour ne pas finir aigri, et surtout que je vive pour pouvoir nourrir mon travail. Mais j’ai toujours envie de réaliser : je suis en train d’écrire mon prochain film !
http://www.hyperconnectes.fr/la-prochaine-fois-je-viserai-le-coeur-2506.html
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