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mardi 18 mars 2014

APOCALYPSE LA 1ere guerre mondiale



En septembre 2009, France 2 avait diffusé au cours de trois soirées le documentaire consacré à la Seconde Guerre mondiale, Apocalypse. Composé de six volets, ce documentaire avait connu en grand succès : 6,5 millions de téléspectateurs à chaque épisode diffusé.  Devant cet engouement, Isabelle Clarke et Daniel Costelle, les deux réalisateurs avaient de nouveau tenté l 'expérience deux ans plus tard avec Apocalypse Hitler. Même résultat avec 6,1 millions de curieux devant leur écran.




Ce soir sur France 2,  ils s 'attaquent à une autre événement important de notre histoire et pas des moindres, la Première Guerre mondiale. 

Chaque épisode durera 52 minutes, et une fois de plus, Mathieu Kassovitz nous narrera l 'Histoire avec des images en couleur. Et cela démarrera avec l 'hisoire de George Price, soldat canadien, l 'un des derniers tués de cette guerre qui fit 10 millions de morts chez les militaires, 9 millions chez les civils et 21 millions de blessés. La série documentaire, inédité, a été réalisée avec plus de 500 heures d 'archives. 

Interview de Isabelle Clarke et Daniel Costelle


Pourquoi ce titre, Apocalypse ?
Daniel Costelle : Etymologiquement, apocalypse signifie “révélation” en grec, ce qui définit assez bien notre propos.
Isabelle Clarke : Et le titre joue bien évidemment sur les références bibliques, avec cette idée qu’Hitler serait le cavalier de l’apocalypse, semant ruine, misère et violence sur son passage.

Quelle est l’origine d’Apocalypse ?
Isabelle Clarke : Je voudrais tout d’abord remercier du fond du coeur les auteurs, Jean-Louis Guillaud et Henri de Turenne, de m’avoir fait confiance sur une entreprise aussi importante. Leur série — mythique — Les Grandes batailles est à l’origine de ce projet.
Daniel Costelle : Patrice Duhamel voulait commémorer le soixante-dixième anniversaire du déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, 3 septembre 1939 – 3 septembre 2009. Mais comment s’y prendre, aujourd’hui ? Comment raconter de manière intéressante et claire un tel conflit ? Comment témoigner de cette folie meurtrière généralisée ? Et surtout comment faire comprendre l’indicible aux jeunes générations ? Très vite, nous avons senti que ce projet allait être atypique et résolument nouveau...
Isabelle Clarke : …d’une ampleur totalement inédite, même ! Pour la première fois, une série documentaire embrasse la Seconde Guerre dans sa globalité, s’intéressant aux stratégies et enjeux géopolitiques internationaux mais aussi s’attardant sur le visage des hommes et des femmes, racontant leur quotidien. Apocalypse est une série à hauteur d’homme : on pénètre à la fois dans la tête des grands chefs et dans celle des victimes, des sans-grade. Voilà la guerre telle qu’on ne l’a jamais vue : humaine, “atroce et familière”, pour reprendre l’expression employée par Fabrice Puchault qui était responsable du projet, au commencement.

Dans sa forme même, Apocalypse représente un pari novateur et audacieux…
Daniel Costelle : Je crois que le plus important est le sens du public et de la clarté que nous nous sommes imposé dès le départ, ainsi qu’ une rigueur historique et un grand sens de l’efficacité narrative. Ce que nous savons, c’est qu’il était extrêmement compliqué de faire simple. Isabelle Clarke a voulu faire d’Apocalypse une oeuvre cinématographique. Nous avons utilisé tous les moyens modernes pour aborder l’Histoire d’une façon nouvelle. La série, constituée exclusivement d’images d’archives, a été pensée et conçue avec les outils — narratifs, technologiques — du cinéma. Les archives bénéficient ainsi d’une qualité d’image (en couleur et en Haute Définition) et de son (mixage en 5.1) tout simplement époustouflante ! De quoi convaincre tout le monde !
Isabelle Clarke : Nous nous sommes emparés des images d’archives comme si nous les avions tournées nous-mêmes, pour les intégrer dans de véritables séquences, comme une fiction (il y a près de 800 plans par épisode). La série joue ainsi sur un équilibre délicat entre le récit historique et l’émotion. Nous avons fait en sorte de maintenir en permanence ces différents niveaux de lecture en étant extrêmement rigoureux historiquement (tout a été  vérifié et re-vérifié par nos conseillers), tout en restant accessibles au plus grand nombre, intelligibles et captivants.

Comment gère-t-on un projet aussi titanesque ?
Isabelle Clarke : Je crois que tous ceux avec qui nous avons eu la chance de travailler se sont passionnés pour le projet, autant pour ce qu’il raconte que pour son aspect pharaonique, pour les défis qu’il demandait de relever. Cette confiance, cet enthousiasme collectif, nous ont portés tout au long des deux années et demie de préparation.
Daniel Costelle : Je tiens à remercier France 2 qui nous a donné les moyens d’aller au bout de ce projet démesuré. C’est là toute la raison d’être du service public. Nous avons vécu un petit miracle, comme un temps béni de la télévision.
Isabelle Clarke : Et Louis Vaudeville ! Notre producteur, qui a pris des risques insensés pour nous…
Daniel Costelle : Oui, un vrai producteur kamikaze ! Aujourd’hui, toute l’équipe de production, dirigée par Florence Sarrazin- Mounier, est récompensée de ses efforts. Notre distributeur international France Télévisions Distribution a vendu la série dans de nombreux pays, et notamment à des chaînes prestigieuses comme National Geographic International, NHK au Japon et NDR, WDR, MDR, SWR en Allemagne. Tout un symbole.

Pour la première fois, un film offre une vision globale du conflit. Quelle leçon en tirer ?
Isabelle Clarke : Ce qui frappe particulièrement, à mon sens, c’est la redoutable simultanéité de cette guerre. D’ordinaire, on se préoccupe de l’Europe, du nazisme et de l’arrivée des Américains. Ou alors les documentaires se fixent sur une bataille, un front, une période donnée. On ne se rend généralement pas compte que se jouait, en parallèle, dans le même temps, une autre guerre entre le Japon et les Etats-Unis. On ne réalise pas que, au cours de cette période, c’est l’ensemble du monde qui a sombré dans l’abîme… Nous avons voulu traduire le présent de l’Histoire, faire sentir l’incertitude d’alors. Par exemple, en 1942 personne n’imagine qu’Hitler va finir par perdre. Il y a une telle violence, un tel déchaînement, une telle démence, que tout paraît absolument inéluctable. Raconter ce glissement progressif vers la destruction, l’autodestruction du monde — 50 millions de morts, et majoritairement des civils ! — c’est le mouvement de notre film.

En même temps, Apocalypse semble portée par une sorte d’espoir…
Daniel Costelle : Dans le dernier épisode, sur les ruines de Berlin détruite, nous citons les paroles de l’écrivain allemand Klaus Mann : “La défaite en elle-même ne constitue pas une honte, au contraire. La honte nationale, l’avilissement, la décomposition et l’appauvrissement de la vie allemande, c’était le national-socialisme.” De même, à la capitulation du Japon, le ministre plénipotentiaire de l’empereur Hirohito dit : “Ce jour n’est pas un jour de deuil, mais le premier jour du Japon nouveau”. Une manière de montrer que, malgré tout cela, l’homme s’en sort.

UN APPEL VIBRANT
Vous sentez-vous une responsabilité morale ? L’envie de faire passer un message ?
Isabelle Clarke : Un message absolument pacifiste. Oui, c’est ce que j’ai voulu faire.
Daniel Costelle : Nous voyons cette série comme un appel vibrant. J’engage d’ailleurs tout le monde à lire ou relire Gaston Bouthoul, cet éminent sociologue qui a fondé la polémologie, discipline passionnante fondée sur l’étude de la guerre et des formes d’agressivité en société. “Si tu veux la paix, connais la guerre”, disait-il.
Notre ambition est là : montrer la guerre pour servir la paix.
Isabelle Clarke : D’autant que, aujourd’hui, il est indispensable de se souvenir, de lutter contre l’oubli. C’est l’oubli qui conduit au négationnisme. Mais plutôt que de parler de “devoir de mémoire”, je préfère l’expression de Simone Veil, “devoir d’histoire”.
Apocalypse participe pleinement de ce devoir.



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