Que vous évoque aujourd'hui ce match ?
D'abord une grande tristesse. Ce match nous prive de la finale de la Coupe du monde, alors qu'on avait réussi cette rencontre même si on a été éliminés. Mais pas éliminés par nos faiblesses. Par un coup de sifflet de l'arbitre. On nous massacre Battiston et rien n'est sifflé, alors qu'il y avait penalty et que le gardien méritait d'être exclu. L'arbitre, ce jour-là, nous a causé un très grave préjudice. Il l'a reconnu, mais longtemps après.




Alain Giresse parle d'injustice. Le rejoignez-vous ?
(Il réfléchit) Avant le match, j'avais une équipe de colosses, avec une mentalité de gagnants. A la fin, j'avais des gamins de maternelle. Ils pleuraient tous après ce qu'on leur a fait subir. On a été obligés de traîner sous la douche deux joueurs encore tout habillés car l'avion nous attendait et ils n'arrivaient pas, dans leur tristesse, à se déshabiller. C'a été un coup très dur.



Quelle a été votre réaction à vous ?
Mon problème, après le match, a été d'aller d'un joueur à l'autre. Je n'ai même pas pu dire quoi que ce soit à l'arbitre. J'étais surtout comme un paternel, à essayer de réconforter. Après ce match, les joueurs ne voulaient plus continuer, ils m'ont dit : « Faites une équipe sans nous après le Mondial ». Heureusement (il souffle), ce n'est pas arrivé car nous pensions à l'Euro en France en 1984. Nous nous sommes soudés les uns contre les autres et on s'est dit : « Allez, on va gagner le Championnat d'Europe ».




"Avec cette équipe de France, on se prend à espérer"

Voyez-vous le quart de finale de vendredi comme une revanche ?
Absolument pas. Séville c'était Séville, notre temps à nous, un match avec des événements dont les joueurs ne sont pas responsables. Séville, on l'a subi, on nous a enlevé une finale, mais là c'est autre chose, une autre époque. J'espère juste que l'équipe de France va faire un grand match et aller en finale.


Selon vous, la France peut donc se hisser en finale ?
Le lot le plus difficile, c'est l'Allemagne. Le Brésil, bien que chez lui, ne réussit rien d'extraordinaire. L'Allemagne est toujours un grand pays de football qui, quand on voit ce qu'il propose dans en Championnat et en Coupe d'Europe, est toujours là. Mais le foot français est bien également. Il a fallu une qualification pour comprendre qu'on disposait d'une bonne équipe. Depuis, il y a un élan, très beau car c'est un élan de jeunesse. Avec eux, on se prend à espérer dès cette année mais surtout pour l'avenir. Cette équipe me rend vraiment enthousiaste.


http://www.metronews.fr/sport/france-allemagne-1982-michel-hidalgo-a-la-fin-j-avais-face-a-moi-des-gamins-de-maternelle/mngc!84AtTWqNRIFi/