Trente-deux ans après, Michel Hidalgo n'a rien oublié. Sélectionneur de l'équipe
de France en 1982 lors de la défaite face à la République fédérale allemande
(3-3, 5-4 aux t.a.b), l'ancien milieu de terrain avait traversé ce match entre
colère et fatalisme. Et en reste toujours marqué.
Que vous évoque aujourd'hui ce match ?
D'abord une grande
tristesse. Ce match nous prive de la finale de la Coupe du monde, alors qu'on
avait réussi cette rencontre même si on a été éliminés. Mais pas éliminés par
nos faiblesses. Par un coup de sifflet de l'arbitre. On nous massacre Battiston et rien n'est sifflé, alors qu'il y
avait penalty et que le gardien méritait d'être exclu. L'arbitre, ce jour-là,
nous a causé un très grave préjudice. Il l'a reconnu, mais longtemps après.
Alain Giresse parle d'injustice. Le rejoignez-vous ?
(Il
réfléchit) Avant le match, j'avais une équipe de colosses, avec une mentalité de
gagnants. A la fin, j'avais des gamins de maternelle. Ils pleuraient tous après
ce qu'on leur a fait subir. On a été obligés de traîner sous la douche deux
joueurs encore tout habillés car l'avion nous attendait et ils n'arrivaient pas,
dans leur tristesse, à se déshabiller. C'a été un coup très dur.
Quelle a été votre réaction à vous ?
Mon problème, après le match,
a été d'aller d'un joueur à l'autre. Je n'ai même pas pu dire quoi que ce soit à
l'arbitre. J'étais surtout comme un paternel, à essayer de réconforter. Après ce
match, les joueurs ne voulaient plus continuer, ils m'ont dit : « Faites une
équipe sans nous après le Mondial ». Heureusement (il souffle), ce n'est pas
arrivé car nous pensions à l'Euro en France en 1984. Nous nous sommes soudés les
uns contre les autres et on s'est dit : « Allez, on va gagner le Championnat
d'Europe ».
"Avec cette équipe de France, on se
prend à espérer"
Voyez-vous le quart de finale de vendredi comme une
revanche ?
Absolument pas. Séville c'était Séville, notre temps à nous,
un match avec des événements dont les joueurs ne sont pas responsables. Séville,
on l'a subi, on nous a enlevé une finale, mais là c'est autre chose, une autre
époque. J'espère juste que l'équipe de France va faire un grand match et aller
en finale.
Selon vous, la France peut donc se hisser en finale ?
Le lot le
plus difficile, c'est l'Allemagne. Le Brésil, bien que chez lui, ne réussit rien
d'extraordinaire. L'Allemagne est toujours un grand pays de football qui, quand
on voit ce qu'il propose dans en Championnat et en Coupe d'Europe, est toujours
là. Mais le foot français est bien également. Il a fallu une qualification pour
comprendre qu'on disposait d'une bonne équipe. Depuis, il y a un élan, très beau
car c'est un élan de jeunesse. Avec eux, on se prend à espérer dès cette année
mais surtout pour l'avenir. Cette équipe me rend vraiment
enthousiaste.
http://www.metronews.fr/sport/france-allemagne-1982-michel-hidalgo-a-la-fin-j-avais-face-a-moi-des-gamins-de-maternelle/mngc!84AtTWqNRIFi/
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