Deux ans après l'immense succès d'Apocalypse, la 2e Guerre mondiale (17 millions de téléspectateurs en moyenne), Isabelle Clarke et Daniel Costelle se lancent, toujours sur France 2, dans le récit de la « résistible ascension » de Hitler, comme dirait Brecht. Deux films documentaires de 54 minutes (La Menace, suivi du Führer), diffusés ce soir l'un après l'autre, qui s'inscrivent dans la continuité d'Apocalypse, la 2e Guerre mondiale dans les méthodes de travail comme dans le traitement.
Douze « recherchistes » internationaux (français, allemands, anglo-saxons, tchèque et italien) ont collecté des images d'époque, dont 30 % d'inédites, des photos et des journaux pendant un an dans une centaine de cinémathèques et de fonds privés du monde entier. Comme pour le premier volet, les réalisateurs ont voulu restituer aux images d'archives leurs couleurs d'origine.
« Le noir et blanc reste une amputation de l'image originelle, estime Daniel Costelle. Nous avons à l'heure actuelle les moyens techniques et scientifiques pour analyser une image noir et blanc et retrouver les couleurs présentes au moment de la prise de vue. » De même les documents ont-ils été resonorisés.
Les nombreuses archives inédites comme les films tournés par la maîtresse de Hitler, Eva Braun, donnent une vision du chef nazi différente ; on découvre - et l'impression est parfois dérangeante - un Hitler plus « humain » que celui que l'on voit habituellement, silhouette lointaine vociférant.
Surtout, on commence l'histoire du monstre bien avant 1934, à sa naissance en 1889 dans la bourgade autrichienne de Braunau am Inn, d'un agent des douanes et de sa jeune cousine. On a un aperçu de ses jeunes années qui forgent son caractère et son ambition politique.
L'idée étant de répondre à la question qui hantait Clarke et Costelle après le premier volet d'Apocalypse : « Comment cet Autrichien venu de nulle part a-t-il réussi à conquérir l'Allemagne ? Sur quel terreau a-t-il semé la haine et la violence ? » Parmi les explications, les auteurs d'Apocalypse retiennent la crise économique qui frappe une Allemagne à genoux et qui, selon eux, n'est pas sans rappeler celle que traverse l'Europe aujourd'hui. Ils mettent aussi en exergue les talents de communicant et de propagandiste de Hitler et de ses sbires.
Étonnantes images que celles de la campagne électorale où l'on voit le futur dictateur, coiffé d'un casque en cuir, sillonner le pays en avion - une première en Europe - à la rencontre de ses électeurs. Effrayantes vues de ces retraites aux flambeaux avec les SS et les SA devant des foules fanatiques.
Tout cela est passionnant, à l'exception des commentaires incessants de Mathieu Kassovitz et du ton parfois inutilement mélodramatique (on sait toute l'horreur de l'époque). D'autres volets d'Apocalypse sont en préparation pour France 2. Isabelle Clarke et Daniel Costelle vont remonter le temps pour raconter la Première Guerre mondiale (diffusion prévue en 2014) et la guerre froide.
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